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Tourisme Une débâcle orchestrée

Tourisme Une débâcle orchestrée

Le budget de la promotion réduit en temps de crise
Le secteur n’est plus une priorité pour le gouvernement

L’heure est grave! L’on parle de naufrage dans le tourisme. Le bilan qui vient d’être dressé au 2e forum de la CNT  fait état d’une hémorragie sur  plusieurs marchés émetteurs. Les nuitées opérées par les TES (touristes étrangers) ont chuté de 13,5% à fin octobre même si les institutionnels préfèrent parler des arrivées aux postes frontières qui incluent tous les voyageurs, y compris les allers et retour des résidents marocains et des MRE.  Les dernières actualisations font état d’une poursuite de la baisse des nuitées qui ont reculé de 22 sur le marché français, l’Italie (-38%), la Belgique (-20%) et l’Espagne (-16%) par rapport à l’an dernier. Mais la comparaison doit remonter à plus loin pour analyser l’évolution.  Par rapport à 2010, année de référence, le marché espagnol a chuté de 34%. Pareil  pour la France alors que le marché italien a perdu plus de 50% de ses nuitées. Sur la même période, la Grande Bretagne, l’Allemagne, les pays arabes et les résidents  ont connu des hausses. C’est ce qui a permis d’atténuer les baisses à -13, 5%.

Ce sont Ouarzazate, Essaouira et Agadir qui souffrent le plus avec des baisses respectives de 30, 15 et 9% des nuitées et des taux moyens d’occupation de 21%. Pire, les réservations pour 2016 sont catastrophiques et plusieurs TO réduisent la voilure ou annoncent leur retrait. C’est le cas de Thomas Cook ou encore le TO irlandais Sunway qui supprime Agadir… De quoi alarmer les opérateurs qui tirent la sonnette d’alarme. «Malheureusement, nous n’avons jamais été écouté», regrette Lahcen Zelmat, président de l’industrie hôtelière. Aujourd’hui, cette hémorragie  peut avoir un impact négatif sur le climat social. Dans les hôtels, le personnel saisonnier a déjà été remercié. Bientôt, ce sont les salariés permanents qui seront les victimes de cette crise. Les guides sont au chômage technique. Les voyagistes ne sont pas épargnés non plus et les agences menacées de fermeture. Secoués en 2013 et en 2014 et durant toute l’année 2015 par des crises touristiques successives, les marges bénéficiaires se dégradent et les trésoreries s’essoufflent. Les banques se détournent du secteur et nous sommes très loin des années où la concertation public/privé était de mise, insiste Omar Kabbaj, membre de l’ANIT et président du CRT de Casablanca. «Il faut que le tourisme retrouve sa place prioritaire, comme c’était le cas de 2003 à 2008» Pour les membres de la CNT, le contexte est extrêmement difficile pour les entreprises touristiques et pour une vraie sortie de crise, il faut des moyens et des outils. Mais ce qu’il faut surtout, c’est que le tourisme devienne une priorité pour le gouvernement. «Dans ce contexte de crise qui frappe toutes les destinations, nous sommes le seul pays qui réduit son budget de promotion dans un secteur qui emploie pourtant 500.000 salariés», s’indigne Zelmat. Des promesses avaient été faites par le chef du gouvernement pour augmenter le budget de la promotion à 1 milliard de DH ont été sans suite. A noter que l’organisation mondiale du tourisme recommande de réserver à la promotion une contribution variant entre 1,5 et 3% des recettes. Le budget affecté à l’ONMT a été plutôt réduit à 300 millions de DH alors que le secteur réalise 60 milliards de DH de recettes en devises. De même que le nouveau bureau de la CNT avait bien négocié un contrat progrès pour le secteur qui est resté lettre morte. «Nous n’avons pas peut-être  communiqué suffisamment sur les difficultés, reconnaît Kabbaj qui souhaite mobiliser les professionnels pour sortir le secteur de sa léthargie. C’était d’ailleurs l’objectif premier du 2e forum de la CNT.

Rupture d’approche

Dans ce tableau sombre, quelques éclaircies toutefois. Il y a ce gigantesque événement qu’est la COP 22 qui sera organisé en 2016 à Marrakech  et qui espère- t-on pourra réconcilier les Français avec la destination Maroc. A condition que l’on sache exploiter cette  symbolique (de Paris à Marrakech) et que les choix de l’ONMT associent les professionnels à la réflexion  de cette communication.

Le 14 Décembre 2015
SOURCE WEB Par L’économiste

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