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MEDays Vers un bouleversement des rapports Nord-Sud

MEDays  Vers un bouleversement des rapports Nord-Sud

Par Houda Sikaoui Mercredi, 23 Novembre 2011 13:48 L’ouverture démocratique de nombreux pays de la région laissent présager un nouveau souffle de développement économique et social. Ce nouvel élan pourrait relever le poids du Sud dans l’échiquier de la gouvernance mondiale et permettre, in fine, aux pays émergents de jouer un rôle plus prépondérant dans les prises de décisions stratégiques. L’avènement d’un nouvel ordre mondial qui rééquilibrerait la gouvernance mondiale, au profit des pays en développement s’imposerait-il alors? La déclaration de Tanger issue du Forum MEDays, tenu ces derniers jours, soutient cette initiative. Tout au long de cette manifestation, les différents intervenants se sont attelés à déterminer le nouveau rôle des pays du Sud dans la gouvernance mondiale. Celui-ci ne saurait être efficient qu’à travers une refonte du système de gouvernance internationale, dont le principal outil reste l’Organisation des Nations Unies. «La gouvernance de l’ONU doit subir une grande réforme qui passe par le renforcement du rôle de l’Assemblée générale et l’amélioration des modalités de fonctionnement du Conseil de sécurité», ont laissé entendre les participants. Les faits d’actualité laissent d’ailleurs entendre une volonté d’ouverture aux pays de la rive Sud de cette organisation internationale. Son conseil semble le confirmer en accueillant, depuis le 21 octobre dernier, le Maroc en qualité de membre non permanent. Cette consécration de la diplomatie marocaine au plan international n’est autre que la confirmation que certains pays du Sud, en pleine transition démocratique, sont aptes à jouer un rôle plus décisif dans la gouvernance mondiale. D’autre part, et comme la gouvernance ne passe pas uniquement par des outils diplomatiques, le G20 demeure également une des matrices à travers lesquelles de nombreuses décisions stratégiques sont prises et à laquelle une participation des pays du Sud serait «souhaitable». C’est à juste titre ce qui ressort des recommandations des MEDays 2011 qui préconisent «l’élargissement du G20 à 5 représentants non permanents élus pour un mandat de 2 ans par le G77, coalisation formée de 132 pays en développement». Mais la question qui s’impose, de fait, est de savoir à quel point cette recommandation est-elle réalisable. Pour Jawad Kerdoudi, président de l’institut marocain des relations internationales (IMRI), «c’est une proposition judicieuse. Cependant, pour ce faire, il faudra régler deux points de blocage relatifs à l’aspect de petit comité que les membres du G20 ont voulu instaurer mais également au système de vote pour déterminer les représentants». Pour l’heure, au préalable de toute nouvelle adhésion des pays du Sud au G20, l’initiative de Tanger semble vouloir déblayer le terrain en recommandant une régulation de l’économie et de la finance mondiale «en donnant le pouvoir aux banques centrales pour mieux contrôler les transactions et l’exposition aux risques du secteur bancaire et financier». Au menu également, des propositions qui se dégagent du forum MEDays, la mise en place d’une taxation sur les transactions financières comme annoncé lors du dernier sommet du G20. Plus concrètement pour les pays du Sud, la création d’une banque euro-méditerranéenne de financement et d’assurance crédit, à l’instar de la Banque européenne, constituerait un outil de soutien et de protection des investissements dans la région. Ces investissements sont largement encouragés dans une meilleure intégration économique et des échanges commerciaux entre les pays du Sud plus fructueux. Ces derniers semblent encore largement entravés pars de nombreux conflits qui subsistent dans la région. Notamment le conflit israélo-palestinien, ou encore le statu quo qui persistent entre le Maroc et l’Algérie, maintenant jusqu’à présent leurs frontières communes fermées. Ce blocage total des échanges commerciaux paralyse de fait toute possibilité d’instauration d’une zone d’échanges économiques prospère. Dans l’absolu, les différentes recommandations du Forum MEDays pourraient s’avérer largement bénéfiques pour certains pays en développement pour peu que ces derniers constituent déjà des poids économiques et des régimes stables dans la région. Pour bon nombre de pays émergents, l’objectif ne semble pas encore atteint. Dans un premier temps, lorsqu’il s’agit d’analyser la stabilité des régimes politiques, la faille semble due à un manque de visibilité des systèmes politiques qui pourraient émerger des révolutions arabes (cf www.lesechos.ma). C’est dans cette optique que l’initiative de Tanger intervient pour recommander une meilleure défense des droits de l’Homme et des processus de démocratisation, appelant la communauté internationale à œuvrer pour la protection des populations contre les violences armées et les répressions sanglantes qui persistent encore et toujours dans la région. La position du Maroc Dans cette analyse globale de la possibilité d’inclusion du Sud dans l’échiquier décisionnel mondial, le Maroc occuperait une place de choix. En effet, il semble apte à répondre aux différentes exigences que celle-ci présente. C’est avec raison ce qui a été salué par les différents intervenants lors de ce Forum qui soutiennent que : «Le Maroc constitue réellement une exception dans la région dans le sens où il a su poursuivre une transition démocratique douce». La stabilité du régime semble aujourd’hui assurer la visibilité nécessaire aux investisseurs qui sont de plus en plus nombreux à faire confiance au marché marocain. C’est à juste titre ce qui s’est traduit par «un come back» des donneurs d’ordre dans différents secteurs et notamment celui du textile (cf. www.lesechos.ma). D’autre part, sur le plan diplomatique, et comme cité plus haut, le pays s’impose de plus en plus sur la scène internationale en siégeant au Conseil de sécurité. Cette ligne suivie par la diplomatie marocaine semble avoir quelques similitudes avec la stratégie turque, bien que l’approche globale ne soit pas la même. En effet, l’appareil diplomatique marocain semble se placer de plus en plus en outil de promotion du «produit Maroc» qui émerge timidement. C’est dans ce sens que les différentes interventions des MEDays ont convergé : «Si le Maroc a su démontrer la stabilité de son modèle politique, la portée de son actuel modèle économique, et notamment la détermination d’un produit Maroc viable, reste à exploiter dans une logique cohérente, efficace et efficiente». ________________________________________ Du pacte de Deauville à l’initiative de Tanger.. Le «compte rendu» des MEDays, qui se décline en une série de recommandations, se fixe comme objectif d’appuyer les engagements du Pacte de Deauville. Les conclusions du «forum du Sud» ont abouti à une proposition de création d’un fonds dédié pour assurer aux pays concernés un financement concret et pérenne en faveur de la transition démocratique et du développement. Ce fonds multilatéral d’investissement (et non pas de prêt), serait totalement indépendant, destiné aux pays arabes en voie de développement et de démocratisation. Son siège devrait se situer dans la région et des antennes devront être ouvertes dans tous les pays cibles. En somme, ce texte vise «l’adoption d’une approche inclusive d’incitation et de conditionnalité positive, l’harmonisation de l’aide et la rationalisation des mécanismes de financement existants». SOURCE WEB Par Houda Sikaoui Les Echos Maroc