Mohammadin Boubekri, Président de l’Ordre des médecins : « Nous n’avons aucune réserve pour le recrutement de médecins étrangers, sauf une »

Le Maroc va procéder à l’ouverture de la pratique de la médecine aux compétences étrangères. Son objectif : renforcer les compétences nationales en matière de santé afin faire face au manque de praticiens pour la réussite du chantier de la généralisation de la sécurité sociale. Qu’en pense le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) ? Si son Président, Dr Mohammadin Boubekri, ne voit aucun inconvénient juridique à l’inscription de ces praticiens venus d’ailleurs, il soulève néanmoins une seule réserve : « il faut la réciprocité ».
Challenge : Le Maroc va ouvrir ses portes aux médecins étrangers afin d’accompagner la future généralisation de la sécurité sociale. Qu’en pensez-vous ?
Mohammadin Boubekri : Ce grand chantier qui permettra la généralisation de la protection sociale sera très bénéfique pour notre système de santé et pour le citoyen marocain. Pourquoi le citoyen marocain ? Après le lancement de l’Assurance Maladie Obligatoire de base (AMO), les pouvoirs publics ont mis en place quelques années plus tard le régime de l’Assistance médicale (RAMED), un régime ayant pour but de faire bénéficier une population économiquement démunie d’une couverture médicale de base, qui offre la gratuité des soins et prestations médicalement disponibles dans les hôpitaux publics. Au lancement de ce système d’assistance médicale, on espérait que ce sera la réponse pour généraliser l’accès aux soins à l’ensemble de la population. Cependant, le système a rapidement montré ses limites et n’a pas donné les résultats escomptés. Mais aujourd’hui, ce nouveau plan de généralisation de l’Assurance maladie obligatoire, tel qu’il a été décliné, est bien parti pour profiter à 22 millions de Marocains supplémentaires dépourvus d’assurance maladie. C’est pourquoi, vu le manque de médecins et l’inégalité dans la répartition des praticiens sur le territoire national, cette décision de procéder à l’ouverture de la pratique de la médecine aux compétences étrangères pour exercer dans les zones lointaines et dans les zones où il y a un déficit de médecins, est logique. C’est même un atout pour notre système de santé.
Challenge : Y aura-t-il un inconvénient juridique à l’inscription de ces praticiens qui vont venir d’ailleurs ?
M.B : Il n’y a aucun inconvénient juridique à l’inscription de ces praticiens étrangers. D’ailleurs, dans la loi n° 131-13 relative à l’exercice de la médecine au Maroc, il y a un article qui autorise le médecin étranger à pratiquer la médecine sur le territoire national pendant un mois par an. Il suffira seulement alors de changer cette disposition et tout rentrera dans l’ordre.
Challenge : Sur le terrain, quelles sont les difficultés que pourraient rencontrer ces médecins étrangers quand on sait qu’ils ne parleront pas forcément l’arabe ni l’Amazigh, sans parler de la culture du pays ?
M.B : Quand on reçoit son diplôme de doctorat en médecine, on ne connait pas forcément tout le territoire marocain et le dialecte Amazigh ou encore les coutumes dans toutes les régions du pays. Il n’empêche, qu’on peut être affecté dans n’importe quelle région du Maroc. Mais généralement au bout d’une année, le praticien prend ses marques. C’est pour vous dire qu’il en serait ainsi pour les médecins étrangers qui auront le temps d’apprendre la langue Arabe ou la langue Amazighe ou les coutumes de ces zones lointaines.
Challenge : Est-ce à dire finalement que vous n’avez aucune réserve ?
M.B : Nous en avons une. En fait, nous demandons la réciprocité : si les compétences étrangères viennent exercer au Maroc, il faut la même autorisation pour les médecins marocains dans ce pays-là.
Le 19 avril 2021
Source web Par : challenge
Les tags en relation
Les articles en relation

Le Maroc face au défi d’un tourisme vert, culturel et éthique
La pandémie et le confinement qui en découla ont profondément bouleversé l’économie du tourisme alors florissante sur l’ensemble de la planète et nota...

Finances publiques: Des pistes pour réduire les inégalités sociales
Malgré les efforts fournis par les pouvoirs publics au cours des dernières décennies, l’injustice sociale s’est aggravée, entre autres en raison du faib...

Sa Majesté le Roi préside à Fès un Conseil des ministres
Le Souverain a présidé, dimanche au Palais Royal à Fès, un Conseil des ministres, consacré à l’examen des Orientations générales du projet de loi de f...

#COVID19_CRAINTES_POUR_L_ASTRAZENECA: Cela en raison de «formation de caillots sanguins chez des pe
Le Maroc a dépassé la barre des quatre millions de personnes vaccinées contre la pandémie de la Covid-19. Plus de 800.000 d'entre elles ont déjà reçu...

Travailleurs informels sans Ramed: paiement des aides à partir de jeudi 23 avril
Le Comité de Veille Economique porte à la connaissance des chefs de ménages opérant dans le secteur informel ayant effectué leurs déclarations à travers ...

Akhannouch fait un cadeau aux Marocains
En cette fin d’année, le gouvernement d’Aziz Akhannouch fait un cadeau à une bonne frange de la population. En tout, près de 11 millions de Marocains pou...

Adoption du Projet de Loi sur l'Assurance Maladie Obligatoire pour les Personnes sans Activité Rém
La Chambre des Représentants a approuvé à la majorité le projet de loi n°21.24, qui établit des dispositions spécifiques pour le régime d’assurance ma...

Protection sociale : ce que l’on sait sur le basculement des Ramedistes à l’AMO
ROUND-UP. Le basculement effectif des ex-Ramedistes à l’AMO, avec ouverture automatique des droits, est prévu à partir du 1er décembre prochain, en même ...

#MAROC_AMO_AGRICULTEURS: Après les commerçants, le chantier de l'AMO des agriculteurs démarre
Après avoir trouvé des accords avec les commerçants, les médecins et les architectes, le gouvernement entame les concertations avec les acteurs du secteur a...

Tourisme: sans clients étrangers, le secteur toujours mal en point
Les professionnels souhaitent ouvrir la voie vers une reprise d’activité tout en rassurant sur le respect des mesures de prévention. Ils proposent de coo...

Santé : Les grèves reprennent en avril dans le public et le privé
Les professionnels exigent des actions concrètes de la tutelle Le secteur de la santé est en ébullition. Les médecins, les cliniques privées et les infi...

AMO-étudiants : Seulement 32.621 immatriculations en 2017-2018
L’AMO peine toujours à séduire les étudiants. Selon les derniers chiffres publiés par la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) ...