Le futur de la Minurso au cœur des échanges Maroc-Nations-Unies
Stéphane Dujarric, porte-paroe du secrétaire général des Nations Unies
Le rôle de la Minurso devrait connaître des modifications, alors que la crise entre le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et Rabat se prolonge. Le sujet a été longuement abordé au cours du point de presse du porte-parole du SG de l’ONU de ce lundi 25 avril à New York.
A une question portant sur les changements favorables au Maroc apportées au texte du SG publié le vendredi 22 avril, par rapport au pré-rapport non officiel qui avait fuité plus tôt dans la semaine, le porte-parole Stéphane Dujarric a indiqué que “le seul rapport valable est celui publié et traduit dans les langues officielles de l’ONU“, refusant diplomatiquement de reconnaître les changements apportées au draft initial.
Rendu public vendredi 22 avril, le projet de rapport de Ban Ki-moon sur la mission de la Minurso au Sahara évoque les élections régionales au Sahara, une vie publique qui se déroule normalement, la nécessité pour la Minurso d’organiser un recensement dans les camps de Tindouf et les restrictions apportées au travail de la Minurso par Rabat, suite au départ de 70 membres de la mission onusienne.
Bras-de-fer en coulisses
En revanche, le nouveau texte du rapport du SG de l’ONU continue de ne faire aucune mention de la proposition d’autonomie marocaine faite en 2007, approuvée par les grandes puissances et sur laquelle l’ONU n’a pu enregistrer aucun progrès.
L’absence de cette mention s’additionne au fait que le recensement n’a pas pu être mené à bien. Malgré les 25 ans écoulés depuis 1990, la Minurso n’a pas pu organiser de recensement dans les camps de Tindouf.
Au lendemain des déclarations de Ban Ki-moon sur «l’occupation» du Sahara début mars, Rabat avait exigé et obtenu le départ de plus de 70 membres civils de la mission onusienne. Ceux-ci ont été redéployés sur Las Palmas ou sont rentrés dans leur pays d’origine.
A une deuxième question portant sur les contacts en cours entre le Maroc et l’ONU quant au futur et au rôle à venir de la Minurso, Dujarric a réitéré “qu’il y a des contacts entre les deux parties“ et que le rapport se trouvait au Conseil de sécurité. «La Minurso est une création du Coneil de sécurité, pas du secrétaire général", a souligné Stéphane Dujarric. «Nous espérons que le CS appuie le retour de la Minurso dans ses fonctions civiles également,» a-t-il ajouté.
Dans son rapport, que le Conseil de sécurité va discuter avant de voter une résolution en principe mercredi ou jeudi prochains, le SG demande la prolongation de la mission de la Minurso, du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017 avec un budget de 54 millions de dollars. La Minurso est formée de 495 membres, dont 245 hommes en uniforme. Il faut déduire de ce chiffre les 70 membres civils qui ont quitté Laâyoune en mars dernier.
Mardi dernier, le chef de la diplomatie espagnole José-Manuel Garcia-Margallo, dont le pays fait partie des 15 Etats membres du CS cette année, avait indiqué que l’ONU pourrait «voter un prolongement technique de deux mois» de la mission de la Minurso au Sahara.
Cette hypothèse n’est pas favorable au Maroc. Elle signifie deux mois pendant lesquels on continuerait à faire pression sur le Maroc pour lui faire accepter des concessions, sur la Minurso ou ailleurs.
Une résolution anachronique
Selon les termes de la résolution 690 votée en 1990 par le CS des Nations-Unies, le mandat d'origine de la MINURSO consistait notamment à :
1. Surveiller le cessez-le-feu;
2. Vérifier la réduction des troupes marocaines sur le territoire;
3. Surveiller la consignation des troupes marocaines et du polisario dans des emplacements convenus;
4. Veiller à la libération de tous les prisonniers et détenus politiques sahraouis;
5. Superviser l'échange des prisonniers de guerre (Comité international de la Croix-Rouge);
6. Exécuter le programme de retour des réfugiés (Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés).
Trois fonctions du mandat ont été jusqu’à présent bien remplies. Il s’agit de :
1. Surveiller le cessez-le-feu;
2. Réduire les risques d'explosion de mines et autres restes explosifs de guerre;
3. Soutenir les mesures de confiance
Au vu du contenu de la résolution qui date de 1990, avec un conflit qui a démarré en 1975, Rabat souhaite au minimum une mise à jour du mandat de la Minurso. Celui-ci devrait se concentrer sur le rôle de surveillance du cessez-le-feu, au déminage et à la lutte contre les réseaux terroristes.
Le recensement impossible à réaliser pour la Minurso à ce jour, permettrait de mieux organiser le retour des réfugiés au Sahara.
Le 26 Avril 2016
SOURCE WEB Par Médias 24
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