Energies renouvelables: La production d’électricité par le privé reléguée aux calendes grecques
Malgré l’adoption d’un cadre législatif censé réguler la production décentralisée d’électricité moyenne-tension de source renouvelable, les opérateurs privés du secteur naviguent dans le flou total, accusant des pertes tout en passant à côté de sérieuses opportunités commerciales.
Les opérateurs privés du secteur de l’énergie ne savent plus à quel saint se vouer. Nombre d’entre eux se sentent floués, voire regrettent d’avoir cru aux promesses du gouvernement.
"Le ministère de l’Energie a demandé au secteur privé de faire preuve de volontarisme en matière de développement de projets autour de la Moyenne Tension (MT). Nous avons joué le jeu, réalisé des études de faisabilité et engagé des coûts. Mais rien de concret ne se passe, du coup nous avons gelé tous nos projets d’investissement", déplore un cadre dirigeant de l’une des plus importantes sociétés du secteur.
Aux yeux de notre interlocuteur, qui a préféré s’exprimer sous couvert d’anonymat, le blocage est essentiellement d’ordre règlementaire. Ce qui est d’autant plus paradoxal que les textes de loi régissant la production décentralisée d’électricité MT de source renouvelable ont été publiés depuis belle lurette, à savoir la loi 13-09 et sa version amendée, la 58-15. Même le décret d’application commence à dater…
"Ces textes nécessitent d’être clarifiés. Principalement le point relatif aux excédents de production, qui est le principal écueil face au développement de projets autour de la MT", précise Khalid Semmaoui, président de l’Amisole (Association marocaines des industries solaires et éoliennes). Le principal argument avancé pour justifier ce blocage est le risque de déstabilisation du réseau électrique. Un argument qui ne convainc pas les opérateurs privés.
Pourtant, plusieurs rencontres et ateliers ont réuni professionnels du secteur et représentants du ministère de tutelle, du Masen, de l’Onee,… sans pour autant débloquer la situation. "Il faut reconnaître que le ministre s’est montré très réceptif et nous avons bon espoir de trouver une solution d’ici fin 2018", espère Semmaoui. Nos tentatives pour clarifier ce point auprès de Aziz Rabbah, ministre de l’Energie et des Mines, sont restées vaines…
Perte d'investissements et de crédibilité
Sur le terrain, les entreprises œuvrant dans le secteur se trouvent contraintes de revoir leurs ambitions à la baisse. Alors qu’on leur a fait miroiter d’alléchantes perspectives de développement, elles se contentent aujourd’hui de petits projets de production d’électricité de source renouvelable. Bien que ces unités soient dimensionnées pour assurer l’autoconsommation des entreprises, l’impossibilité de réinjecter le surplus dans le réseau électrique refroidit vite les investisseurs.
"En plus de la déperdition énergétique, ce blocage législatif fait perdre d’énormes opportunités au Maroc, en termes d'entrées de devises et de création d’emplois. Nombre d’investisseurs étrangers avaient entamé le développement de projets de production d’énergie renouvelable MT, mais depuis ils ont tout annulé. Dans le milieu des affaires, cela fait malheureusement perdre beaucoup de crédibilité au Maroc sur la scène internationale, en dépit de l’engagement du royaume en faveur des énergies renouvelables", regrette, toujours sous couvert d’anonymat, un cadre dirigeant de l’une des plus importantes entreprises de la place.
"Nous demandons simplement que la tutelle clarifie le volet législatif relatif à l'excédent de production. On avance fréquemment l’argument du risque de déstabilisation du réseau électrique national, mais les opérateurs privés ont l’impression que ce blocage persiste uniquement pour protéger les intérêts des offices et des régies", ajoute-t-il.
Manifestement, le secteur est désespérément en attente d’un sursaut qualitatif en matière de régulation. Les professionnels ont notamment bon espoir en la nomination, en août 2018, de Abdellatif Bardach à la tête de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité (ANRE) – une agence nationale nouvelle, bien que sa création ait été prévue par la loi 48-15, adoptée en Conseil de gouvernement depuis septembre 2015…
Le 21/09/2018
Source web par: medias24
Les tags en relation
Les articles en relation
Quand le président d'une commune vend sa voiture pour acheter un véhicule de transport scolaire
C'est là une belle initiative. Mekki Handoudi, président de la commune rurale Lota, dans la province d'Al Hoceima, a mis sa propre voiture en vente da...
Énergies renouvelables dans le mix électrique : Le Maroc relève à 64,3% ses ambitions pour 2030
Le Maroc revoit à la hausse ses ambitions pour les énergies renouvelables. Au vu des projets en cours et ceux programmés, l’objectif de 42% du mix électri...
L'Adaptation et la Durabilité : Clés de Survie pour les Salons Internationaux du Tourisme
Dans un contexte de transformation numérique et de changements rapides dans les comportements des consommateurs, les salons du tourisme tels que l'ITB Berl...
AREF : Des campagnes de communication après l'adoption des nouveaux horaires scolaires
Le ministre de l'Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saaïd Amzazi a affi...
Managem bénéficie du kilowatt green parmi les moins chers de l’Afrique
Dans une interview accordée au magazine Le Point, le PDG de Managem, Imad Toumi, a indiqué que le groupe capitalise sur les avantages structurels de l’écos...
Après Casablanca, des petits taxis à Rabat transportent aussi des malades gratuitement
Des chauffeurs des petits taxis de Rabat ont lancé, lundi, une initiative humanitaire pour transporter gratuitement les personnes malades des hôpitaux de la c...
Circuit territoire soutenable du Géoparc Jbel Bani : Circuits Circuits Maroc authentique
NB : Cliquez sur ce lien pour afficher la carte avec les informations interactive sur la carte chaque point . Pour simple Berline : Tiznit - Bou Izaka...
Taxis: le renouvellement du parc encore loin des objectifs
L'opération de renouvellement des petits et grands taxis avance à petits pas. Depuis son lancement en 2010 et jusqu'à mai 2018, 15.352 taxis de 2ème...
Dar Infiane
Tucked away in the south of Morocco, lies the unassuming town of Tata. Those more intrepid travellers on a tour of the southern Morocco, spending the night in E...
Après le gaz, SDX Energy se lance dans les énergies renouvelables au Maroc
La compagnie britannique d’exploration gazière SDX Energy se dote d’un nouveau plan stratégie de 4 ans maximum. A travers cette nouvelle feuille de route,...
Intégration de 100 jeunes Marocains au marché de l'emploi touristique en Allemagne
La Banque mondiale (BM) s'est félicitée du succès d'une expérience pionnière visant à faciliter la mobilité et l'accès des jeunes Marocains ...