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Ouidad Tebbaa Doyenne de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Marrakech C’est dans la synergie entre l’université et son environnement que réside l’enjeu des proch

Ouidad Tebbaa   Doyenne de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Marrakech C’est dans la synergie entre l’université et son environnement que réside l’enjeu des proch

Libé : Pouvez-vous nous résumer en quelques mots votre stratégie pour  la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Cadi Ayyad?

Ouidad Tebbaa : La stratégie de  la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Cadi Ayyad ne peut bien sûr se dissocier de celle de l’Université dans son ensemble…Elle se décline en plusieurs axes, tous prioritaires, qui font de cet établissement et des champs disciplinaires qui sont les siens, un enjeu majeur pour notre université. Ces axes consistent, en premier lieu, à répondre au flux toujours croissant des étudiants (la Faculté accueille plus de 5000  nouveaux étudiants en moyenne chaque année) en améliorant de manière sensible la capacité d’accueil et cette réponse à la massification ne peut être seulement une réponse quantitative (plus de salles de cours et d’amphithéâtres), elle doit aussi être qualitative.

En second lieu, nous devons améliorer le taux d’encadrement en réduisant ainsi la pression qui s’exerce sur les enseignants du fait du nombre croissant d’étudiants qu’ils accueillent.

Il nous faut également enrichir l’offre de formation en proposant aux étudiants une carte de formation à la fois riche et diversifiée (licences et masters professionnels orientés sur les besoins du monde socioéconomique : maîtrise des langues étrangères, tourisme, ingénierie territoriale, etc).

Nous devons aussi promouvoir la recherche sachant que certains axes de recherche portés par nos équipes et laboratoires dans cette Faculté sont stratégiques pour le développement socio-économique de la région : la question du tourisme, de la valorisation du patrimoine, la régionalisation et la question de la gestion territoriale, l’eau et l’environnement, etc.

Il nous faut, enfin, participer,  enrichir et dynamiser la vie culturelle au sein de l’université et de la ville dans son ensemble, par des activités dignes d’elles : Salon du livre, expositions, conférences, etc.

 

Quelles ont été les réalisations notables durant ces quatre dernières années ? 

Les réalisations durant ces quatre années où j’ai été à la tête de cet établissement sont multiples, car ce furent des années riches en chantiers divers. Nous avons pu ainsi améliorer  la capacité d’accueil. Un réaménagement de l’ancienne bibliothèque de la Faculté d’une surface de 1200 m2 et l’agrandissement des salles existantes nous ont permis d’augmenter de manière significative le nombre de places et par là, la capacité d’accueil de l’établissement.

Nous avons doté la Faculté d’une nouvelle salle de conférences, d’un nouvel espace pour les enseignants (salle de repos, cafétéria, salle de réunion, etc).

Nous avons également construit et aménagé un riyad dédié à la culture et aux activités artistiques et théâtrales, doté la Faculté d’un système de signalétique, réaménagé tout l’environnement de la Faculté en allées plantées et amélioré sa sécurité par la construction ou le réaménagement de tout son mur d’enceinte, 

Outre le fait d’avoir doté la Faculté d’une cartothèque digne de ce nom en cours d’aménagement, nous avons installé la Bibliothèque dans ses nouveaux locaux et nous l’avons équipée d’un système de libre accès aux ouvrages et aménagé le Centre d’études doctorales et l’équiper ainsi que les bureaux des enseignants. 

Quels sont les partenariats que la Faculté des lettres et des sciences a pu engager ces dernières années? 

Un établissement universitaire ne peut rayonner et vivre pleinement sans ses partenariats et ses projets de recherche.

Avec ses 18 équipes de recherche et ses 7 laboratoires, la Faculté des lettres et des sciences humaines de Marrakech apporte aujourd’hui une contribution importante au développement de sa région en portant des thématiques de recherche cruciales pour elle : le tourisme et plus particulièrement le tourisme durable, la valorisation du patrimoine et des produits du terroir notamment dans les arrières pays de Marrakech, la question de l’eau et de l’environnement, la question des mobilités urbaines dont l’Université Cadi Ayyad a fait l’un de ses axes stratégiques, entre autres.

Pour cela, des partenariats privilégiés ont été engagés notamment avec le ministère du Tourisme et de l’Agriculture, les associations avec en particulier l’une des plus éminentes d’entre elles, le Conseil régional du tourisme, la Fondation des festivals, etc. Des conventions ont été signées et des projets sont en cours avec de nombreuses universités françaises, espagnoles, portugaises, belges, italiennes ou allemandes.

L’un des projets les plus significatifs est aujourd’hui un Laboratoire mixte international en collaboration avec l’IRD  (France) et l’Université Mohammed V-Agdal de Rabat qui nous permet, grâce aux regroupements d’équipes de recherche d’excellence franco-marocaines, de décrocher des financements de près d’un million d’euros (Projet ANR) pour travailler sur le développement et la valorisation des arrières pays …Il y a également OTMA (Observatoire des transformations dans le monde arabe) avec ses équipes pluridisciplinaires provenant à la fois du monde arabe mais aussi de grandes institutions de recherche en France et ailleurs. 
 

Quelles difficultés rencontrez-vous dans la gestion d’un tel établissement ? 

Les difficultés sont liées bien sûr à la taille de l’établissement et au flux croissant de ses étudiants. Nous sommes avec la Faculté des sciences économiques et Juridiques, les deux principaux établissements de l’Université Cadi Ayyad en nombre d’étudiants. Nous représentons (Faculté de droit et Faculté des lettres confondues) largement plus de la moitié des effectifs d’étudiants de notre université ! 

