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DOCUMENT DE STRATÉGIE 2007 – 2013

DOCUMENT DE STRATÉGIE 2007 – 2013



Le Royaume du Maroc est un partenaire privilégié de l’Union Européenne (UE). L’UE constitue le premier marché pour les exportations du Maroc; elle est aussi le premier investisseur extérieur public et privé du Royaume, ainsi que son premier marché touristique. En outre, le Maroc contribue à la sécurité d’approvisionnement de l’énergie de l’UE en tant que pays stratégique de transit pour le gaz algérien et exportateur d’électricité vers l’Espagne. Les échanges humains ne cessent de se multiplier: l’UE constitue la première destination des travailleurs migrants marocains et un nombre croissant d’européens choisissent le Maroc comme lieu de villégiature, voire de résidence. Les échanges professionnels connaissent également une augmentation continue.L’Accord d’association, entré en vigueur le 1er mars 2000, constitue le cadre juridique des relations entre l’Union européenne et le Maroc. Outre la mise en place graduelle d’une zone de libre échange, il prévoit de nombreux domaines de coopération en matière politique, économique, sociale, scientifique et culturelle. Depuis 2004, et en complément au processus de coopération euro-méditerranéen lancé à Barcelone en 1995, l’Union européenne a mis en place la Politique Européenne de Voisinage (PEV) qui établit un nouveau cadre de relations entre l’Union européenne et ses voisins de la Méditerranée du Sud. La PEV prend acte de l'interdépendance croissante entre l'Union Européenne (UE) et ses voisins en termes de stabilité, de sécurité et de développement durable. Sur la base de valeurs communes, la PEV vise à l’approfondissement du partenariat afin de mettre en œuvre les réformes nécessaires à la création d’un espace de prospérité et de stabilité. Dans ce nouveau contexte, le Maroc a fait partie des premiers pays de la Méditerranée à signer un Plan d’Action Voisinage avec l’UE. Une meilleure gouvernance, une promotion effective de la démocratie et du respect des droits de l'Homme constituent des objectifs essentiels dans la politique extérieure de l'Union Européenne. A ce titre, le Royaume du Maroc partage pleinement cette vision politique d’ensemble, vision qui soulève de nouveaux défis politiques, économiques, sociaux, voire culturels. Le Maroc poursuit un processus de démocratisation et de consolidation de l’Etat de Droit, considéré comme le plus avancé dans la zone. Néanmoins, la croissance économique reste encore trop faible pour réduire simultanément le chômage et la pauvreté, qui affectent directement plus de 9% et 14% de la population, respectivement. De fait, la stratégie de l’UE au Maroc doit répondre aux deux préoccupations majeures du Maroc, qui dominent l’agenda politique, économique et social du pays: sortir de la spirale faible croissance/chômage/pauvreté/migrations et, sur le plan extérieur, réussir la mise en œuvre de l’Accord d’association et du Plan d’Action Voisinage. Le présent document de Stratégie par Pays (DSP) établit un cadre stratégique dans lequel s’intègre l'aide de la Communauté européenne au cours de la période 2007-2013. Ce document décrit les objectifs de coopération de l’UE, la réponse politique aux demandes exprimées par le Maroc ainsi que les domaines prioritaires de coopération, sur la base d’une évaluation complète de l’agenda politique du pays partenaire et de sa situation politique et socio-économique. Le processus d'élaboration du document de stratégie est le résultat d’un suivi permanent de la part des services de la Commission de la situation politique et économique du Maroc, suivi qui se fait en étroite collaboration avec les représentants du gouvernement et les représentants des Etats membres sur place. Dans ce contexte, la CE concentrera ses efforts en particulier sur les axes prioritaires suivants : -Les secteurs sociaux, en particulier l’Education, la Santé et la protection sociale ; -L’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) ; -La modernisation économique, en particulier l’appui à la mise à niveau du secteur privé, le renforcement de la formation professionnelle, la modernisation des entreprises, l’agriculture et la pêche, , les transports, l'énergie, d’une manière générale, l’amélioration du cadre des investissements et de la concurrence dans le cadre d’une économie de marché ouverte ; -L’appui institutionnel, en soutien à la mise en œuvre de l’Accord d’Association et du Plan d’Action Voisinage. -La bonne gouvernance et la promotion des Droits de l’homme et des libertés fondamentales. -La protection de l’environnement. 