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Les camping cars désertent le Maroc

Les camping cars désertent le Maroc

 Plus que la situation internationale, c’est l'absence de structures d’accueil adaptées qui est en cause. Un manque à gagner pour le pays.
Plusieurs sources professionnelles avancent que les touristes motorisés dans les campings du royaume sont de moins en moins nombreux. Ainsi, il suffit de constater que les convois de ces véhicules touristiques se font de plus en plus rares sur les autoroutes et routes marocaines.
Contacté par Médias 24, un organisateur français de voyages vers le Maroc a constaté qu’en 2013, il y avait dans la ville de Sidi Ifni entre 400 et 500 véhicules de camping et que l’année suivante, ils n’étaient plus que quelques dizaines.
Même s’il ne cache pas que cette situation est due en partie, à l’effet Quai d’Orsay ou Dae'ch, il avance que cette désaffection s’explique surtout par des problèmes structurels.
«Vous savez ce que l'on dit des campings marocains : ce sont des endroits sécurisés mais sans plus. Il ne faut surtout pas fréquenter leurs sanitaires, il n’y a pas de point de vidange pour les WC des véhicules, pas de bornes électriques pour recharger les batteries, les informations touristiques manquent et l’organisation est déplorable. Sans compter que certains voyageurs sont même invités à effectuer les vidanges d’eaux usées dans des mares extérieures malodorantes».
L’état des petites routes, «presque impraticables depuis plusieurs années», n’encouragent pas non plus les amateurs de randonnées à la recherche de coins perdus. Le prix élevé des navettes maritimes entre l’Espagne et le Maroc freine aussi les velléités de découvrir en camping-car le Maroc.
Tout cela combiné constitue de véritables repoussoirs alors qu’il suffirait d’un travail de fond des autorités qui ne nécessite pas de gros investissements.
Pour œuvrer dans ce sens, une fédération marocaine de l’hôtellerie de plein air a vu le jour il y a 2 ans. Elle regroupe seulement 36 adhérents et attend toujours de se réunir avec le ministère du Tourisme pour lui soumettre des pistes de développement.
De nombreux camping montés par des européens s‘installent et essayent de remonter le niveau. Un Français impliqué nous déclare cependant que les entrepreneurs des campings ne sont pas aidés dans leurs projets et réalisations car les difficultés administratives sont lourdes et souvent approximatives.
«Les communes laissent allègrement les campings car s’installer sur les parking moyennant une somme d’argent sans tenir compte des structures existantes fiscalisées et souvent à moitié remplies. Même si certains campings sont bien fait, leur accès bancale par une piste est souvent rédhibitoire pour les clients car jusqu’à présents les communes ne veulent pas l’entretenir. Pour le Maroc, les campings n’existent pas car le pays mise surtout sur la construction hôtelière de luxe, sur les riads et les maisons d’hôte. Les faux campings comme les terrains sauvages transformés obligent les structures conformes à baisser leurs prix et à ne pas investir davantage».
Un pigiste français du plus important mensuel «Camping car magazine» consacré à ce type de tourisme, tient à tempérer les propos de son collègue. S’il confirme que les campings sauvages rabaissent l’image de ce mode de voyage et qu’ils n’apportent aucune devise au Maroc, il affirme qu’il s’est créé depuis 4 ans des campings de très bonne qualité dans la région du Sud.
Il avance que certains d’entre eux répondent aux normes internationales et que certains de leurs aménagement sont même supérieurs à ceux des campings européens.
«Il existe maintenant au Maroc, une cinquantaine d’établissements qui mériteraient 3 ou 4 étoiles voire plus. Une vingtaine d’entre eux est d’ailleurs recommandée (plus haute distinction) dans notre guide qui est la référence absolue des voyageurs en camping-car».
«Un grand gâchis»
Interrogés par Médias 24, des opérateurs résument la situation actuelle en trois mots : «Un grand gâchis. Partout ailleurs, des structures sont prévues pour accueillir ces voyageurs mais au Maroc, ni le ministère du Tourisme, ni les conseils municipaux ne se donnent la peine de contenter ce marché de niche».
Ces voyageurs souvent retraités ont pourtant un fort pouvoir d’achat et contrairement aux touristes classiques sillonnent le royaume pendant de plusieurs mois.
Selon un professionnel du secteur, le ministère du Tourisme et ses délégations régionales restent sourds aux suggestions des centres régionaux de tourisme (CRT) qui n’arrêtent pas de tirer la sonnette d’alarme en réclamant une politique innovante basée sur des investissements conséquents.
«Aucune stratégie n’est prévue pour les accueillir ou les recenser et encore moins dans le cadre de la Vision 2020 alors qu’ils constituent une manne financière non négligeable. La preuve : il n’existe aucune statistique pour savoir quel est leur poids économique dans l’industrie du tourisme. Le manque de structures d’accueil fait qu’ils se voient souvent obligés de faire du camping sauvage avec tous les manques à gagner que cela entraine, sans compter la pollution engendrée».
En effet, les infrastructures censées accueillir les milliers de camping-cars qui viennent chaque année au Maroc datent des années 1960 et s’apparentent au mieux à des camps de scouts.
Un cadre du ministère du Tourisme convient que son département accorde trop peu d’intérêt à ce segment de clientèle mais affirme que le problème d’offre se situe du côté des autorités locales.
Les communes devraient s’intéresser à ces touristes pas comme les autres
«Ce sont les villes qui sont responsables de l’état de délabrement des camping voire de leur inexistence».
Un important opérateur touristique d’une ville traversée par ces convois de camping-cars confirme le fait que les conseils municipaux se désintéressent totalement de cette clientèle.
«Il n’y a rien pour ces voyageurs, les élus ne veulent ni créer de nouveaux espaces dédiés, ni rénover les vieux campings aux normes internationales ; au final, ces touristes ne payeront pas de taxes, saliront et surtout ne reviendront pas chez nous».
Partout dans le monde, ce type de tourisme a le vent en poupe et génère de gros bénéfices. Malgré cela, le Maroc reste insensible aux sirènes des milliers de voyageurs accros au nomadisme alors que ses paysages pourraient faire les délices des touristes itinérants.
D’année en année, le créneau marocain de l’hôtellerie de plein air multiplie les manques à gagner malgré un potentiel extraordinaire de montagnes, déserts, oasis, parcs naturels et de plages.
Déçus, ces voyageurs se rabattent vers d’autres destinations comme l’Espagne qui ont compris l’attrait lucratif d’un tel marché en offrant une panoplie de services rassurants à des prix compétitifs.
L’effort structurel des destinations concurrentes est tel que dans certains pays européens, ces espaces sont même classés en étoiles ou en catégories par les autorités. Hormis la location d’espaces dédiés à ce type de voyageurs, certains centres de villégiature proposent même de les vendre comme des résidences secondaires.
Tous nos interlocuteurs s’accordent à dire qu’il faut une véritable impulsion politique car le Maroc dispose de tous les avantages pour attirer ces touristes pas comme les autres.
Tout reste à faire pour générer des recettes touristiques qui profitent à d’autres pays plus réactifs.
6 Mars 2015
SOURCE WEB Par Medias24

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