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Pour un air pur et un ciel bleu : lutter contre la pollution due aux fumées et aux poussières

Pour un air pur et un ciel bleu : lutter contre la pollution due aux fumées et aux poussières

Début juin, le ciel a viré au jaune-orangé dans une grande partie du nord-est des États-Unis. La population s’est réveillée dans un brouillard enfumé et sous un soleil rouge, et les autorités ont conseillé aux habitants de rester chez eux pour se protéger d’un cocktail toxique de polluants atmosphériques. À New York, les niveaux de particules d’une taille inférieure ou égale à 2,5 microns (PM2,5) (a) ont atteint le chiffre record de 400 microgrammes par mètre cube. Cette valeur est onze fois supérieure à la norme recommandée par l’Agence américaine pour la protection de l’environnement pour une période de 24 heures. C’est comme si chaque habitant de la ville, bébés compris, avait fumé entre 5 et 10 cigarettes (a). Ce jour-là, ces niveaux de pollution atmosphérique sans précédent ont fait de New York la mégapole la plus polluée du monde, détrônant ainsi des villes comme New Delhi ou Lahore, habituées de longue date aux records de pollution (a).

La cause de cette pollution atmosphérique qui a frappé New York et plus généralement le nord-est du pays ? Des fumées portées par les vents en provenance de l’Alberta, de la Nouvelle-Écosse et du Québec, provinces canadiennes qui ont connu des températures record (a) et des sécheresses responsables d’un nombre inédit d’incendies de forêt.

La qualité de l’air : un réseau complexe de systèmes qui nous affecte tous, dans le monde entier

Cet épisode souligne que la qualité de l’air est un réseau complexe de systèmes (a) qui touche tout le monde, partout, à des degrés divers (a). Il est alarmant de constater qu’aucun pays ne respecte les lignes directrices sur la qualité de l’air publiées chaque année par l’Organisation mondiale de la santé (a) pour les particules fines (PM2,5), qui sont responsables de 6,4 millions de décès par an. Et moins de 50 % des pays atteignent la cible (a) intermédiaire, moins stricte. Il s’ensuit que 99 % de la population mondiale est exposée à une pollution atmosphérique dépassant les limites recommandées par l’OMS.

Les épisodes de pollution atmosphérique aiguë provoqués par les feux de forêt ou les tempêtes de sable et de poussière vont s’aggraver avec le changement climatique.  Si les incendies peuvent avoir diverses causes (a), leur fréquence et leur intensité croissantes soulignent le lien étroit entre les évènements météorologiques extrêmes liés au changement climatique et la pollution atmosphérique. En Amérique du Nord, les effets du phénomène El Niño/ENSO, qui contribuent à un climat plus sec et plus chaud dans le nord des États-Unis et au Canada (a), sont amplifiés par le changement climatique. Les saisons des feux de forêt sont déjà plus longues et plus intenses. Aux États-Unis, la superficie brûlée a augmenté de façon spectaculaire, passant d’environ un demi-million d’hectares en 1983 à plus de 3 millions en 2020 (a). Cette tendance ne se limite pas aux États-Unis et au Canada. Ces dernières années, des incendies extrêmes ont ravagé l’Amazonie, l’Alaska, l’Australie, la Californie, l’Europe, l’Indonésie, la Russie et la Turquie, et ont entraîné une pollution de l’air se propageant sur de vastes distances.

Le réchauffement et l’assèchement dus au changement climatique, responsables de l’augmentation des incendies de forêt, contribuent également à l’aggravation de la désertification. Les paysages secs et dégradés peuvent intensifier les tempêtes de sable et de poussière qui, avec les incendies de forêt, présentent des risques importants pour l’environnement et la santé (a). Soulevées par des vents puissants transportant des particules de poussière provenant de sols en proie à l'érosion, en particulier dans les zones touchées par la sécheresse et dégradées, les tempêtes de sable et de poussière sont intensifiées par des pratiques non durables d’utilisation des sols, la disparition du couvert végétal et la perte de biodiversité.  Elles détruisent des millions d’hectares de patrimoine naturel renouvelable et contribuent fortement à la pollution de l’air dans certaines régions du monde. Selon des études récentes (a), plus de 50 % de l’exposition annuelle moyenne aux PM2,5 en Asie centrale et dans le Caucase du Sud peut être attribuée à la poussière naturelle et aux incendies de forêt.

