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Nigeria 5 questions sur l’enlèvement de plus de 200 lycéennes

Nigeria  5 questions sur l’enlèvement de plus de 200 lycéennes

Des femmes protestent contre l’enlèvement des jeunes filles au Nigeria, le 5 mai 2014.

Au Nigeria, deux cent vingt-trois lycéennes sont retenues depuis le 14 avril par les islamistes armés du groupe Boko Haram, qui ont revendiqué l'enlèvement lundi 5 mai. Sur les deux cent soixante-seize filles kidnappées dans le dortoir de leur école à Chibok, dans le nord-est du pays, seules cinquante-trois ont pu recouvrer la liberté en s'enfuyant. L'enlèvement de ces jeunes filles a suscité de nombreuses réactions aussi bien dans le pays qu'à l'échelle internationale.

Comment le groupe Boko Haram a-t-il enlevé les lycéennes ?

Des hommes armés, vêtus de treillis militaires, ont pris d'assaut, le 14 avril au soir, l'internat du lycée de la ville de Chibok, dans l'Etat de Borno (nord-est du pays), mettant le feu à plusieurs bâtiments avant de tuer un policier et un soldat et de pénétrer dans l'établissement. Ils se sont fait passer passer pour des soldats venus sécuriser l'école, avant d'obliger les lycéennes à en sortir. Ils les ont fait monter dans des camions puis se sont enfoncés dans la forêt de Sambisa, connue pour abriter des camps fortifiés de Boko Haram.

Que revendique le groupe Boko Haram?

Boko Haram, dont le nom signifie « l'éducation occidentale est un péché » en langue haoussa, est un groupe islamiste terroriste qui revendique la création d'un Etat islamique dans le nord du Nigeria. Il prône la Charia et s'oppose à l'instruction des femmes. Le groupe a souvent pris pour cible des établissements scolaires dans le nord du pays, incendiant des écoles ou massacrant des étudiants dans leur sommeil. Revendiquant l'enlèvement des lycéennes lundi 5 mai, dans une vidéo de cinquante-sept minutes, Boko Haram s'est adressé aux parents, par la voix de son chef, Abubakar Shekau : « J'ai enlevé les filles. Je vais les vendre sur le marché, au nom d'Allah », a-t-il déclaré. « J'ai dit que l'éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter [l'école] et vous marier », a ajouté Abubakar Shekau, qui a précisé garder « des gens comme esclaves ».

Où sont retenues les 223 lycéennes?

Lagos, le 5 mai. Des Nigérians manifestent pour inciter le gouvernement à retrouver et libérer les quelque 200 lycéennes enlevées le 14 avril par le groupe Boko Haram.

La porte-parole de la diplomatie américaine, Marie Harf, a fait savoir lundi que « beaucoup d'entre elles ont probablement été déplacées hors du pays, vers des pays voisins ». Et diverses sources de l'Etat de Borno, citées par l'AgenceFrance-presse, ont évoqué le possible transfert des adolescentes au Tchad et auCameroun voisins, où elles auraient été vendues 12 dollars chacune. Ces dernières informations n'ont pu être confirmées pour l'instant

Lors d'un entretien télévisé dimanche sur la chaîne NTA (Nigerian Television Authority), le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, a affirmé n'avoir aucune information précise sur le lieux de détention des jeunes filles. Le président a déclaré que les forces de sécurité étaient néanmoins à la recherche active des jeunes filles : « Nous avons utilisé des avions et des hélicoptères capables d'analyser et de scruter le terrain, mais nous n'avons obtenu aucun résultat », a-t-il reconnu.

Que fait le gouvernement nigérian?

Goodluck Jonathan a également déclaré dimanche que le gouvernement n'était pas impliqué dans une procédure de négociations avec Boko Haram ou avec tout autre groupe en vue de la libération des jeunes filles. Il aurait demandé l'aide de pays voisins, le Cameroun, le Tchad, le Bénin, le Niger, ou encore l'aide de pays de l'Afrique du Nord.

Le président a également appelé à une « coopération maximale » des parents et des forces de sécurité pour retrouver les jeunes filles. Ils « n'ont pas été en mesure de donner des informations précises sur l'identité des jeunes filles à lapolice », selon Goodluck Jonathan. Il a également mis en place, vendredi, un comité qui rassemble des agences de sécurité et des organisations internationales afin de récolter des indices pour aider à la possible libération des lycéennes.

Dans son entretien de dimanche, le président Goodluck Jonathan a annoncé que son gouvernement espérait le soutien du président Barack Obama pour aider son pays à résoudre ses graves problèmes de sécurité. Le Nigeria, pays africain le plus peuplé, connaît de graves problèmes sécuritaires depuis plusieurs mois. « Nous parlons à des pays dont nous espérons une aide (...). Les Etats-Unis sont les premiers. J'ai déjà parlé deux fois avec le président Obama », a-t-il poursuivi, sans préciser quand ces entretiens avaient eu lieu. Les Etats-Unis ont répondu,par la voix de leur secrétaire d'Etat, John Kerry , qu'ils feraient « tout ce qui est possible » pour aider le Nigeria, sans donner davantage de précisions pour le moment. Goodluck Jonathan a aussi approché d'autres pays comme la France, laChine et le Royaume-Uni.

Comment la population réagit-elle?

L'Etat est critiqué par les Nigérians pour son absence de mesures concrètes. Des manifestations se sont déroulées au Nigeria : d'Abuja, la capitale, à Lagos, les manifestants portaient du rouge et entonnaient des prières. Le mouvement s'est même étendu à l'international, avec plusieurs manifestations prévues dans le monde. La communauté nigériane de New York est descendue samedi dans les rues pour manifester sa « colère » envers l'inaction du gouvernement nigérian. Les manifestants, réunis à Union Square, ont exigé que des actions plus importantes soient entreprises. Même situation à Washington ou à Londres. Un rassemblement est prévu lundi 5 mai, à 19 heures, à Paris à l'ambassade du Nigeria. Sur les réseaux sociaux, les internautes soutiennent également le mouvement (#BringBackOurGirls). Les parents des jeunes lycéennes ont manifesté jeudi dans l'Etat de Borno, à l'endroit où les jeunes filles ont été enlevées. Ils ont réclamé aux autorités de faire appel à l'aide internationale pour obtenir leur libération

5 Mai 2014_SOURCE WEB Par Magali Judith  Le Monde

Tags : Au Nigeria, deux cent vingt-trois lycéennes sont retenues depuis le 14 avril par les islamistes armés du groupe Boko Haram, qui ont revendiqué l'enlèvement lundi 5 mai- filles kidnappées dans le dortoir de leur école à Chibok- Boko Haram, dont le nom signifie « l'éducation occidentale est un péché » en langue haoussa, est un groupe islamiste terroriste- Il prône la Charia et s'oppose à l'instruction des femmes- par la voix de son chef, Abubakar Shekau : « J'ai enlevé les filles. Je vais les vendre sur le marché, au nom d'Allah », a-t-il déclaré. « J'ai dit que l'éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter [l'école] et vous marier », a ajouté Abubakar Shekau, qui a précisé garder « des gens comme esclaves »- diverses sources de l'Etat de Borno, citées par l'AgenceFrance-presse, ont évoqué le possible transfert des adolescentes au Tchad et auCameroun voisins, où elles auraient été vendues 12 dollars chacune. Ces dernières informations n'ont pu être confirmées pour l'instant-