1.OBJECTIFS DE LA POLITIQUE DE L’UE Objectifs généraux de la politique extérieure de l’UE La politique extérieure de l’Union Européenne vise, de manière générale, à préserver ses valeurs communes, à promouvoir la paix et la sécurité en accord avec la Charte des Nations Unis et à promouvoir la coopération internationale. Elle vise également à promouvoir une meilleure gouvernance à travers le développement et la consolidation de la Démocratie, de l’Etat de droit et du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. La politique européenne de Sécurité En décembre 2003, l’UE a adopté la « Stratégie de Sécurité Européenne » qui reconnaît qu’une Union de 25 Etats, rassemblant 450 millions d’habitants et représentant un quart du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial, est un acteur global. L’une des priorités identifiées par la Stratégie de Sécurité Européenne est le besoin « de promouvoir un cercle de pays bien gouvernés à l’Est de l’Union et sur les bords de la Méditerranée avec qui des relations proches et de coopération puissent être établies. » La stratégie indique également, de manière très claire, la nécessité de promouvoir un ordre basé sur un multilatéralisme efficace et évoque la question de la sécurité d’approvisionnement en énergie de l’UE. La politique européenne de Développement L’objectif essentiel de la Politique Européenne de Développement est la réduction et l’éradication de la pauvreté et, de manière complémentaire, la promotion de la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme. Plus concrètement, en matière de coopération au développement, les objectifs de l’Union européenne ont clairement été affichés dans la « Déclaration conjointe du Conseil et des représentants des gouvernements des Etats membres réunis au sein du Conseil, du Parlement européen et de la Commission sur la politique de développement de l’Union européenne,déclaration intitulée « Le consensus européen », du 24 février 2006 (2006/C 46/01), document qui fait de l’éradication de la pauvreté et du développement durable des objectifs essentiels de cette politique. En décembre 2005, le Conseil européen a adopté une stratégie de l'UE pour l'Afrique, qui fournit un cadre stratégique à long terme pour l'interaction entre l'Europe et l'Afrique à tous les niveaux : avec les institutions panafricaines telles que l'Union Africaine, les organisations régionales et les administrations nationales. La stratégie repose sur trois piliers : (i) soutenir la paix, la sécurité et la bonne gestion des affaires publiques comme conditions préalables au développement, (ii) développer l'intégration régionale, le commerce et l’inter connectivité pour promouvoir le développement économique et (iii) améliorer l'accès aux services sociaux de base (santé, éducation) le travail décent et la protection de l’environnement. Pour les pays partenaires couverts par la politique de voisinage, la stratégie s'articule avec celle prévue pour l'Afrique en privilégiant les mesures visant à promouvoir des réformes politiques, économiques et sociales nécessaires à l'intégration dans l'espaceeuro-méditerranéen. Pour mettre en œuvre sa politique extérieure, l’UE dispose d’un large éventail d’instruments. La définition des objectifs de la coopération de l’UE avec le Maroc conduira à sélectionner un ensemble cohérent d’instruments visant à en assurer la meilleure efficacité. Objectifs stratégiques de coopération avec le Maroc L’Accord d’Association L’Union Européenne et le Maroc ont signé, en 1996, un Accord d’Association (AA), entré en vigueur en 2000. Cet accord constitue le cadre général des relations entre l’UE et le Maroc dans les domaines politique, économique, social, scientifique et culturel. Cet accord s’inscrit dans le contexte plus large du Processus de Barcelone lancé en 1995. L’Accord d’association met en exergue le besoin d’assurer l’essor de relations économiques et sociales équilibrées entre les deux parties1, afin de favoriser le développement et la prospérité du Maroc et du peuple marocain. Il fixe, en outre, les conditions de la libéralisation progressive des échanges et, à ce titre, les conditions de l’établissement d’une zone de libre échange entre les parties2. Pour ce faire, il propose l’établissement d’une coopération dans les domaines économique, social, culturel et financier. Dans le cadre de l’AA, dix groupes de travail ou sous comités sectoriels ont été créé, dont notamment un nouveau sous-comité "Droits de l'homme, démocratisation et gouvernance". Un dialogue politique renforcé a été mis en place. Plusieurs accords sectoriels ont été négociés ou sont en voie de finalisation, notamment un accord sur la libéralisation des échanges en matière de services et de droits d’établissement, ainsi que sur la libéralisation des échanges de produits agricoles et agricoles transformés ; un accord de réadmission communautaire pour les immigrés illégaux ; un accord de partenariat dans le secteur de la pêche (finalisé le 28 juillet 2005), et un Accord sur la coopération scientifique et technologique (signé en 2003, entré en vigueur en mars 2005). Tous ces accords témoignent du dynamisme et de la qualité de la relation entre l’Union et le Maroc. La Politique Européenne de Voisinage En 2004, l’UE a proposé un nouveau cadre de relations dénommé Politique Européenne de Voisinage (PEV), qui invite le Maroc ainsi que les autres pays voisins de l’UE, à établir Article 1.2 § 3 de l’Accord d’association. 