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De Cannes aux écrans parisiens: Nabil Ayouch savoure le succès des \"Chevaux de d

De Cannes aux écrans parisiens: Nabil Ayouch savoure le succès des \"Chevaux de d

Dernière mise à jour : 21/02/2013 à 16:32 Le réalisateur marocain Nabil Ayouch dans les locaux du quotidien aufait. /aufait \"Une belle histoire\": C\'est ainsi que Nabil Ayouch qualifie le chemin remarquable parcouru jusqu\'ici par son film \"Les Chevaux de dieu\", programmé depuis mercredi dans les salles obscures en France. Depuis sa révélation l\'année dernière au festival international du cinéma de Cannes (sud de la France), cette adaptation au grand écran du roman de l\'écrivain Mahi Binebine \"Les Etoiles de Sidi Moumen\", inspirée librement des attentats terroristes de Casablanca en mai 2003, \"ce n\'est que du bonheur!\", le succès est au rendez-vous à chacune de ses projections à travers le monde. Aussi, a-t-elle raflé plus d\'une quinzaine de distinctions lors de différentes manifestations cinématographiques au rayonnement international, dont les dernières en date, les prix de la meilleure musique et de la meilleure image au 14è Festival national du film (FNF), tenu récemment à Tanger. \"On peut parler d\'une belle histoire. Elle a bien commencé avec la sélection du film en compétition officielle à Cannes (section \"Un Certain Regard) et le succès s\'est poursuivi depuis à travers le monde avec tous ces festivals et ces prix, on en est maintenant à 17 ou 18\", confie le réalisateur marocain dans un entretien à la MAP. Depuis Paris, il savoure la sortie française de son oeuvre, auréolée d\'ores et déjà par la critique hexagonale, après le succès rencontré précédemment au Maroc et en Belgique, où le film est projeté depuis les 6 et 13 février, respectivement. Heureux? Evidemment il l\'est. \"C\'est un projet que j\'ai porté depuis longtemps, c\'est un bébé que j\'ai eu dans mon ventre pendant plusieurs années\", relève le cinéaste marocain qui, sans doute par modestie, dit ne pas s\'être attendu à un tel succès pour ce film sur \"la condition humaine\", retraçant le parcours des auteurs des attentats tragiques de Casablanca, des jeunes égarés, tous issus du bidonville de Sidi Moumen, manipulés par des islamistes radicaux qui les ont poussé à se faire exploser, il y a bientôt dix ans, le 16 mai 2003. Ce succès, il l\'explique surtout par le fait qu\'il s\'agit d\'\"un film qui parle à tout le monde\", comme le montre d\'ailleurs la panoplie de prix qu\'il avait reçus, allant de prix jeune public et du public en général et à ceux de la critique. Autant de motifs de satisfaction car il \"très dur de faire un film qui plaise à la fois à la critique et au public\", souligne-t-il. Il est vrai que le moment qui l\'a le plus touché au cours de cette success story reste, à ses yeux, celui de sa première consécration à Cannes où il a reçu, en marge du festival, le Prix François Chalais du nom du grand reporter et critique de cinéma français. Les membres du jury de ce prix prestigieux saluaient alors le talent du réalisateur marocain qui, avec ce film \"courageux\", a su démonter, \"avec un art subtil de la peinture sociale, les méthodes d\'endoctrinement de certaines cellules islamistes qui prônent le djihad par le terrorisme: une des grandes menaces planétaire de ce 21e siècle\", tout l\'inscrivant \"dans ce printemps arabe qui a permis d\'élargir le champ de la liberté, dont Ayouch a su repousser les lignes\". Le réalisateur d\"Ali Zaoua\" avoue, néanmoins, avoir une considération particulière pour les prix jeune public, gagnés à Montpellier, à Namur ou encore à Rotterdam, car jamais il n\'aurait imaginé qu\'un public de 12 ans, en moyenne d\'âge, pouvait décerner un prix à son film. Quand il demandait à ces jeunes européens ce qui les intéressait dans cette histoire, a priori loin de leur réalité, ils répondaient qu\'au contraire ils se sentaient proches des jeunes kamikazes car ils auraient, eux aussi, pu naître dans un bidonville à côté de Casablanca et grandir dans les mêmes conditions de vulnérabilité à l\'origine de leur radicalisation, et ils ne savent pas ce qu\'ils auraient pu faire à leur place. \"C\'est fort comme témoignage! Cela veut dire que ces jeunes sont capables de les comprendre. Et pour moi c\'est à cela que ça sert le cinéma, à créer des liens!