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zone industrielle (ZI) d’Anza Agadir Silence on pollue !

  zone industrielle (ZI) d’Anza Agadir Silence on pollue !

Anza, cité dortoir au nord d’Agadir, présente tous les ingrédients d’une catastrophe écologique. Enquête.Il fait un temps mal propre, le ciel encrassé lâche une lumière chiche et grise, flattant le béton des murs. Nous sommes à la zone industrielle (ZI) d’Anza, quartier au nord d’Agadir et un des points noirs environnementaux de la capitale du Souss. Rachid Fassih est président de l’association Paysages. Depuis 2009, il se bat pour améliorer la situation environnement dans sa ville. Pour nous montrer l’ampleur de dégâts environnementaux, ce militant écologiste nous donne rendez-vous en bord de mer. Rachid pointe du doigt les effluents des industries. Ces unités déversent directement sur le littoral ces rejets. « L’équilibre écologique de ce site a été déstabilisé. L’environnement aquatique est contaminé, le sable a été souillé de particules et l’eau est impropre à la baignade », décrit-il. Son association dénonce « une catastrophe écologique » à Anza. Air, mer et terre.La ZI d’Anza a été édifiée dans les années 40. Elle n’a pas été équipée par des installations pour protéger le littoral. Soixante dix ans après cette situation n’a pas changé. Entre temps, Anza est devenue une cité dortoir. Hay Al Amal et Al Wahda accueillent les ouvriers des unités industriels. Au départ, l’habitat était anarchique. Le réseau d’assainissement n’a pas été prévu pour cette population. Les habitants cohabitent avec les odeurs nauséabondes dégagées par les usines de farine de poisson, de savon, les huileries et diverses industries agroalimentaires. Adil et sa bande d’amis tiennent les murs en bas de leurs maisons. Ce jeune vit en face d’une des unités polluantes de la zone. Adil nous explique le modus vivendi des riverains pour fuir l’air empesté de la zone : « On vit caché. On se mure chez nous ». Pour éviter les protestations des habitants, les usines préfèrent fonctionner à plein régime la nuit. « Le soir l’air est irrespirable. Si, on laisse le linge séché, il devient noir à cause de la fumée », décrit un autre habitant du quartier. La pollution de l’air atteint des taux alarmants. « Anza est à cet effet édifiant. Les rejets directs des eaux usées industrielles dans le littoral, et les émissions dans l’air de fumées non filtrés, constituent des cas avérés d’atteinte à l’environnement », constate la Ville d’Agadir dans le Plan communal de développement (PCD). La situation est telle que la Wilaya de la région a mis en place son propre un réseau de mesure de la pollution de l’air. Les sites industriels visés par la surveillance sont les usines de production de farines de poisson, une usine de production d’huile alimentaire et de café et le port de pêche. Les autorités locales refusent toujours de délivrer les résultats de ces surveillances. Halima, 70 ans, a passé une bonne partie de sa vie dans ce quartier, son enfant de 17 ans en paye le prix. « Mon fils souffre de problèmes d’allergiques très grave. A chaque crise, je suis obligé de le ramener à l’hôpital pour utiliser la respiration artificielle », pleure-t-elle. Cette pollution est responsable d’allergies respiratoires, de rhinites allergiques, asthmes et autres pneumopathies chroniques parmi les habitants. Si l’air est irrespirable, la qualité de l’eau n’est pas meilleure. Le rapport 2012-2013 de la surveillance de la qualité des eaux de la baignade, publié par les départements de l’Equipement et de l’Environnement confirme le sale état de la plage d’Anza. « Le réseau d’assainissement de la zone nord d’Agadir est caractérisé par de multiples rejets directs au niveau de la plage des quartiers d’Anza, à l’état brut sans traitement ».

Précisément, il s’agit de 13 rejets industriels et un du port, en plus de deux rejets principaux du centre urbain et un de la zone industrielle. Cette pollution équivaut à celui produite par 400 000 habitants. Résultat : la plage est interdite à la baignade depuis des décennies. Des études réalisées récemment révèlent des résultats inquiétants.

La vie sous ammoniaque

Les chercheurs Mohammed Benyakhlef, Saîd Naji, Driss Belghyti et Youssef El Guamri ont mené en 2011 des études approfondies sur les caractéristiques physico-chimiques des eaux usées industrielles du grand Agadir. Ces universitaires, issus du Laboratoire d’environnement et energies renouvelables de l’Université Ibn Tofail à Kenitra et de l’Ecole Mohammadia des ingénieurs (EMI), ont analysé les rejets d’une huilerie à Anza. Les conclusions des chercheurs sont alarmantes : « Les résultats obtenus ont montrés que les rejets sont fortement chargés en matières organiques biodégradables, un taux de matières en suspension, phosphore total et hydrocarbures totaux très élevé. Ainsi que la conductivité et la température qui dépassent bien les valeurs autorisées ».