2Titre II de l’Accord d’association. ensemble une zone de paix, de stabilité et de prospérité. La Politique Européenne de Voisinage vise à prévenir l’apparition d’une nouvelle ligne de séparation entre l’UE et ses voisins en proposant des relations plus étroites dans le domaine de la sécurité ainsi que dans les domaines politique, économique, social et culturel. Elle répond également à l’un des objectifs stratégiques tel que définit dans la « Stratégie de Sécurité Européenne », qui identifie la nécessité de renforcer la sécurité européenne dans son voisinage le plus direct. Plus concrètement, l’UE souhaite établir des relations plus étroites avec les pays partenaires ; à cet effet, l’Union offre un soutien accru dans la mise en œuvre des réformes politiques, économiques, sociales et réglementaires, une participation graduelle au Marché Intérieur, ainsi que la possibilité de participer à certains programmes européens. Le rythme et l’intensité de ce processus dépendront de la volonté de chaque pays partenaire de s’engager dans ce vaste programme, ainsi que des moyens dont il dispose pour le faire. Dans le cas du Maroc, des objectifs spécifiques ont été fixés dans le cadre d’un Plan d’action voisinage UE-Maroc qui a été conjointement adopté en juillet 2005. 2.OBJECTIFS DE LA POLITIQUE DU GOUVERNEMENT Depuis quelques années, le Maroc a défini une politique générale qui repose sur trois piliers distincts mais hautement complémentaires: tout d’abord, une évolution politique progressive mais ferme vers l’établissement d’un régime démocratique plein et d’un Etat de Droit comparable à celui de ses voisins européens ; ensuite, l’obtention d’une croissance économique plus forte et plus stable, seule à même de créer des emplois en nombre et de qualité ; finalement, le renforcement de la cohésion sociale et la lutte contre la pauvreté, la réduction des déficits sociaux et l’aide aux personnes les plus démunies. Pour ce faire, le Maroc a besoin de consolider son processus de transition et d’ouverture politique, d’améliorer ses performances macroéconomiques, de renforcer la mise à niveau de son tissu productif, de poursuivre et intensifier son calendrier de réformes institutionnelles et d’établir des politiques sociales plus efficaces et plus justes.La détermination du Maroc de bénéficier d’une association approfondie avec l’UE vise, en priorité, à poursuivre son processus de réforme démocratique, à moderniser son appareil productif et ses institutions, à renforcer ses capacités commerciales. L’Accord d'Association ainsi que le Plan d’Action représentent une priorité majeure de la politique du pays. Le Maroc considère que le Plan d’Action Voisinage est ambitieux et qu’il représente une première réponse positive de l’Europe à la demande d’un statut avancé formulée par S.M. le Roi Mohammed VI en 2005. Il se présente davantage comme une co-responsabilisation de l’Europe dans le développement du pays, en vrai partenariat et surtout sur la base du programme de développement du gouvernement national, car il est essentiel de tenir compte des priorités politiques de chaque partenaire de l’UE, ainsi que de son rythme soutenu de réformes. Les adaptations requises pour atteindre les objectifs fixés en commun sont multiples et imposent une mise à niveau en profondeur au Maroc suivant les axes ci dessous. Développement économique •Promotion de la croissance et de l’emploi. L’objectif du gouvernement est d’avoir une forte croissance économique créant des emplois par la modernisation de l'économie et la promotion des investissements. Les efforts porteront en particulier sur la modernisation de la base productive en améliorant la compétitivité des entreprises avec l’introduction des nouvelles technologies, la promotion des exportations, l'efficacité améliorée du secteur financier ainsi que la solution du problème foncier, la modernisation de l’offre de formation professionnelle (publique et privé) pour répondre aux besoins des entreprises.Diversification des sources de la croissance économique en favorisant le développement de nouveaux secteurs. •Amélioration du climat des affaires et d'investissement en poursuivant la reforme du cadre légal en visant notamment la flexibilité du marché de l'emploi, la protection des investisseurs, le droit de propriété et le renforcement des