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L'épidémie d'Ebola en Afrique expliquée en 5 questions

L'épidémie d'Ebola en Afrique expliquée en 5 questions

C'est une épidémie de fièvre hémorragique d'une ampleur sans précédent. La maladie à virus Ebola qui frappe la Sierra Leone, le Liberia et la Guinée faitcraindre une propagation de l'infection au-delà des frontières de ces pays d'Afriquede l'Ouest, et mobilise les autorités sanitaires mondiales pour contenir ce risque.

Selon le dernier bilan de l'OMS, publié le 6 août :

  • 1 711 cas de fièvre hémorragique ont été répertoriés depuis le début de l'épidémie, en mars, dont 1 070 confirmés comme étant dus au virus Ebola ;
  • parmi ces cas, 932 personnes sont mortes. La Guinée, avec 363 morts, est à ce jour le pays le plus touché. En Sierra Leone, 286 malades sont morts, au Liberia, 282 personnes ont succombé à la fièvre hémorragique, tandis que leNigeria a enregistré un mort.
Nombre de mortsLe nombre de morts dus à Ebola depuis marsSelon les données de l'OMSGuinéeLiberiaSierra LeoneNigeriaAvril 2014Mai 2014Juin 2014Juillet 2014Août 201402004006008001000

1/ Qu'est-ce que le virus Ebola ?

La maladie à virus Ebola est un type de fièvre hémorragique. Elle est causée par une infection due à un virus de la famille des filoviridés, le virus Ebola, qui tire son nom d'une rivière du nord de la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), où il a été repéré en 1976. 

Le virus Ebola vu au microscope.

Cinq espèces de virus Ebola ont été identifiées (Zaïre – la souche qui touche actuellement l'Afrique de l'Ouest –, Soudan, Bundibugyo, Reston, forêt de Taï). Quatre d'entre elles peuvent causer la maladie chez l'humain, tandis que la cinquième, le virus Reston, ne semble provoquer, pour l'instant, des symptômes que chez les primates. Depuis 1976, une trentaine d'épidémies de fièvre Ebola ont touché des villages isolés d'Afrique centrale (RDC, Ouganda, Soudan, Gabon), avant de se propager vers l'ouest en mars 2014, en Guinée d'abord, puis en Sierra Leone et au Liberia.

L'épidémie actuelle, avec 932 morts, représente plus de la moitié (58 %) de l'ensemble des victimes (1 590) provoquées par les autres épidémies d'Ebola depuis trente-huit ans.

2/ Comment se propage-t-il ?

La cause première des poussées épidémiques reste mystérieuse, et les hôtes naturels du virus demeurent inconnus, même si les chercheurs ciblent particulièrement les chauves-souris frugivores. Le virus s'est probablement introduit dans la population humaine après un contact étroit avec des animaux infectés, tels que des chauves-souris, chimpanzés, gorilles, antilopes des bois et porcs-épics.

La diffusion du virus Ebola.

Le virus se propage ensuite d'homme à homme par contact direct (peau lésée ou muqueuses) avec des liquides biologiques (sang, salive, sueur, sperme, vomissures, matières fécales) de personnes infectées. En Afrique, les rites funéraires au cours desquels les parents et amis du défunt sont en contact direct avec la dépouille jouent souvent un rôle dans la transmission du virus.

L'agent pathogène peut aussi se transmettre par contact indirect, par exemple avec des objets comme des seringues contaminées. Des personnels de santé ont souvent été infectés en traitant des cas suspects ou confirmés, lorsque les précautions anti-infectieuses n'ont pas été strictement appliquées.

Une personne n'est pas contagieuse tant que les symptômes ne se sont pas manifestés. Selon les centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), il est ainsi « très improbable » que le virus Ebola se transmette parmi les passagers d'un avion ou d'un train, puisqu'un contact direct avec des sécrétions corporelles est nécessaire. La plupart des personnes infectées vivent avec des malades qui ont des symptômes ou sont membres du personnel médical qui les soigne.

3/ Quels sont les symptômes du virus ?

Après une période d'incubation de deux à vingt et un jours (huit jours en moyenne), la maladie se caractérise souvent par une apparition brutale de fièvre (supérieure ou égale à 38,5 °C), avec une faiblesse intense, des douleurs musculaires, des maux de tête et une irritation de la gorge. Ces symptômes sont suivis de vomissements, de diarrhées, d'une éruption cutanée, d'une insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d'hémorragies internes et externes.

La fièvre hémorragique Ebola a un taux de mortalité de 25 à 90 %, et ceux qui y survivent peuvent être contagieux pendant deux mois. Les cas graves sont placés en unité de soins intensifs, et les malades, déshydratés, doivent être mis sous perfusion.

