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Abdellatif Zine Défendre le rayonnement des arts plastiques au Maroc Entretien avec le peint

Abdellatif Zine  Défendre le rayonnement des arts plastiques au Maroc Entretien avec le peint

Les plasticiens marocains, toutes tendances confondues, se sont donné rendez-vous à Casablanca le28avrildernier.L’enjeu valait largement le déplacement puisqu’il s’agissait, ce jour-là, de prendre part à deux assemblées générales dont les travaux, les conclusions et les résolutions revêtaient une importance capitale pour leurs activités. Les deux assemblées concernaient respectivement le Syndicat des artistes plasticiens marocains (SAPM) et l’Association nationale des arts plastiques (ANAP). Nous avons rencontré Abdellatif Zine, qui s’est longuement expliqué sur les raisons de la tenue de ces deux assemblées et sur l’avenir des arts plastiques au Maroc. Libé : Vous venez de renouveler les bureaux du Syndicat et de l’Association. A l’unanimité ces deux entités vous ont porté à la présidence. Pourquoi avez- vous tenu les deux assemblées générales en même temps ? Abdellatif Zine : C’est vrai qu’on a tenu deux assemblées générales le même jour. Au niveau de l’association, on n’a pas eu d’activités depuis le Salon marocain d’art contemporain qui a eu lieu en 2009. Pour ce qui est du syndicat dont je suis aussi le président fondateur, et au sein duquel j’ai travaillé pendant une bonne dizaine d’années, durant lesquelles on avait notamment défendu le statut de l’artiste avec les autres syndicats tels le théâtre et la musique. Alors après avoir obtenu quelques droits dont notamment la carte de l’artiste, je me suis dit que le temps était venu de passer le relais et c’est ainsi que Mohamed Nabili avait été élu à la présidence. Après le décès de notre regretté Mohamed Nabili, il fallait tenir une nouvelle assemblée générale et le bureau exécutif du syndicat m’a officiellement demandé de tenir une assemblée générale en vue de renouveler le bureau. Pourquoi deux assemblées générales le même jour ? Tout simplement parce que les nouveaux adhérents appartiennent aussi bien à l’association qu’au syndicat. En principe, le syndicat c’est la défense de l’artiste comme cela est stipulé dans la nouvelle Constitution, sur le plan matériel, moral et professionnel. Quant à l’association, elle est beaucoup plus sélective. Donc on a fait appel au syndicat et à l’association, parce qu’il y a des gens qui viennent de loin, par exemple d’Oujda, Agadir, de Laâyoune, entre autres. On n‘a pas voulu les faire venir deux fois, d’autant plus qu’il s’agit des mêmes personnes. Pas tous, évidemment car l’association est plus sélective. Donc une fois qu’on a terminé l’assemblée du syndicat, on est passé à l’association qui est beaucoup plus sélective en termes de critères d’admission puisqu’il faut cinq ans d’activités constatées ou un diplôme en plus d’un certain nombre d’expositions sur une période minimale de trois années. Quelles sont les actions que vous comptez entreprendre en priorité pour stimuler l’activité plastique au Maroc ? Vous savez que l’un des phénomènes les plus marquants de notre époque, est que les gens commencent à investir dans les oeuvres d’art. Dernièrement, on a parlé d’un tableau dont la valeur est estimée à 120 millions de dollars, personne ne s’attendait à ces chiffres. Donc, cela démontre que l’œuvre d’art a pris de la valeur surtout en période de crise. Parce que le tableau, ce n’est pas de l’or qu’on peut avoir un peu partout ; le tableau, c’est quelque chose d’unique et qui n’a pas de valeur. On ne peut lui donner une valeur spécifique. Alors maintenant le problème est que le chantier est énorme, les actions sont multiples. On va commencer au niveau de l’association par faire une exposition pour le deuxième Salon d’art contemporain marocain et nous voulons instaurer un « Prix du Maroc pictural » pour les jeunes et les vétérans. Nous voulons aussi créer des antennes un peu partout à travers le pays, parce que tout est