« Le réchauffement et l’assèchement dus au changement climatique, responsables de l’augmentation des incendies de forêt, contribuent également à l’aggravation de la désertification. Les paysages secs et dégradés peuvent intensifier les tempêtes de sable et de poussière qui, avec les incendies de forêt, présentent des risques importants pour l’environnement et la santé. »

La pollution atmosphérique participe d’une « boucle de rétroaction » qui amplifie les effets climatiques

La pollution atmosphérique due à la fumée et aux poussières nuit à l’environnement, à la santé publique et à la productivité.  Elle participe d’une « boucle de rétroaction » qui amplifie les effets climatiques : les incendies de forêt sont une source majeure d’émissions de GES et de destruction des forêts, tandis que les tempêtes de poussière naturelles sont associées à l’érosion et à la perte de carbone du sol, ainsi qu’à la baisse des rendements agricoles.

En Ukraine, les feux de forêt, responsables d’environ 8 % des émissions de PM2,5, ont fortement contribué à l’augmentation de la mortalité liée à la pollution atmosphérique depuis la guerre.  En Ouzbékistan, une étude récente (a) estime à 44 millions de dollars par an les pertes économiques causées par les tempêtes de sable et de poussière provenant des fonds marins asséchés de la mer d’Aral. Elle semble indiquer qu’une restauration soigneusement planifiée du paysage peut fortement réduire la pollution atmosphérique et améliorer la santé et les moyens de subsistance, ce qui représente des bénéfices annuels de 28 à 44 millions de dollars. Elle souligne également que la restauration des paysages peut aussi contribuer à atténuer les effets du changement climatique en évitant la libération de carbone et en absorbant le CO2.

En Turquie, les incendies de 2021 (a) ont causé des dommages considérables aux infrastructures urbaines, forestières et agricoles ; ils n’ont pas épargné les zones résidentielles et ont entraîné des pertes environnementales, humaines et économiques. Un nouveau projet de la Banque mondiale pour la résilience des forêts au changement climatique, d’un montant de 400 millions de dollars, s'attaque au problème et permettra de remettre en état les zones brûlées. Il bénéficiera aux villages et aux communautés forestières, en fournissant des moyens de subsistance et un soutien à l’emploi à 21 000 ménages ainsi qu’une assistance financière et technique à 2 000 entreprises dirigées par des femmes. En République kirghize, un projet de 50 millions de dollars (a) en cours de préparation a pour objectif de lutter contre la pollution de l’air dans la capitale, Bichkek, qui figure depuis ces dernières années en tête du classement des villes les plus polluées de la planète selon l’indice mondial de qualité de l’air. Ce projet contribuera à réduire la pollution par les particules fines grâce à l’amélioration du système national de gestion de la qualité de l’air et à des mesures permettant un chauffage domestique plus propre, un projet pilote de ceinture verte autour de la ville et un meilleur entretien des espaces verts afin de réduire les poussières transportées par le vent et les effets d’îlot de chaleur.

Assainir l’air : l’importance de l’action publique

Dans les régions arides comme celles de l’Asie centrale, du Caucase du Sud et de la Turquie, et ailleurs dans le monde, des stratégies et des politiques nationales de croissance verte, conjuguées à une gestion durable des ressources naturelles et à la participation citoyenne, peuvent fortement réduire la pollution atmosphérique, améliorer la santé et créer des emplois au niveau local. La restauration efficace des paysages et la bonne conservation des sols, l’écologisation urbaine et la lutte contre les incendies peuvent également avoir des retombées positives à l’échelle mondiale en atténuant les effets climatiques et en renforçant la résilience aux chocs climatiques futurs.

L’air pur est fondamentalement un bien public mondial.  Ses bienfaits dépassent les frontières, nécessitent une coopération régionale et profitent à tous. Grâce à des mesures efficaces en matière de climat, d’environnement et de qualité de l’air, nous pouvons faire en sorte que le ciel reste bleu.

SOURCE WEB PAR : BLOGS.WORLDBANK

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