Les habitants d’Anza ne sont pas au bout de leurs peines avec les industries. La vétusté de l’outil industriel constitue un danger pour la population de ce quartier. Le 18 septembre 2013, une fuite d’ammoniaque de l’unité frigorifique Compléma a failli tourner au désastre. Les émanations de ce gaz toxique ont causé l’asphyxie de plusieurs ouvriers. « Une chance que la fuite est survenue de nuit, sinon ça aurait été la catastrophe », se rappelle Fassih, qui s’est déplacé sur les lieux. Et d’ajouter : « L’usine ne dispose pas de système de sécurité. La direction s’est engagée à remettre les choses dans l’ordre ». Trois mois après ce grave incident, Mohamed Fenaoui, le directeur de cette unité nous assure « qu’un investissement de 150 000 DH a été engagé pour installer des détecteurs de gaz et pour changer la tuyauterie». Face à cette situation, les plans et les projets se sont multipliés sans trop changer cette triste réalité.

Les industriels rechignent à payer Le 31 mars 2011, l’usine de cimenterie, une des principales sources de pollution à Anza arrête son activité. « La situation s’est sensiblement améliorée depuis la fermeture de la cimenterie. Sauf que la pollution persiste et les gens en souffrent en silence », regrette Samir, jeune habitant du quartier. D’autres industriels déménagent vers les nouvelles ZI d’Agadir à Ait Melloul ou au Haliopolis. Les activités agroalimentaires et des produits de la pêche qui ont préféré rester devaient investir dans un système de prétraitement des eaux usées. Sauf que ces industriels rechignent à mettre de l’argent dans tels infrastructures. Nous avons visité une de ces unités, une usine de semi-conserve spécialisée dans les anchois. Cette usine a été fondée en 1992, elle emploie 500 ouvriers permanents. Pour se conformer aux exigences de ces clients européens, la direction de l’usine est intraitable sur les normes de sécurité et d’hygiène. Les processus de production n’ont pas intégré la donne environnementale. Les eaux usés sont rejetés directement dans le réseau d’assainissement domestique ce qui porte préjudice aux installations. Aucun système de recyclage n’est prévu et les rejets de l’usine se font directement sur le littoral. Alfonso Orlodo est le directeur de cette unité: « Le secteur traverse une période très difficile. En ce moment, on ne peut pas mettre de l’argent dans un investissement lourd», avance-t-il. Même son de cloche de Mohammed Jabri, président de l’Association marocaine de Semi-conserves de poisson : « Les nouvelles unités prennent en compte ces nouvelles exigences. Dans le cas des usines anciennes, les patrons ne sont pas toujours prêts à investir dans la mise en conformité environnementale ». Si, les industriels rechignent toujours à moderniser leurs outils de production, les pouvoirs publics à Agadir tergiversent pour dépolluer Anza..L’Etat hésite à dépolluer Un des signes de cette hésitation, l’indécision sur la vocation future de la commune d’Anza. Zone industrielle, d’habitation ou touristique ? « Personne ne le sait vraiment. C’est d’ailleurs l’argument des industriels pour refuser d’investir dans des stations de prétraitement », nous confie une source à la Régie autonome multi-services d’Agadir (RAMSA). L’autre signe d’hésitation c’est le bilan timide de l’Observatoire régional de l’environnement et du développement durable (OREDD), lancé en 2010. Cette structure innovante, prévue dans le cadre de la Charte de l’environnent, ne dispose pas des moyens de ses ambitions. Faute d’implication des acteurs locaux, une étude globale sur la situation environnementale dans la région du Souss est en retard par rapport au planning de départ. « Ces hésitations traduisent un manque de volonté politique. Les autorités locales sont prises en tenaille entre la rentabilité économique des unités polluantes et leur rôle dans la création de l’emploi et le souci environnemental. L’environnement passe au second plan », observe un responsable de la Région du Souss Massa Draâ. La station de traitement primaire d’Anza en cours de réalisation par la RAMSA est un des projets concrets pour réduire les rejets à Anza. Sa mise en marche prévue au départ à la fin 2013, a été reportée pour mai prochain. Ce projet prévoit également de réaliser un système de rejet en mer par émissaire de longueur de 2,5 km. Cet investissement de 1,2 milliard de DH va permettre « de dépolluer le littoral et l’amélioration de la qualité des eaux de baignade des plages d’Agadir pour les rendre conformes à la catégorie A de la législation marocaine afin d’assurer la durabilité du secteur touristique à vocation balnéaire », prévoit Abdelhak Idmansour, ingénieur, chef de projet à la RAMSSA. Et d’avertir : « Ce projet doit s’accompagner d’efforts de la part des industriels ». L’équipe de chercheurs de l’EMI et de l’Université Ibn Tofeil vont plus loin : « Envisager la réalisation d’une installation de traitement des eaux dans les conditions actuelles serait d’autant plus déraisonnable que des économies importantes peuvent être trouvées à tous les niveaux de la production ». A bon entendeur.

Les eaux usées d’une huilerie à anza

Consommation en eau

3m3 par tonne à Anza / 0,5 m3 dans une usine de technologie proprem

Demande chimique en oxygène

Entre 9600 et 40 128 mg d’O2/la norme 500 mg d’O2/l

Demande biochimique en oxygène

Dépasse de 42 à 138 fois la norme autorisée d’un rejet direct

Matières organiques ou minérales rejetées en mer

Moyenne de 4 710 mg /l La norme : 50 mg /l

SOURCE WEB Par Salaheddine Lemaizi   L’Observateur iNFO

le 3 février 2014.

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