TSGJB BANNER

Scène politique Nécessité de clarifier les alliances

Scène politique   Nécessité de clarifier les alliances

 

● La crise de la majorité pose en ce moment un problème crucial au niveau des alliances. Ils sont nombreux, en effet, à appeler à une restructuration de l’échiquier politique sur la base de coalitions claires. Pour autant, les jours prochains s’annoncent chauds.

L’émiettement de l’échiquier politique doit inciter les acteurs politiques à nouer des alliances afin de renforcer leurs formations politiques.

La crise de la majorité met au devant la scène la question des alliances au Maroc. Depuis des années, celles-ci se font et se défont au gré des circonstances et des intérêts, suscitant les critiques de part et d’autre. Le recours aux alliances s’impose aux partis politiques pour que ceux-ci puissent accéder à la gestion des affaires publiques, tant sur le plan national que local. En effet, aucune formation politique ne peut prétendre, à elle seule, avoir une majorité confortable et diriger les affaires publiques, sans avoir à négocier avec d’autres partis politiques. Cette situation doit changer, d’après plusieurs acteurs politiques, mais le chemin reste long pour atteindre les objectifs escomptés. Si certains pointent du doigt le mode de scrutin, à l’origine de l’émiettement politique, d’autres estiment qu’il ne s’agit pas de la véritable raison.

Mohamed Hanine, député du RNI et président de la commission de la justice et de la législation à la Chambre des représentants, pense que la polarisation de la scène politique s’impose pour que les alliances se fassent sur des bases claires et cohérentes. «Le mode de scrutin ne va pas régler le problème. Il faut réfléchir à comment parvenir à réduire l’éclatement de l’échiquier politique en encourageant la création de pôles. En outre, on doit s’atteler aux problèmes liés à la société, notamment la lutte contre l’analphabétisme et la pauvreté. La démocratie va suivre», explique-t-il.

Une lourde mission incombe aux partis politiques pour lutter contre l’opportunisme, changer les mentalités et imposer la culture de la discipline auprès de leurs militants. En effet, même si le Maroc recourra à titre d’exemple au mode de scrutin uninominal à deux tours (comme en France), si la discipline n’est pas de mise et les pôles ne sont pas clairs, l’expérience ne pourra pas réussir, d’après les observateurs. Les militants sont appelés à se conformer aux orientations de leurs partis. Ce qui n’est pas souvent le cas pour le moment.

Le vrai défi de la restructuration

Le défi posé aujourd’hui est celui de la restructuration de l’échiquier politique pour construire des alliances avant le déroulement des élections, d’après Mhammed Grine, membre du conseil de la présidence du PPS : «Il faut s’engager sur les programmes et annoncer les couleurs en termes d’alliances. Cet acte électoral est un contrat entre l’électeur et le parti». Il tient à préciser que tous les partis politiques au Maroc sont «petits», vu le nombre des voix obtenues. Même le PJD, qui est arrivé en tête des élections anticipées du 25 novembre 2011, n’est parvenu à obtenir qu’un million de voix ; ce qui est infime sous d’autres cieux où le taux de participation au vote est assez élevé.

Dans une telle situation, les formations politiques sont dans l’obligation de se constituer en coalition. Mais, quels sont les clivages possibles pour faciliter les alliances et comment peut-on pérenniser ces dernières ? La réponse n’est pas évidente dans un champ politique composé officiellement de 35 partis politiques, même si aux dernières élections huit formations politiques ont remporté plus de 95% des voix. Sur les 31 partis politiques ayant participé aux échéances anticipées, uniquement 18 ont pu s’assurer une présence au Parlement dont cinq n’ont décroché qu’un seul siège. Quatre autres sont difficilement parvenus à faire élire deux députés.

L’émiettement de l’échiquier politique doit inciter les acteurs politiques à nouer des alliances afin de pouvoir renforcer leurs formations politiques. Les expériences démontrent que la mission n’est nullement aisée. Si on prend celle de la Koutla démocratique, à titre d’exemple, l’on se rend compte qu’en politique rien n’est durable, malgré les discours formulés et les contrats noués entre les acteurs politiques. La Koutla n’a réussi à subsister que pendant quelques années. Ses composantes vont-elles tenter de la faire renaitre de ses cendres ? 
La question demeure en suspens. Des espérances sont formulées de part et d’autre, sans pour autant que des actions concrètes suivent. L’expérience du G8 à la veille des élections législatives a aussi été vouée à l’échec.

La base des clivages

Les clivages ne sont pas basés sur l’idéologie au Maroc, d’après certains spécialistes et acteurs politiques, étant donné qu’à l’heure actuelle il est difficile d’avoir deux pôles en concurrence : droite/gauche. Selon certains observateurs, l’idéal est d’avoir un camp moderniste et un autre conservateur. Sauf que malgré le rapprochement au niveau du référentiel, rien n’est garanti à l’avance. En effet, la crise de la majorité a éclaté entre deux composantes du camp conservateur, alors qu’on s’attendait à ce qu’elle touche le PJD et le PPS, qui ont des idéologies totalement différentes.

Repères

·                                 ■ La restructuration de l’échiquier politique doit se faire sur la base d’alliances claires avant les élections.

·                                 ■ Le mode du scrutin n’est pas la seule cause de l’émiettement politique.

Publié le : 26 Mai 2013 –

SOURCE WEB Par Jihane Gattioui, LE MATIN

Tags : Maroc- RNI- PPS- PJD- La Koutla- élections anticipées du 25 novembre 2011- L’expérience du G8-