contrats. •Amélioration de la soutenabilité des finances publiques, compte tenu notamment de l’impact du démantèlement tarifaire vis-à-vis de l’UE, les priorités sont d'élargir l'assiette fiscale, de réduire les exonérations fiscales et de diminuer le nombre des taux de TVA. •Renforcement des bases de l’agriculture. En effet, le potentiel agricole du pays est réel ; il importe que le secteur agricole contribue positivement à la croissance économique. Les aléas climatiques n’expliquent pas l’ensemble des mauvaises performances du secteur, qui sont amplifiées par les structures de prix et les niveaux de protection. Développement social et pauvreté Dans ce domaine, la Maroc a élaboré une série de mesures réglementaires et législatives, ainsi que des stratégies d’intervention, qui couvrent l’ensemble des champs d’action du domaine social. Ainsi, à l’occasion du Cinquantenaire de l’Indépendance, et à l’initiative du Roi Mohammed VI, un rapport, publié en janvier 2006, fut établi par un groupe d’experts nationaux de renom intitulé « 50 ans de développement humain au Maroc et perspectives pour 2025 ». Ce rapport met en perspective historique les efforts réalisés jusqu’à présent par le Royaume en matière sociale, fait la lumière sur les déficits existants et propose des perspectives de développement à long terme. Il s’agit de l’effort le plus ambitieux du pays pour connaître et rendre publique sa situation sociale réelle. En outre, par son Discours du 18 mai 2005, le Roi lançait l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), cadre politique qui définit certains objectifs en matière de développement social, dont notamment la réduction des déficits sociaux, la lutte contre la pauvreté et l’aide aux personnes en situation de grande vulnérabilité. Finalement, d’autres documents retracent la poursuite des efforts en vue de réformer les secteurs sociaux, dont notamment la « Charte Nationale d’Education et de Formation », accompagnée du« Cadre stratégique de développement du système éducatif » ou la toute récente « Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité entre les sexes ». Le secteur de la Santé travaille, pour sa part, dans une stratégie à moyen terme. L’ensemble de ces documents met en exergue certains points communs : •La valorisation des ressources humaines. Elle comporte, en particulier, la réforme des systèmes d’éducation et de formation professionnelle. Dans le cadre de la Charte Nationale de l’Education, la réforme vise notamment le développement et l’organisation pédagogique de l’éducation de base, de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle. Elle comporte la lutte contre l’analphabétisme des jeunes et des adultes (notamment des femmes), qui reste une des premières priorités du gouvernement. Dans le domaine de la santé, les réformes en cours visent l’amélioration qualitative de la Santé publique ainsi que l’élargissement de l’accès aux soins et de la couverture médicale. •Le développement social. Afin d'assurer une répartition plus égale des résultats de la croissance économique, les objectifs principaux de la politique sociale sont la lutte contre la pauvreté et l'augmentation de l'accès aux services de base, l'extension de la protection sociale et la stratégie pour la participation plus large de toutes les composantes de la société, y compris les femmes, au développement du pays. Ce volet de la politique a reçu une impulsion majeure avec le lancement de l’INDH. Développement institutionnel •Réforme de l’administration et des entreprises publiques. C’est un axe prioritaire du gouvernement. Un des objectifs recherchés est de recentrer le rôle de l’Etat sur ses missions prioritaires, poursuivre la réduction et la rationalisation des dépenses publiques - y compris le poids de la masse salariale -, augmenter son efficacité et le faire ainsi participer plus activement au développement du pays ; combler le retard dans la modernisation des entreprises publiques. Développement et aménagement du territoire, et intégration régionale •Développement rural et réduction des disparités régionales. L’agriculture est toujours la source principale du développement rural au Maroc. Abstraction faite de son rôle stratégique pour la sécurité alimentaire interne, l’agriculture joue un rôle essentiel dans le secteur productif, l’emploi, l’aménagement du territoire et l’environnement. En raison de l’augmentation prévue des besoins alimentaires, l’adaptation du type de production aux besoins du marché (de plus en plus ouvert) devient impérative. •Aménagement du territoire et organisation des secteurs urbains. Dans un objectif de développement durable, il est nécessaire de diminuer les disparités régionales et de lier le développement des secteurs urbains avec l’amélioration des conditions rurales. •Intégration régionale. Au-delà de sa dimension politique, l’intégration économique régionale constitue un élément important du développement économique du pays. Il faut notamment que la taille de l’espace économique soit suffisante et garantisse les économies d’échelle requises pour l’efficacité de la plupart des investissements productifs. 