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Entretien avec Nizar Baraka, président du CESE

Entretien avec Nizar Baraka, président du CESE

«La dynamique de développement lancée dans les provinces du Sud va rassurer, motiver et mobiliser»
Entretien réalisé par Brahim Mokhliss,LE MATIN

C’est le Conseil économique social et environnemental (CESE) qui a élaboré le rapport relatif au nouveau modèle de développement qui a été soumis à S.M. le Roi. Son président, Nizar Baraka, nous explique l’importance de ce nouveau modèle, ses déclinaisons et ses enjeux.

Le Matin : Le nouveau modèle de développement des provinces du Sud est lancé. Quel est votre sentiment au sein du CESE ?

Nizar Baraka : Dès novembre 2013, le Souverain avait dit que le modèle de développement des provinces du Sud allait être développé et mis en œuvre suite au modèle que nous lui avions soumis. Aujourd’hui, on ne peut être que satisfaits puisque tous les points qui ont été proposés ont été mis en œuvre. La vision adoptée est intégrée et prend en compte la réalité de ces régions, leurs atouts et leurs contraintes. C’est aussi une vision qui marque une rupture, sur laquelle S.M. le Roi a beaucoup insisté et qui est nécessaires au décollage économique, social et environnemental du Sud marocain.

Ensuite, les chantiers stratégiques que nous avions proposés après avoir auditionné 1.500 acteurs politiques, économiques, sociaux et de la société civile ont tous été lancés. Ces acteurs ont pu à plusieurs occasions exprimer leurs besoins et leurs attentes et les traduire dans le rapport qui a été soumis au Souverain. Enfin, la gouvernance est érigée en principe fondamental, et c'est elle qui va pouvoir porter ce projet. Car pour que les programmes de développement des provinces du Sud puissent atteindre leurs objectifs, ils doivent émaner des populations pour aller au profit des populations à travers les conseils régionaux.

Est-ce que la population actuelle, avec sa faible densité, est capable d’absorber l’ensemble de ces chantiers et d’y répondre en termes de ressources humaines ?

Il est clair que les grands chantiers et les pôles d’excellence qui ont été lancés l’ont d’abord été pour les populations de ces régions. Il faut ajouter aussi qu’il s’agit d’une population qui connait une croissance assez importante. Il est essentiel de souligner que ces projets intègrent cette dimension régionale. Donc la priorité, ce sont les populations de ces régions, leur permettre d’accéder aux meilleurs services, en termes de soin de santé, d’éducation, surtout d’enseignement supérieur, mais aussi ouvrir la voie à la recherche-développement qui pourrait être utile à l’ensemble de la région.

Les potentialités des trois régions du Sud ne sont pas les mêmes et les budgets qui leur sont alloués ne sont pas identiques non plus. Quels sont les critères qui ont présidé à la répartition de ces budgets sur les régions ?

Au niveau du CESE, nous avons identifié les potentialités de chaque région. Il est clair que chacune des régions a ses propres spécificités.

Et il était très important de concevoir des pôles de compétitivité qui correspondent aux spécificités de chacune des régions et de les renforcer encore plus pour que celle-ci puissent véritablement saisir toutes les opportunités qui existent et aller au-delà. Les budgets qui ont été alloués répondent donc finalement à ces attentes et aux besoins concernant les grands chantiers structurants qui seront nécessaires pour développer ces régions et répondre aux besoins des populations.

Les chantiers entrant dans le cadre du nouveau modèle de développement sont lancés. Quelle lecture pouvez-vous en faire à la lumière du projet de loi des Finances en cours d’adoption ?

Les différents projets qui ont été lancés sont intégrés dans le projet de loi de Finances 2016. Car la nouvelle loi organique ouvre la voie à la logique programme et à la logique région, de telle sorte qu’il y ait une territorialisation des différentes politiques et des différents projets d’investissement.

Qu’en est-il du fonds de développement économique évoqué dans le discours royal ?

C’est un fonds interrégional qui sera financé par des transferts de l’État et par une part des revenus issus de l’exploitation des ressources naturelles de ces régions. L’objectif est de donner une véritable impulsion économique à ces régions à travers le financement de ces projets d’investissement, le financement des PME-PMI et l’appui à l’économie sociale et solidaire. Cela va permettre la création de véritables acteurs locaux de développement économique et social. Et ce dans le sens d’acteurs économiques qui ont la capacité de répondre aux appels d’offres, de créer de l’emploi et de la valeur. Cela va aussi ouvrir la possibilité aux citoyens de ces régions de développer des activités génératrices de revenus et d'améliorer leur niveau de vie. Il s’agit aussi de permettre à ces régions de s’intégrer dans les grands projets, programmes et grandes stratégies qui sont mis en œuvre dans le pays, comme le Plan Maroc Vert, Halieutis…

Lors de la présentation par le CESE du rapport sur le modèle de développement, le rôle qui serait joué par le secteur privé avait été mis en avant. Or, aujourd’hui, les projets annoncés par le secteur privé ne dépassent pas une enveloppe de l’ordre de 6 milliards de dirhams ?

Aujourd’hui, c’est une dynamique qui est lancée et il faut comprendre qu’il y a un certain nombre de préalables qui doivent être mis en place.

Après l’annonce du «Modèle», il y a un engagement. Après ce qui a été lancé officiellement par le Souverain, je pense que de nouvelles perspectives vont s’ouvrir pour les opérateurs économiques. Il va y avoir, comme l’a demandé S.M. le Roi, un cadre incitatif clair qui donne de la visibilité aux investisseurs. Il y a également la déclinaison des différentes politiques sectorielles à travers les nouvelles lois organiques.

Le rapport relatif au modèle économique avait également évoqué l’importance de la création d’un fonds au profit des personnes démunies et notamment les frères sahraouis qui regagnent la mère patrie. Mais il ne figure pas parmi les chantiers lancés dans le cadre du Modèle de développement ?

Le Souverain a demandé au gouvernement de travailler sur cette question. Donc, le gouvernement va s’atteler à un projet visant à mettre en place des filets sociaux. Le but est de pouvoir intégrer et assurer l’amélioration de la situation de ces populations défavorisées.

Il est annoncé que le nouveau modèle de développement des provinces du Sud va permettre de doubler le PIB de ces régions. À quand les premiers résultats de ce Modèle ?

En fait, les annonces faites dans le cadre de ce nouveau modèle sont projetées sur une période de dix ans. Mais il y a des projets qui vont être achevés dans trois ans, d’autres dans cinq ans…
Ce qui est important c’est cette dynamique lancée qui va d’abord rassurer, motiver, mobiliser et qui donnera de la visibilité. Je peux vous dire qu’il y a déjà beaucoup d’investisseurs qui se bousculent au portillon. Il y a aussi des investisseurs des provinces du Sud qui ont également développé des projets intéressants et qui veulent les étendre. Donc le processus de développement économique des provinces du Sud est en marche. C’est le plus important. 

Le 22 Novembre 2015
SOURCE WEB Par Le Matin

Tags : Nizar Baraka – le Conseil économique social et environnemental (CESE)- au décollage économique, social et environnemental du Sud marocain– le financement de ces projets d’investissement, le financement des PME-PMI–