axé pour le moment sur l’axe : Rabat- Casablanca- Marrakech. Il faut maintenant aller vers les autres villes, Oujda, Fès, Tanger, Laâyoune et le grand Sud marocain d’autant que nous avons désormais des représentants un peu partout au Maroc. Quant au syndicat, c’est différent. Nous pensons d’abord sceller un partenariat dynamique avec le ministère de la Culture, sur cette carte d’artiste et en plus demander aux parlementaires un certain nombre d’amendements. Puisqu’on a obtenu la carte d’artiste, il faut maintenant prendre en considération le fait que chaque profession artistique a ses propres spécificités et donc, on ne peut plus parler au nom de tous les artistes, car chaque discipline a ses particularités. Par exemple, nous voulons qu’il y ait des arts plastiques dans nos ambassades, que le département des Affaires étrangères contribue aux expositions à l’étranger pour montrer un autre visage du Maroc, que le tourisme fasse aussi connaître les arts du fait qu’ils peuvent séduire les gens. Et c’est à travers l’art pictural que ces ministères notamment de l’Education nationale participent à l’essor de l’art marocain. Il faut organiser des conférences-débats, des tables rondes, éditer des livres destinés à faire renaître la mémoire collective à travers l’art. Il faut aussi faire comme le Sénégal et l’Algérie qui consacrent 1% à l’art dans de multiples activités publiques et avoir aussi une réserve de mémoire d’un pays. On ne peut jamais le faire si on ne commence pas dès maintenant. Puisqu‘aujourd’hui, les œuvres d’un Cherkaoui ou d’un Gharbaoui atteignent les trois à quatre millions de DH. Si on les avait achetées il y a longtemps, on aurait pu avoir dans nos musées des œuvres conséquentes. C’est pourquoi il faut dès maintenant commencer à acquérir des œuvres surtout de la part des collectivités locales, des ministères, des offices publics, etc, pour avoir une réserve conséquente pour l’histoire. Nous voulons aussi collaborer avec le département des transports surtout lorsqu’il y a des expositions à l’étranger et que les artistes aient 50% de réduction. Nous voulons également que le sponsoring intervienne dans les arts plastiques, et que ceux-ci soient subventionnés par le ministère : La chanson a une subvention, ce n’est pas le cas du théâtre et des arts plastiques. Enfin, nous voulons que la carte de l’artiste soit gérée de manière rigoureuse parce que jusqu’à maintenant, ceux qui délivrent les cartes d’artiste ne peuvent discerner le bon du mauvais, car quelqu’un qui n’a jamais étudié ne peut pas être considéré comme tel. C’est par les études qu’on acquiert la crédibilité. Enfin, nous voulons avoir, comme les ateliers en France, notre droit de regard. Fini le copinage, le chacun à son épouse qu’on propulse avec des cartes d’artiste distribuées à droite et à gauche. Aujourd’hui, hélas, il y a des banquiers et des personnes de diverses professions qui se promènent avec des cartes d’artiste. Nous voulons aussi figurer sur des guides, et ouvrir les portes aux jeunes, leur donner une chance de participer à des expositions à l’étranger et surtout être représentés au sein des commissions de sélection des artistes. En définitive, nous sommes là pour défendre les artistes et le rayonnement de l’art au Maroc. Liste des bureaux exécutifs du Syndicat des artistes plasticiens et de l’Association nationale des arts plastiques Syndicat des artistes plasticiens Président : M Abdellatif Zine 1er vice-président : Said Qodaid 2ème vice-président : Imame Djimi Secrétaire général : Abdellatif El Asri Secrétaire général adjoint : Bouchra Azhar Trésorière : Fouzia Guessous Trésorière adjointe : Najat Khatib Conseillers : Mohamed Jamati, Mohamed Amzil, Mohamed Haji, Comité des sages : Président : Abdellatif Zine Membres : Moulay Ahmed Machichi, Mustapha Ghizlaini Association nationale des arts plastiques Président : Abdellatif Zine Premier vice-président : Said Qodaid Deuxième vice-président :Ahmed Zabbita Vendredi 25 Mai 2012 SOURCE WEB par Abdessalam Khatib Libération