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Entretien avec Hamid Benbrahim El-Andaloussi, président du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS)

Entretien avec Hamid Benbrahim El-Andaloussi, président du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS)

«Nous sommes en phase avec la nouvelle stratégie industrielle»

«Dans cette deuxième phase, nous ambitionnons de consolider les acquis en mettant l’accent sur le développement d’un écosystème qui intègre progressivement les acteurs locaux.»

Le Matin : Le ministre de l'Industrie Moulay Hafid Elalamy vient de présenter une nouvelle stratégie industrielle 2014-2020. Quelle en est votre appréciation et comment se positionne l’aéronautique dans cette feuille de route ?

Hamid Benbrahim El-Andaloussi : Au niveau du GIMAS, nous considérons que les grands axes de la stratégie constituent un approfondissement du plan Émergence. C’est une stratégie qui se veut une nouvelle phase d'accélération industrielle et de développement des écosystèmes performants. Nous sommes tout à fait en convergence avec les orientations stratégiques du ministère parce que l’aéronautique est également aujourd’hui dans sa deuxième phase de développement qui repose justement sur le développement d’un écosystème performant, notamment la supply-chain.

En quoi consiste cette deuxième phase de développement ?

Je rappelle tout d’abord qu’après plus d’une décennie, le Maroc a réussi à développer une base aéronautique compétitive dans le prolongement naturel de l’Europe. Pendant cette première phase, l’industrie était en croissance continue, 17% en moyenne annuelle, passant d’une contribution de moins de 0,5% aux exportations nationales à plus de 5% aujourd’hui, avec un 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires réalisé hors frontières. Le secteur compte actuellement 107 entreprises contre moins de dix une décennie plus tôt. Il représente aussi 10 000 emplois hautement qualifiés. Cette performance offre au Maroc une opportunité pour aller plus loin, plus vite dans le développement de son industrie aéronautique. Mais il faut dire que l’acquis actuel est essentiellement porté par des industriels étrangers. Dans cette deuxième phase, nous ambitionnons de consolider les acquis en mettant l’accent sur le développement d’un écosystème qui intègre progressivement les acteurs locaux.

De quoi s'agit-il concrètement ?

D’abord, notre objectif est d’attirer de nouveaux marchés, notamment américain, britannique, allemand, canadien et italien. Ensuite, nous voulons élargir la palette des métiers aéronautiques disponibles au Maroc par l’apport de nouveaux industriels dans les secteurs et les créneaux manquants dans la chaine. Au-delà de l’aéronautique, l’enjeu pour nous est de créer véritablement une grappe industrielle qui comprenne aussi les métiers connexes de l’aéronautique, comme l’électronique embarquée, la défense, la sécurité, le médical, les matériaux composites, les services et l’ingénierie associée. Notre objectif, en outre, et c’est l’un des axes prioritaires, c’est de développer la relation avec le tissu industriel et de services local, notamment la métallurgie, pour qu’il s’implique aussi dans l’aéronautique et développe des capacités de sous-traitance. Nous incitons aussi les jeunes compétences à s’investir dans des métiers pouvant intégrer la chaine de valeur, notamment tout ce qui est outillage, métaux, prototypage, bureau d’étude et ingénierie… Enfin, le volet recherche-développement et innovation technologique est fortement présent dans cette nouvelle phase. Nous allons inciter les universités, les écoles d’ingénieurs, les organismes gouvernementaux à s’associer davantage pour créer un véritable pôle technologique, CAP (Casablanca Aéropole) de Nouaceur. Ce CAP dialogue sur deux fenêtres – la Méditerranée avec l’Europe et l'Atlantique avec les États-Unis – et accompagne les industriels pour plus de compétitivité.

Comment comptez-vous impliquer l’industrie locale ?

En incitant les entreprises à la diversification de leurs activités dans la filière aéronautique. Mais aussi en encourageant les industriels et entrepreneurs marocains à constituer des joint-ventures avec des donneurs d’ordre mondiaux importants. Il faut souligner que plusieurs donneurs d’ordre souhaitent trouver localement des sous-traitants et sont prêts à les accompagner dans le développement d’une activité compatible avec l’exigence du métier de l’aéronautique. Je cite comme exemple Safran qui compte au Maroc huit sociétés aujourd’hui et qui a réalisé pas loin de 400 millions de dollars de chiffre d’affaires à l’export en 2013. Bombardier, qui prévoit d’investir environ 200 millions de dollars sur une période de huit ans dans son projet au Maroc, est aussi à la recherche de fournisseurs locaux.

L'année 2014 constitue donc un tournant pour le secteur aéronautique...

2014 et 2015 sont des années structurantes, vu la pression actuelle que connait cette industrie au niveau mondial pour trouver et développer des capacités de production. Savez-vous qu’il y a 35 000 avions à construire d’ici 2020 et que l’aéronautique représente 5 000 milliards de dollars de chiffre d’affaires sur les vingt années à venir et autant pour les services correspondants, entretien, ingénierie notamment ? Cette importante demande mondiale est accompagnée par une forte montée des cadences de construction des avions. Chez Boeing ou Airbus, on est passé par exemple de 37 ou 38 avions par mois à 50 ou 55 appareils. Dans ce contexte, le Maroc qui a aujourd’hui une histoire et une expérience dans le métier doit se positionner davantage. Pour ce faire, il faut que nous soyons capables de répondre vite et bien à cette demande industrielle. Voilà pourquoi État et industriels continuent de coopérer dans le cadre d’une stratégie concertée et partagée qui est le plan Émergence. C’est grâce à cette stratégie, qui va donc s’accélérer entre 2014 et 2020, que l’État et les industriels travaillent aujourd’hui comme une équipe Maroc : sur tout ce qui est foncier avec Midparc comme plateforme modèle pour attirer les sociétés, dont les PME ; formation à travers l’Institut des métiers de l'aéronautique – IMA –, et financement. Sur ce dernier volet, nous sommes en train de constituer un fonds d’investissement : l'Aerofund. Nous restons confiants dans la capacité du pays à se positionner davantage comme la grande base aéronautique la plus compétitive dans le prolongement de l’Europe. 

Publié le : 2 avril 2014 –SOURCE WEB Par Moncef Ben Hayoun, LE MATIN

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