Vidéo. La flakka, «la drogue zombie», serait-elle arrivée au Maroc?
Le Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM) a émis une alerte inquiétante mi-juin 2021. Un premier cas d’intoxication à la drogue flakka, surnommée «la drogue zombie», aurait été recensée au Maroc. Explications.
Une drogue venue de l’autre bout du monde aurait fait sa première victime au Maroc. «Un jeune homme de 23 ans a été admis aux urgences de sa ville natale dans un état d’agitation extrême. Il a été pris en charge symptomatiquement. Selon ses amis, il aurait consommé de la flakka, par voie orale, au cours de la soirée», indique le Dr Narjis Badrane, chef du laboratoire de toxicologie du CAPM.
Le 360 a insisté auprès du corps médical pour identifier la ville où réside la personne concernée, voire l’hôpital où elle a été admise. Sans succès, les médecins du centre antipoison ont opposé un refus catégorique, arguant le respect du secret médical.
«C’est le premier cas que nous avons reçu au Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc et nous n’en n’avons pas reçu d’autres. En général, nous traitons des cas d’intoxications aux drogues usuelles: cannabis, cocaïne, héroïne, MDMA, ecstasy. Quand nous avons affaire à un cas d’intoxication, le médecin traitant sur le terrain va appeler le centre antipoison. Il y a toujours un médecin du CAPM au bout du fil 24h/24 qui va lui transmettre les informations nécessaires: toxique le plus probable, comment le traiter, puis il va conseiller d’envoyer des échantillons de sang, d’urine et de lavage gastrique au laboratoire de toxicologie du CAPM», poursuit-elle.
Pour retracer la genèse de ce NPS (nouveau produit de synthèse), c’est du côté de la Chine qu’il faut se pencher. Dans des laboratoires clandestins, des apprentis chimistes ont créé le cocktail en y associant de la méphédrone (euphorisante), de l’alpha-PVP (molécule 50 fois plus puissante que la cocaïne) et des substances hallucinogènes dérivées du khat, dont les propriétés se rapprochent des amphétamines.
Interrogé par Le360, Omar Battas, professeur en psychiatrie et professeur à la faculté de médecine de Casablanca, estime quant à lui que la flakka, ainsi que d’autres NPS sont en libre circulation au Maroc, mais ne sont pas détectés faute de moyens. Il ajoute que, malgré sa composition douteuse, cette drogue de synthèse peut se trouver en vente libre dans plusieurs pays sous la dénomination «sels de bains» ou «engrais de plantes», sans plus de précisions sur sa dangerosité.
«Concernant le jeune homme intoxiqué, nous ne pouvons pas être sûr que c’est à la flakka, car les signes cliniques sont semblables à d’autres drogues. Malheureusement au Maroc, nous n’avons toujours pas de laboratoires qui peuvent confirmer ou infirmer que c’est bien le premier cas de flakka du pays. Au niveau du centre anti-poison, nous avons un laboratoire, mais nous manquons des réactifs nécessaires afin de détecter les NPS (nouveaux produits de synthèse), dont fait partie la flakka. C’est très dur de s’en procurer avec les législations en vigueur», affirme le Dr Narjis Badrane.
«L’alerte que nous avons émis sur le cas de ce jeune homme était un appel à tous les laboratoires avec lesquels nous travaillons en collaboration que ce soit le laboratoire de police scientifique, de gendarmerie ou encore les laboratoires du ministère de la Santé. C’était un appel pour commencer à développer ce type de rechercher au niveau national», continue-t-elle.
Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé, publié en juin 2014, dès la première prise, le cerveau libère une forte dose de dopamine, de sérotonine et de noradrénaline stimulant ainsi le système nerveux central et faisant ressentir un incommensurable bonheur à l’usager.
Moins onéreuse que le crack ou la MDMA, tout en étant aussi addictive, la flakka tue, le plus souvent par arrêt cardiaque, mais ne zombifie pas. «Des histoires de crimes horribles commis sous l’influence de drogues ont été inventées depuis plus d’un siècle », commente Joseph Palamar, professeur à l’université médicale de Langone sur le site The Conversation.
«Le mythe de la drogue du zombie prend racine dans un fait divers. En mai 2012, à Miami, un homme nu et supposément sous l’emprise de la flakka a mangé le visage et les yeux d’un sans-abri. Toutefois, les tests toxicologiques ont conclu que cette drogue n’était pas présente dans le corps de l’agresseur».
Le 24 juin 2021
Source web Par : le360
Les tags en relation
Les articles en relation
Covid-19 : L'OMS critique la stratégie des pays riches et appelle à ne pas vacciner les plus jeune
L'Organisation mondiale de la santé a demandé le 21 juillet dernier aux pays riches de ne pas vacciner les plus jeunes et à faire don de leurs doses en s...
Certificat sanitaire européen : quelles modalités d’application ?
Les travaux avancent pour la mise au point du certificat sanitaire européen. On en sait un peu plus sur les modalités de mise en œuvre proposées dans le tex...
Entretien avec l’ambassadeur de Chine au Maroc, M. Li Li
«L’année sino-marocaine du tourisme et de la culture sera un moteur du développement des relations entre les deux pays» Dans un entretien accordé au �...
Covid-19 : l'Europe fait face à un rebond de la pandémie
Pour la troisième semaine consécutive, le continent européen a enregistré une augmentation du nombre de nouveaux cas hebdomadaires de Covid-19, avec plus de...
La Chine adhère à l'initiative de l'OMS garantissant des vaccins aux pays pauvres
La Chine est à la pointe de la recherche sur les vaccins avec 11 projets en phase d'essais cliniques. Le gouvernement chinois a annoncé, vendredi 08 oc...
Covid-19: Un nouveau variant découvert en Tunisie
Une nouvelle souche de Coronavirus vient d'être découverte en Tunisie, selon le ministère tunisien de la Santé. Dans des déclarations à la presse, ...
Coronavirus: l'Asie affronte une deuxième vague de contaminations
La Chine craint une nouvelle de contaminations «via» des cas importés et le retour au travail des Chinois confinés. NICOLAS ASFOURI / AFP Des plages aust...
L'OMS attend avec impatience la seconde génération de vaccins
La scientifique en chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Soumya Swaminathan, a dit mardi attendre avec impatience la seconde génération de vacci...
La "Maladie X" une menace pour l'humanité
Des scientifiques ont mis en garde contre un risque d’épidémie mortelle appelée "maladie X" dont la propagation éliminerait des millions de personnes, com...
Coronavirus : en Afrique, la défiance contre les vaccins nourrie par le souvenir des scandales méd
L’Organisation mondiale de la santé est régulièrement mise en cause sur les réseaux sociaux, où elle est accusée d’être le bras armé des puissances ...
Coronavirus : la lourde responsabilité de l’OMS, inféodée à la Chine
Si la Chine est coupable d’avoir caché la réalité et de nous avoir fait perdre du temps face à l’épidémie, l’OMS (Organisation mondiale de la santé...
COP26 : La participation des pays du Sud n’est pas garantie
La participation des délégations des pays du Sud est mise à rude épreuve pour la COP26. A deux mois de la tenue de l’important sommet international sur le...