\", affirme le réalisateur. Il se dit ravi de voir le message qu\'il veut véhiculer à travers le film, passe auprès des Occidentaux qui, malgré le climat d\'islamophobie qui règne actuellement en Europe, arrivent bien à comprendre que le discours des radicaux n\'a rien à avoir avec l\'Islam et éviter tout amalgame avec le terrorisme, ce qu\'il considère comme l\'\"une des victoires\" de son oeuvre.- Le film, souligne-t-il, focalise plus l\'attention sur les origines du terrorisme à travers la vie menée par les kamikazes à Sidi Moumen, \"un micro-système\" représentatif, selon lui, \"de tous ces quartiers laissés à la marge du développement de la société, de tous ces quartiers dans lesquels on n\'a pas suffisamment injecté de liens, sociaux, culturels, identitaires, l\'éducation, l\'école\". \"Des jeunes qui se sentent quelque part oubliés et qui s\'expriment par la violence, sont du coup beaucoup plus perméables à la violence, et en tout cas à certaines idéologies. C\'est là-dessus qu\'on doit reprendre la main, Etat, société civile et citoyens, pour reconnecter ces deux parties de la population. Parce qu\'on est tous des citoyens marocains et là on est en train de parler du vivre ensemble\", soutient-il. Dans son adaptation du roman de Binbine, Nabil Ayouch a voulu rester le plus proche possible de l\'esprit de cette fiction qui apporte un nouveau regard sur les attentats terroristes de Casablanca, à travers l\'histoire des kamikazes, présentés eux-mêmes comme des victimes \"souvent occultées\" au vu de l\'atrocité de leurs actes. Pari gagné de l\'avis de l\'auteur du roman, Mahi Binbine qui suit de très près l\'aventure des \"Chevaux de dieu\". Il se dit satisfait du travail de Nabil Ayouch qui a su donner vie à ses personnages, joués avec brio par des non professionnels recrutés à Sidi Moumen, ce qui renforce le côté réaliste de l\'oeuvre, a-t-il dit à la MAP. S\'il a un conseil à donner à ceux qui ont déjà lu son roman: \"surtout ne pas chercher à comparer les scènes car le film de Nabil Ayouch est une oeuvre entière\". On y retrouve les mêmes personnages \"forts\", les mêmes noms, les mêmes lieux de déroulement des événements, avec \"toutefois un changement majeur\". Le cinéaste a dû abandonner la voix off, principale caractéristique du roman de Binebine dont l\'objectif est \"nullement d\'excuser les actes terroristes mais de les condamner\". Celui-ci est écrit à la première personne, le narrateur de la fiction étant mort. Cette démarche s\'apprête difficilement à une adaptation pour un film, selon Ayouch qui a pourtant gardé le jeune kamikaze Yachine comme personnage central du film avec comme fil conducteur, sa forte relation avec son frère Hamid, premier à être embrigadé pour commettre des actes terroristes. C\'est lui qui a entrainé par la suite Yachine et ses amis sur la voie du terrorisme. Yachine avait 10 ans au début de l\'intrigue. Il vivait avec sa famille dans le bidonville périphérique de la métropole de Casablanca, Sidi Moumen. Sa mère, Yemma, dirige comme elle peut la famille qui compte également un père dépressif, un frère à l\'armée, un autre presque autiste, en plus de Hamid, 13 ans, à l\'époque petit caïd du quartier et protecteur de Yachine. Puis Hamid se retrouve en prison, Yachine enchaîne alors les petits boulots pour sortir de ce marasme où règnent violence, misère et drogue. A sa sortie de prison, Hamid a changé. Devenu islamiste radical pendant son incarcération, il persuade Yachine et ses amis de rejoindre leurs \"frères\". L\'Imam Abou Zoubeir, chef spirituel, entame alors avec eux une longue préparation physique et mentale, jusqu\'au jour où il leur annonce qu\'ils ont été choisis pour devenir des \"martyrs\"... Né à Paris en 1969, Nabil Ayouch compte à son actif plusieurs oeuvres cinématographiques au rayonnement international reconnu, dont \"My Land\", un film documentaire sur le conflit israélo-palestinien très salué par les critiques, déjà sorti en France l\'année dernière. Cette oeuvre a également eu un parcours remarqué, projetée dans plusieurs festivals internationaux, et primée notamment au Festival national de Tanger 2011 du prix du montage et du prix de la meilleure musique. Nabil Ayouch compte aussi d\'autres films largement primés à travers le monde dans divers festivals et vendus dans de nombreux pays. \"Mektoub\" et \"Ali Zaoua\" avaient représenté le Maroc aux Oscars en 1998 et 2001. SOURCE WEB Par MAP Tags : Nabil Ayouch-My Land- Festival national de Tanger 2011- du prix du montage et du prix de la meilleure musique-Mektoub-Ali Zaoua-Oscars en 1998 et 2001-Sidi Moumen- auteur du roman, Mahi Binbine-Chevaux de dieu-