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Shalom, Salam un appel fraternel aux juifs et aux musulmans du Maroc

Shalom, Salam un appel fraternel aux juifs et aux musulmans du Maroc

En 2006, par le biais d’un site internet, a resurgi d’un passé vieux de quarante années une figure qui m’était alors très proche, celle de mon ami Kamal (son nom à sa demande demeurera confidentiel), mon condisciple de la toute jeune Faculté de médecine de Rabat inaugurée en 1962 par le Roi Hassan II. En 1965, notre promotion comptait environ 350 étudiants venus de toutes les parties du royaume. Seuls 9 étudiants (dont je faisais partie) étaient titulaires d’un baccalauréat philosophie et inscrits avec accord dérogatoire du doyen, le Docteur Faraj, génial découvreur de prestigieux talents au sein des diverses universités françaises, talents venus transmettre leur savoir à ceux qui allaient être parmi les premiers médecins formés au Maroc. Paradoxalement, nous franchîmes dès la première session le barrage du difficile concours du CPEM (Certificat préparatoire aux études médicales, devenu PCEM ou Premier cycle d’études médicales remplaçant le défunt PCB – 1re année.). Me sont alors revenus en mémoire nos premiers pas à la Faculté, au cours des divers travaux pratiques et enseignements dirigés, des cours magistraux dans des amphithéâtres neufs et propices à un enseignement de grande qualité, des soins infirmiers (une nouveauté !) préfigurant nos futurs stages hospitaliers. Si la maladresse était patente, l’enthousiasme et la soif d’apprendre étaient toujours au rendez-vous. Lorsque nos échanges commencèrent à s’étoffer par le biais de la messagerie Internet, je proposai à mon ami Kamal de transformer nos messages spontanés en une correspondance un peu plus construite en vue d’une publication chez mon éditeur habituel l’Harmattan à Paris chez lequel j’avais déjà publié de nombreux ouvrages*, surtout depuis ma retraite « forcée » et anticipée après des ennuis de santé… Nous nous sommes alors livrés, Kamal et moi, à un authentique travail d’historien retraçant les débuts de notre jeune Faculté, les événements nationaux et internationaux dont la Guerre des Six Jours et les amitiés redéfinies, puis le départ pour la France… J’étais pour ma part gêné par un handicap certain, la méconnaissance quasi-complète de l’arabe dialectal et classique, ce qui, on le conçoit aisément, constituait un obstacle non négligeable pour ma future spécialité, la psychiatrie et la psychothérapie. Avec mon ami Kamal, nous avons égrené les souvenirs avec tout ce que cela comporte de gravité, d’amitié, d’humour et d’émotion, denrées qui nous sont apparues comme indispensables dans un tel travail de mémoire. Nos parcours parallèles, Kamal en chirurgie, moi en psychiatrie… Kamal au Maroc, moi à Paris avec l’internat de Paris, mes diverses missions en tant que chef de service en institution psychiatrique, au Comité d’éthique du CHU de Lyon, au Comité de protection des personnes se prêtant à la recherche biomédicale, à la Haute autorité de santé, dans la formation continue des confrères et l’encadrement d’internes et de doctorants… tout cela constitue la trame du livre « Shalom Salam » élaboré à deux voix. Une réflexion approfondie sur la profession médicale, l’éthique, la transmission du savoir aux jeunes générations, la nécessité d’un humanisme pragmatique et réhabilité dans un monde honteusement prosterné devant les « nouvelles technologies » et l’argent, ponctue l’ouvrage. L’écriture et le monde de l’édition seront pour moi une sorte de seconde vie. Je réitère ce que j’ai écrit en préambule de l’ouvrage : nous n’avons à aucun moment cherché à régler des comptes ou à stigmatiser telle ou telle situation, tel ou tel acteur de l’histoire… Non, notre but premier et même unique a été de raconter, mais surtout de raconter « vrai », avec sincérité, honnêteté et sans celer quoi que ce fût. Enfin, et c’est là notre fierté à tous les deux, Kamal et moi, nous avons voulu lancer un appel fraternel à deux peuples, deux cultures, deux philosophies, aux juifs et aux musulmans du Maroc. Shalom, Salam, deux mots provenant d’une seule racine, au sens si beau et si prometteur si l’on veut se donner la peine et les moyens d’y croire. À la veille du cinquantième anniversaire de la Faculté de médecine de Rabat, je suis heureux d’apporter ma modeste contribution. Publié le : 4 Mai 2012 – SOURCE WEB Par Hanania Alain Amar, LE MATIN