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Accord de pêche Maroc - UE

Accord de pêche   Maroc - UE

Akhannouch Aucun intérêt à renégocier Le gouvernement confirme le départ de la flotte UE Madrid réclame à Bruxelles une indemnisation financière Les opérateurs marocains jubilent Surprenant. Le mot revient comme un leitmotiv chez les décideurs marocains au lendemain du coup de tonnerre sur l’accord de pêche avec l’Europe. La diplomatie tout comme le ministère de la Pêche ont accueilli avec étonnement le rejet par la Parlement européen, mercredi 14 décembre, du protocole annexé à l’accord qui doit expirer le 27 février 2012. «D’autant plus que la demande de prorogation de ce protocole avait été formulée par la commissaire européenne chargée de la pêche le 22 février 2010», précise Zakia Drouich, directrice de la pêche et de l’aquaculture au ministère de l’Agriculture et de la pêche. Demande à laquelle le Maroc avait accédé pour éviter toute déstabilisation des opérateurs européens. Et tout le processus de négociation a été mené dans les règles de l’art, sanctionné par un vote positif de la commission spéciale le 22 novembre dernier. Mais voilà que les intérêts économiques mutuels font l’objet de calculs politiciens. D’où la vive réaction du ministère des Affaires étrangères sous la forme d’un ultimatum: «Les bateaux européens sont invités à quitter les eaux territoriales marocaines avant minuit (dans la nuit de mercredi à jeudi)». Selon Drouich, les 72 navires qui opéraient au large du Maroc ont quitté les eaux marocaines. En Espagne, le tout nouveau gouvernement, qui n’avait pas besoin d’une nouvelle crise, est aussitôt monté au créneau pour réclamer à l’Union européenne des compensations financières au profit de ses pêcheurs. Car, les grands perdants dans cette affaire, ce sont essentiellement les professionnels andalous qui opèrent dans les eaux marocaines. Sur les 119 chalutiers et navires de la pêche hauturière européenne, environ 108 battent pavillon espagnol. A l’opposé, les professionnels marocains jubilent et se disent «débarrassés d’une concurrence qui les gênait aussi bien au niveau des prises que sur les marchés de commercialisation du poisson frais». A leurs yeux, la décision du Parlement européen ne ferait que restaurer le pays dans ses ambitions légitimes. Le départ de la flotte européenne ne règle pas les problèmes. Il faudra enfin concrétiser une véritable réforme dans ce secteur et en finir avec les combines qui le gangrènent. L’enjeu se trouve à ce niveau. Le plan Halieutis, censé accélérer la valorisation à terre de la ressource halieutique, est pour l’instant au point mort. Chez les industriels, la «fête» se fait dans la retenue. Selon Mohamed El Jamali, industriel de la conserve de poissons, «le retrait de la flotte européenne va diminuer la pression sur la ressource, mais aura un impact fort négatif sur les pêcheurs espagnols». Reste le manque à gagner pour l’effort de développement du secteur. Pour rappel, le dernier protocole, qui a expiré le 27 février 2011, a apporté une contribution financière de 36,1 millions d’euros par an. Selon Drouich, cette enveloppe a été utilisée dans des actions de développement du secteur, notamment les infrastructures tels les ports, les halles aux poissons, les villages des pêcheurs et la lutte contre la pêche illicite non réglementée et non déclarée. En somme, des actions recommandées par les instances européennes elles-mêmes. S’ajoutent aussi les montants dus aux redevances pour licences de pêche. Les principales redevances concernent le thon et le poisson pélagique. Elle est de 25 euros la tonne pour la première espèce et 20 euros pour la seconde. «Au-delà, la décision du Parlement européen devrait constituer une sonnette d’alarme pour les professionnels européens», prévient Younès Zrikem, vice-président de l’Association des producteurs exportateurs de fruits et légumes. Selon lui, le compte n’y est plus dans les relations avec l’Union européenne. Surtout depuis que le Parlement européen s’est investi de la mission de ratifier les accords. Bien que le volet agricole ait été mené avec toutes les restrictions tel le système de quota, du prix d’entrée et du calendrier d’exportation, il traîne toujours. Alors que, de l’avis des gouvernements et professionnels concernés, il s’agit d’un accord équilibré. Mieux, il bénéficie beaucoup plus aux agro-industriels européens. Sans oublier qu’il intègre aussi le volet de la pêche dont la partie européenne veut libéraliser totalement les échanges. Or, cela fait trois ans -depuis l’octroi du statut avancé- que les relations Maroc-UE semblent s’installer dans une inertie. Tant pis pour l’Europe! La question de rejet de la prolongation du protocole à l’accord de pêche Maroc/UE était sur toutes les lèvres hier à Agadir lors du congrès international sur l’arganier. En marge de la rencontre, Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, a été assailli de questions par les journalistes. Il a jugé «regrettable» le vote du Parlement européen contre l’extension du protocole annuel de l’accord de pêche entre le Maroc et l’Union européenne. «C’est bien dommage que le Parlement européen n’ait pas voulu récompenser tous les efforts entrepris ces dernières années par le Maroc en termes de gestion rationnelle et durabilité de la ressource halieutique». Il a ajouté que le Royaume comptera sur ses propres moyens pour poursuivre le développement du secteur et qu’il y a bon nombre d’entreprises marocaines qui sont intéressées par l’exploitation du potentiel halieutique. Le ministre a également noté que la commissaire européenne pour la pêche, Maria Damanaki, «n’a pas pu malheureusement porter ce projet au sein du Parlement européen». Quid de nouvelles discussions pour un autre accord en la matière? Le ministre a indiqué qu’il n’en voyait pas l’intérêt. Il a aussi souligné que ce rejet aura «des conséquences très négatives sur les relations entre l’UE et le Maroc». SOURCE WEB Par A.G. L’Economiste