3.ANALYSE DE LA SITUATION DU PAYS Avec une population de plus de 30 millions d’habitants, le Maroc est un des pays les plus peuplés de la région méditerranéenne. Le revenu par habitant s’élevait à 1300€ en 2004, ce qui situe le Maroc en dessous de la moyenne régionale de 1375€. Toutefois, ces chiffres doivent être nuancés compte tenu du poids important de l’économie informelle. 3.1.Situation politique Le Maroc est une monarchie constitutionnelle. Le Roi Mohamed VI a accédé au trône en 1999. La constitution de 1996 consolide les pouvoirs du Parlement et introduit le bicaméralisme. Lors des dernières élections de septembre 2002, une large coalition s’est formée autour des deux partis les plus importants, l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) et le parti conservateur de l’Istiqlal. Le parti principal de l’opposition est le Parti de la Justice et du Développement (PJD), qui appartient au courant de l’islamisme politique. Les prochaines élections législatives auront lieu en 2007. Depuis quelques années le Maroc a entamé un processus volontariste de modernisation et de démocratisation. En particulier, des progrès indéniables sur la voie des réformes démocratiques et du respect des droits de l’Homme ont été accomplis, notamment l’adoption du nouveau Code de la Famille, la loi sur les partis politiques, la loi contre la torture, le renforcement de la démocratie locale, la réforme -engagée mais encore très lente et problématique - du secteur judiciaire et pénitentiaire, la préparation du nouveau code électoral. Les recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation (IER), créée pour réparer les préjudices subis par les victimes des détentions arbitraires et des disparitions forcées, ont ouvert la voie à plusieurs nouveaux chantiers, y compris dans le domaine de la réforme constitutionnelle.La recherche du consensus caractérise la politique du gouvernement actuel, qui vise à assurer un large appui aux réformes en cours. Ceci a entraîné parfois un rythme plus lent que prévu dans leur mise en œuvre. Afin d’assurer le succès et la pérennité de ces réformes, il importe que le Maroc se donner les moyens nécessaires pour les mettre en œuvre.Un Conseil Consultatif des Droits de l’Homme est opérationnel et sera vraisemblablement renforcé pour assumer son rôle de responsable dans la coordination de la mise en œuvre des recommandations de l’IER. La Commission Interministérielle chargée des libertés et des droits de l’homme, présidée par le Premier Ministre, a annoncé la décision du gouvernement de lever un certain nombre de réserves vis-à-vis de conventions internationales sur les Droits de l’Homme dont le Maroc est signataire3. La Commission a aussi annoncé l’adhésion du Maroc au protocole facultatif de la Convention sur les Droits Civils et Politiques qui concerne les procédures de plainte ainsi que la poursuite des études sur les réserves toujours en place sur la convention sur les droits de la femme et son protocole facultatif. La procédure pour la levée des réserves susmentionnées suit son cours et le Maroc a déposé un dossier aux Nations Unies début 2006. La possibilité d’adhérer au protocole facultatif de la Convention sur les droits civils et politiques relatif à la peine de mort n’est pas encore considérée, bien que ceci ait été recommandé par le rapport final de l’IER (décembre 2005). Malgré ces avancées, le Maroc doit poursuivre les efforts sur la voie de la démocratisation, du développement des Droits de l’Homme, de la bonne gouvernance et de la consolidation de l’Etat de Droit, en complétant son dispositif législatif et les décrets d’application adéquats. Il est également nécessaire de renforcer la capacité opérationnelle des organismes spécialisés qui ont été mis en place pour assurer une meilleure protection des droits des citoyens, et de diffuser une véritable culture du respect des droits de l’homme. En ce qui concerne le respect des minorités, un Institut Royal de la Culture Amazigh a été créé, et a pour mission, outre la promotion de cette culture, l’intégration de la langue berbère dans le système d’enseignement ; certains projets pilotes sont déjà en cours. Le niveau de liberté des médias ainsi que des organisations de la société civile est élevé en comparaison avec les autres pays de la région. Le poids des femmes en politique reste dérisoire. Jusqu’en 2002, le nombre de femmes élues aux élections législatives n’a jamais dépassé 2. En 2002, un progrès tangible a été réalisé