Nous sommes de surcroît, faut-il  le rappeler, un établissement à accès ouvert. Cela génère inévitablement un déficit de locaux d’enseignement mais aussi un problème de taux d’encadrement ! Mais cet afflux d’étudiants est aussi une chance pour le Maroc et un défi à relever…De plus en plus de jeunes accèdent à l’Université et nous nous devons de les accueillir comme il se doit ! 

 

Quelles sont les perspectives dans un futur plus ou moins proche? 

Les défis à relever sont énormes. Ils tiennent en quelques mots :

-Faire de la Faculté des lettres et sciences humaines un lieu d’innovation pédagogique, d’excellence en terme de formation et non simplement un établissement d’accueil de ceux qui n’ont pu accéder aux établissements à accès régulé !  La Faculté des lettres de Marrakech doit devenir un choix pour le bachelier et une chance pour lui et non un lieu dont il s’accommode faute de mieux ! 

Pour cela, il nous faut augmenter encore et améliorer notre offre de formation en la professionnalisant toujours plus…Cela ne peut se faire si en amont, on n’a pas amélioré la question du taux d’encadrement en réduisant la pression exercée sur certaines  filières comme celle de l’anglais par exemple très demandée, de la géographie également ou de la sociologie…

Il nous faudra doter notre Faculté de laboratoires de langue, soutenir les étudiants dans la maîtrise des langues étrangères, nous ouvrir toujours plus à l’international, renforcer  et consolider les trois revues  à comité de lecture qui ont été créées et dont chacune regroupe des champs disciplinaires spécifiques. Sans parler des doubles diplomations avec les universités étrangères, des cotutelles en doctorat…

Le dialogue avec le milieu socioprofessionnel et les collectivités locales et régionales est également incontournable, car il est le garant de l’insertion professionnelle future de nos jeunes…

En fait, c’est dans la synergie entre l’Université et son environnement que réside l’enjeu de ces prochaines années. 

Quid de la Fac des lettres de Marrakech ?

 

La Faculté des lettres et des sciences humaines de Marrakech a été créée le 8 mai 1978, dans le sillage de la Faculté des sciences Semlalia et de la Faculté des sciences économiques, juridiques et sociales.

En septembre 1979, l’établissement a accueilli ses premières cohortes d’étudiants respectivement inscrits dans les départements de langue et littérature arabes et de langue et littérature françaises.

Durant les années qui ont suivi, d’autres départements ont vu le jour et, durant l’année universitaire 2003-2004, la Faculté s’est engagée dans la réforme universitaire (LMD),  avec la création de plusieurs filières fondamentales. 

L’adéquation entre la formation  et l’emploi, un objectif majeur

 

Depuis plus de trois décennies, la Faculté des lettres et des sciences humaines de Marrakech s’est imposée comme l’un des établissements majeurs de l’Université Cadi Ayyad.

Riche de ses ressources humaines, enseignants chercheurs et personnel administratif, qui encadrent plus d’une dizaine de milliers d’étudiants, elle s’enorgueillit de la diversité de ses filières d’enseignement, du dynamisme croissant de ses chercheurs, et surtout de la création de plusieurs formations d’excellence, qui attestent de sa volonté de participer pleinement au développement socio-économique de sa région.

En effet, depuis déjà un certain nombre d’années,  cette  Faculté n’a eu de cesse de s’interroger sur l’adéquation formation-emploi et de se préoccuper de l’insertion de ses lauréats sur le marché du travail. Beaucoup d’efforts ont été déployés dans ce sens, notamment à travers l’augmentation croissante de l’offre de formation professionnelle. C’est dans ce contexte que furent créées huit licences professionnelles  liées à des domaines divers : métiers du social, tourisme, valorisation du patrimoine, études cinématographiques et  audiovisuelles… Les masters professionnels qu’elle propose, de différentes langues, touchent à diverses disciplines : de la géographie, aux métiers de la culture, de la communication au tourisme, sans compter les filières professionnelles d’enseignement. La recherche n’est pas en reste : le Centre d’études doctorales de la Faculté, accrédité en 2007-2008, abrite  plusieurs formations telles les études linguistiques et critiques, le tourisme, le patrimoine et  la gestion territoriale, la  philosophie des sciences dans l’Occident musulman, etc.

En outre, avec près d’une trentaine de structures de recherche, la Faculté connaît un souffle nouveau qui s’exprime à travers des publications nombreuses qui touchent tout autant à la recherche, la traduction qu’à la création littéraire dans ses multiples formes : roman, recueil poétique, etc.

Consciente de la nécessité de l’ouverture à l’international, elle a également noué des partenariats avec de multiples institutions à travers le monde.

Mais ce qui attend cette Faculté est sans commune mesure avec ce qui vient d’être décrit. Il lui reste à parfaire l’action de modernisation de ses structures universitaires, de sa pédagogie, de son management. Il lui reste aussi à poursuivre sans relâche l’effort engagé depuis des années, en vue de réduire l’écart entre sa carte de formation et les besoins spécifiques du monde socio-économique; à établir des ponts toujours plus grands entre le niveau secondaire et le niveau supérieur de l’enseignement, à décloisonner les disciplines, en s’ouvrant toujours plus aux nouvelles technologies.

23 Juin 2014

SOURCE WEB  par A.Sijilmassi Libération

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