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Hassan II L'héritage

Hassan II L'héritage

TITRE Hassan II L'héritage Publié le : 12.08.2011 | 00h26 Personne n'oubliera, sauf mauvaise foi, l'émotion qui a gagné le monde entier lorsque fut annoncée le 23 juillet 1999 la disparition tragique de S.M. Hassan II. Aucun de nous, toutes et tous, qui avions grandi à son ombre de grand Roi, n'oubliera le sentiment indescriptible de désespoir qui s'empara subitement de nous et qui parut à nos yeux fermer une longue époque et en ouvrir une autre. Trente- neuf ans de règne, un prestige international raffermi au fil du temps, une longue expérience de gestion et de gouvernance, un pays décollant sur les chapeaux de roue et inscrit dans la logique irrémédiable du progrès, enfin un legs des plus difficiles laissé à son digne successeur, le Roi Mohammed VI. La complexité intrinsèque au contexte inédit de cette époque nous conviait, en quelque sorte, à l'expectative. À tout le moins à une impérative et révérencieuse circonspection Le Roi Hassan II décédé, vive le Roi, vive le Maroc ! La continuité dynastique assurée, elle sera façonnée par un jeune Roi qui, aussitôt intronisé, en modifiera de fond en comble les modalités et le rythme, non sans demeurer fortement attaché aux symboles gravés sur le frontispice du Royaume et à ce qui constitue son socle fondamental : l'Islam, l'arabité, la solidarité, le pluralisme politique et la démocratie. Feu Hassan II avait pris le relais d'une marche à peine lancée sur les rails cinq ans auparavant par son auguste père. Durant près de quatre décennies, il mettra en œuvre une conception du pouvoir où se sont croisés, non sans succès et avec variation méthodologique, critères personnels de gouvernance et grande vision. Il engagea son pays sur la voie de la modernité en optant pour le pluralisme politique et, devenu son pendant logique, le libéralisme économique. Le mariage heureux entre la doctrine du Plan qui a prévalu des années durant et l'initiative privée a produit à terme, comme on s'en était rendu compte, quelques années plus tard, un modèle Cependant, la séquence la plus significative dans les options pragmatiques de feu Hassan II aura été, sans conteste, la vision prémonitoire d'une agriculture dynamique, structurée et adossée à un impératif, celui d'assurer d'une part l'autosuffisance en termes de production et d'approvisionnement et, d'autre part, de faire de notre pays une plateforme d'exportations. Le résultat ? Le secteur agricole, non seulement satisfait très largement aux besoins des populations à tous les niveaux, mais exporte par le biais des accords signés avec l'Union européenne. On doit de telles performances – qui ne manquent pas de faire se pâmer d'envie plusieurs autres pays – au génie des trente barrages conçus et lancés par feu Hassan II, à raison d'un par an. Premier producteur et exportateur des phosphates, notre pays a modernisé son appareil stratégique grâce à l'évolution irréversible mise en œuvre par l'OCP qui, devenu le fer de lance de l'export, conquiert tour à tour les marchés mondiaux L'industrie halieutique, le tourisme, l'habitat et les nouvelles technologies ont connu entre 1960 et 1999 une sorte de « boom » sans précédent et sans commune mesure avec l'évolution des mêmes secteurs dans d'autres pays semblables. Un vent de réforme a soufflé pendant des années sur le Maroc, sorti peu à peu du sous-développement, marchant vers un progrès laborieux, sans doute à plusieurs paliers, voire à plusieurs vitesses, mais en fin de compte harmonieux. Il convient, néanmoins, de souligner que c'est dans le domaine de la politique étrangère que le Roi Hassan II a labouré et creusé le sillon le plus profond. Le choix du non-alignement, plutôt du neutralisme « actif », entre le capitalisme incarné par les États-Unis et le communisme de la Russie soviétique, constituait une option audacieuse et originale à la fois. À la conférence des pays Non-alignés organisée à Belgrade en 1960, le Roi Hassan II prononça un important discours où il confirma pour ainsi dire ces options. Le résultat est que, se refusant à s'inscrire dans un schéma manichéen réducteur, notre pays conserva et développa même des relations équilibrées aussi bien avec la Russie soviétique et les pays du glacis communiste qu'avec l'Amérique et les pays capitalistes Il fut parmi les tout premiers à reconnaître la République de Chine populaire, il apporta un précieux soutien à tous les mouvements de libération des pays du tiers-monde en lutte contre l'occupation coloniale ou impérialiste, en Afrique notamment, dans le monde arabe, au Maghreb… Nelson Mandela, le soulignera des décennies plus tard, à la barbe de ses successeurs transformés en ingrats bonimenteurs. Pour la libération de la Palestine, feu Hassan II ne ménagera aucun effort au Sommet arabe de Rabat de 1974 pour imposer l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) comme seul et unique représentant du peuple palestinien et interlocuteur au plan international. De la même manière, écouté, apprécié pour ses conseils et sa sagesse, feu Hassan II prodiguera de précieuses recommandations aux dirigeants israéliens. Il sera l'un des tout premiers promoteurs de l'idée d'un État palestinien indépendant, reconnu dans ses frontières d'avant juin 1967, ayant pour capitale al-Qods. Au cœur du principe, le Roi Hassan II inscrivait l'impératif d'une indubitable cohabitation de l'Islam, du Judaïsme et du Christianisme, trois religions monothéistes, issues du Livre… Un homme, un grand Roi a façonné le Maroc et lui a conféré les bases d'une démocratie réelle, qui échappait aux vieux schémas alors en vogue. Hassan II, dont la mémoire conservera avec force la volonté de parachever l'intégrité territoriale du Royaume, d'avoir contre vents et marées réunifié celui-ci et libéré notre Sahara, nous laisse un héritage lourd en termes de réalisations, de projets et de défis. Il fut notre père à tous. Dans ses pas heureux et exigeants, le Maroc avance sous la conduite de son fils, Mohammed VI, Roi exceptionnel, réformateur, modernisateur et initiateur du Maroc du IIIe millénaire. SOURCE WEB Par LE MATIN