Lire notre reportage dans le « triangle de l'Ebola » en Afrique : Avec les damnés du virus Ebola

4/ Existe-t-il un traitement ?

Du personnel médical procède à des désinfections dans le cadre de la lutte contre le virus Ebola, au Liberia. Du personnel médical procède à des désinfections dans le cadre de la lutte contre le virus Ebola, au Liberia. | REUTERS/HANDOUT

Il n'existe pour l'instant aucun traitement ni aucun vaccin spécifiques contre la maladie à virus Ebola. Des recherches sont en cours et un traitement expérimental, le ZMapp, a été administré aux deux travailleurs humanitaires américains infectés au Liberia et rapatriés aux Etats-Unis mardi 5 août. Mais l'efficacité de ce traitement doit encore être scientifiquement établie par de nouveaux essais sur l'homme. S'ils s'avèrent concluants, il s'agira également deproduire ce médicament à large échelle et pour un faible coût. Pour l'instant, Mapp Biopharmaceutical indique disposer de très petites quantités de ZMapp.

Outre le ZMapp, les chercheurs travaillent sur plusieurs pistes de médicaments afin de parvenir à traiter les symptômes de la maladie, de s'opposer à la réplication du virus ou de limiter sa diffusion dans le sang. Des recherches sont également orientées vers la mise au point de vaccins, soit à visée thérapeutique, pour renforcer la réponse immunitaire de la personne infectée, soit à visée préventive, chez la personne non infectée.

Lire : Ebola : les pistes de recherche de traitements et de vaccins

Le professeur Peter Piot, codécouvreur du virus en 1976, appelle à autoriser les traitements expérimentaux en Afrique. « La prévention est indispensable, mais il faut agir pour éviter que les personnes infectées ne meurent. C'est comme cela que l'on réinstaure la confiance dans les mesures de prévention. La lutte contre le VIH l'a bien montré », explique-t-il. Et d'ajouter : « Le seul moyen de testerl'efficacité de ces traitements chez l'homme est de le faire pendant une épidémie. Il faut avancer en accélérant les essais de phase 1. »

Lire l'entretien : Ebola : « C'est maintenant qu'il faut autoriser les traitements expérimentaux en Afrique »

5/ Comment se protéger contre le virus Ebola ?

L'OMS et les CDC ont publié sur leurs sites Internet les mesures et précautions à prendre pour se protéger de ce virus. Les personnes vivant dans des zones où Ebola est endémique doivent éviter tout contact rapproché avec des patients infectés et se laver régulièrement les mains après avoir rendu visite à des parents malades. Les personnes mortes de cette infection doivent être inhumées rapidement, et l'entourage doit limiter les contacts avec la dépouille.

Les personnels soignants, qui doivent être formés pour reconnaître rapidement les cas d'Ebola, doivent se protéger en portant des blouses, masques sanitaires, lunettes de protection et gants lors des contacts proches, et se laverrégulièrement les mains avant et après un contact avec tout patient qui a de la fièvre. Les patients qui présentent des symptômes doivent être mis en quarantaine. Enfin, les équipements médicaux doivent être stérilisés et désinfectés très régulièrement.

Lire l'entretien : Ebola : « En l'absence d'un vaccin, la conception d'un traitement est la priorité »

01.08.2014 à 17h36 

Audrey Garric Journaliste au service Planète du Monde Le Monde.fr 

§                     Tags : L'épidémie d'Ebola -épidémie de fièvre hémorragique d'une ampleur sans précédent-La maladie à virus Ebola qui frappe la Sierra Leone, le Liberia et la Guinée fait craindre une propagation de l'infection au-delà des frontières de ces pays d'Afrique de l'Ouest- Organisation mondiale de la santé (OMS)- l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a débloqué 75 millions d'euros pour lutter contre l'épidémie- Ces zones seront isolées par la police et l'armée -La France a réitéré sa recommandation de suspendre, « sauf raison impérative », tout voyage dans la zone-1 323 cas de fièvre hémorragique ont été répertoriés depuis le début de l'épidémie, en février, dont 909 confirmés comme étant dus au virus Ebola parmi ces cas, 729 personnes sont mortes- Le virus se propage ensuite d'homme à homme par des contacts directs (peau lésée ou muqueuses) avec du sang, des sécrétions ou des liquides biologiques (salive, sueur, sperme, vomissures, matières fécales) de personnes infectées- centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC)- La fièvre hémorragique Ebola a un taux de mortalité pouvant atteindre 90 %- ceux qui y survivent peuvent être contagieux pendant deux mois- Il n'existe aucun traitement ni aucun vaccin spécifiques contre la maladie à virus Ebola- il faudra aussi accorder plus d'aide aux pays frappés par l'épidémie pour qu'ils puissent mettre en œuvre les politiques sanitaires adéquates-