par Il s’agit de l’article 14 de la Convention pour l’Elimination de la Discrimination Raciale et des articles 20 et 22 de la Convention contre la torture. Ces articles concernent les mécanismes de plaintes et la réalisation d’enquêtes par les comités concernés. La réserve sur l’article 14 de la Convention sur les Droits de l’Enfant (liberté de conscience) a été levée et remplacée par une déclaration explicative (même si celle-ci constitue dans la pratique de facto une réserve – les enfants au Maroc naissent avec une religion déclarée). l’instauration d’une liste nationale réservée aux femmes. Trente cinq femmes (30 sur les listes nationales, 5 sur les listes locales) ont ainsi accédé au Parlement. Elles constituent ainsi 10,8% des élus. Il n’en reste pas moins que les disparités entre hommes et femmes dans le domaine de la participation à la prise de décision restent très considérables. La corruption reste encore un problème majeur, malgré les déclarations du gouvernement et sa volonté de lutter contre ce fléau. Un grand fossé divise les différentes couches de la société marocaine et cela est aggravé par l’absence de mécanismes clairs de redistribution et de « filets sociaux » adéquats. Des réformes sont en cours ou en voie de préparation mais sont encore insuffisantes face à l'ampleur du problème. En matière de politique extérieure, le Maroc joue un rôle actif dans les initiatives internationales et régionales, particulièrement dans le partenariat euro méditerranéen. En outre, le Maroc est signataire du traité d’Agadir avec la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie, qui vise à instaurer une zone de libre échange parmi les pays du Sud de la Méditerranée qui ont signé un Accord d’association avec l’Union européenne. Il a aussi signé un accord de libre échange avec la Turquie et avec lesEtats-Unis. Le Maroc fait partie des signataires originaux de l’Union du Maghreb Arabe (UMA). Toutefois, le Maroc ne fait pas partie de l’Union Africaine. La participation du Maroc aux travaux de l’UMA a été influencée par la situation du Sahara Occidental. Le nouveau plan de règlement du conflit proposé par les Nations Unies en mai 2001 n’a pas encore trouvé l’approbation des toutes les parties. La résolution du conflit du Sahara Occidental est cruciale pour la stabilité et pour le développement régional dans la Méditerranée. Le Maroc est membre de l’Organisation des Nations Unies (ONU) depuis la fin du Protectorat français, en 1956, membre de la Ligue Arabe depuis 1958, membre de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), membre de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) et membre fondateur de la structure sous-régionale dite du Dialogue 5+5. En matière économique, le Maroc est membre du Fonds Monétaire International (FMI), de la Banque Mondiale, membre fondateur de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), de l'Organisation Mondiale des Douanes (OMD), de l’Organisation Mondiale pour la Protection Industrielle (OMPI) et de l’Union de Berne pour la protection des œuvres littéraires et artistiques. En ce qui concerne les relations avec les Etats membres de l’Union européenne, la question de l’émigration illégale apparaît comme une des principales sources de préoccupation. En effet, au delà des deux millions de marocains qui résident légalement dans l’Union européenne, il est estimé qu’il en existe un million résidant illégalement. Le Maroc est, en outre, un pays de transit des immigrés illégaux en provenance des pays subsahariens vers l’Union européenne. Le Maroc soutient sans réticence la Politique Européenne de Voisinage. Il partage l’avis que la Politique de Voisinage et les Plans d'action permettront d’afficher un message politique clair issu d'un objectif politique mutuel et partagé, notamment l’obtention d’un statut plus avancé que celui conféré par l’Accord d’Association, et de concrétiser, par le biais d’actions à court terme et une perspective politique à moyen terme, l’ancrage du pays à l’Europe. Le Plan d'Action contient aussi une dimension régionale concernant le rôle du Maroc au Maghreb. Le Maroc, pays conscient des enjeux africains, devrait pouvoir participer davantage au dialogue entre l’UE et l’UA. Le Maroc s’implique de plus en plus dans les efforts déployés par les Nations Unies et les groupements régionaux pour la paix, la stabilité et ledéveloppement durable du continent africain, comme en témoigne son engagement dans le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (Nepad). La coopération de l’Union Européenne avec le Maroc sur les questions desécurité/justice/affaires intérieures est importante pour les deux partenaires. Dans la perspective d’une coopération accrue de la part de l’UE avec les pays tiers dans la lutte contre le terrorisme, le Maroc est parmi le