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Développement des provinces du Sud

Développement des provinces du Sud

Le constat sans complaisance du Conseil économique, social et environnemental «Un bilan paradoxal» : c’est en ces termes que la note de cadrage du Conseil économique, social et environnemental (CESE) qualifie le modèle de développement des provinces du Sud. Ce constat s’appuie sur deux éléments fondamentaux : les rédacteurs de cette note rappellent en effet que «l’effort national très important d’investissement pour les doter en équipements et infrastructures, pour sécuriser les citoyens qui y résident et leur assurer les services sociaux de base», mais relèvent d’un autre côté : «de réels problèmes de décollage économique et de création de valeurs locales, des problèmes persistants de chômage, particulièrement au niveau des jeunes et des femmes, des difficultés de cohésion sociale et d’intégration, alimentées par le sentiment d’iniquité qui se traduit par des tensions sociales». Tout en indiquant que l’État demeure le premier investisseur et le premier employeur dans les provinces du Sud, la note du CESE conclut que : «Malgré le recours à différents dispositifs d’aide au niveau social, les résultats restent en deçà des attentes», et s’interroge sur «la pertinence, l’efficacité, l’efficience et l’impact des politiques publiques ainsi que les moyens et les voies de leur amélioration». «Un PIB par habitant élevé, mais une économie peu diversifiée» «Le PIB régional (PIBR) est de l’ordre de 20 milliards de DH, soit un PIBR par habitant de 21 400 DH contre 19 800 DH au niveau national, se classant ainsi à la quatrième place», peut-on lire dans ce document publié dans son intégralité sur le site Internet de Conseil. Cependant, il est également fait mention d’une économie «peu diversifiée» et fortement dépendante de l’administration publique (27% des emplois), ce qui pose un problème de «soutenabilité budgétaire à terme et d’équité territoriale». Même les incitations fiscales accordées aux entreprises locales (l’exonération fiscale de l’IS et de la TVA) sont épinglées par le CESE selon lequel «ces dispositions incitatives induisent parfois des comportements contre-productifs». «Le chômage, source de tension sociale» Il est également paradoxal de constater que même si les indicateurs sociaux sont parfois supérieurs à la moyenne nationale, à l’image du taux de pauvreté qui est de 6,5%, contre 10% au niveau national, «le taux moyen de chômage avoisine les 17% (contre 10% au niveau national). Il touche inégalement certains segments de la population locale, particulièrement les jeunes sahraouis (29%) et les femmes, notamment ceux avec des niveaux de formation moyens et élevés». Cette situation trouverait son origine, selon le CESE, dans les «aides directes et indirectes dédiées au territoire qui représentent près de 4,6 milliards de DH (…) Ce dispositif, en l’absence d’un système de filets sociaux, couvre l’ensemble des besoins du territoire et ne cible pas nécessairement les plus nécessiteux». Et de conclure que le chômage est la principale source de tension sociale. «La gouvernance locale épinglée» Enfin, concernant la décentralisation, le CESE estime que «le processus de décentralisation avance, mais sa traduction dans la réalité se heurte à une série de contraintes : l’insuffisance de compétences qualifiées ; le faible niveau d’encadrement et de capacité de gestion des collectivités locales ; la faiblesse des ressources financières des collectivités territoriales (...) Les responsables des services extérieurs manquent souvent de motivation (leur affectation au Sud est parfois considérée comme une sanction). Pour conclure sa note, le CESE recommande de se référer aux fondamentaux de la nouvelle Constitution, d’impliquer les populations locales dans le cadrage du modèle de développement et de concrétiser les objectifs énoncés par la Charte sociale élaborée par le CESE. Publié le : 3 Janvier 2013 – SOURCE WEB Par Samir Benmalek, LE MATIN