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Entretien avec Lahcen Haddad, ministre du Tourisme Il nest pas question darrêter les chantie

Entretien avec Lahcen Haddad, ministre du Tourisme   Il nest pas question darrêter les chantie

Le Maroc tire son épingle du jeu compte tenu du contexte de crise Les BRIC comme marchés alternatifs Reste à solutionner l’équation de la desserte aérienne Pour Haddad, l’avenir du secteur se joue du côté de l’Allemagne qui constitue un bassin important puisque c’est le premier marché émetteur au niveau mondial tout comme le Royaume-Uni qui est un marché à haute valeur ajoutée Il n’y a pas 36 chemins pour se faire une place dans le peloton mondial des destinations touristiques. Il faut investir massivement afin d’avoir une capacité litière suffisante pour obtenir la taille critique qui permettra à la destination d’atteindre un niveau de maturité capable de l’immuniser contre les aléas conjoncturels. Raisons pour lesquelles «il n’est pas question d’arrêter quelque chantier que ce soit!», martèle Haddad. La Vision 2020 continuera de porter la dynamique d’investissement, mais les pilotera selon les besoins des différents territoires et selon la valeur ajoutée spécifique à chaque projet. - L’Economiste: Vous présidez aujourd’hui le conseil d’administration de l’ONMT. Quelles sont les perspectives pour le reste de l’année? - Lahcen Haddad: L’ONMT devra continuer à investir massivement dans le Web et les réseaux sociaux, où nous avons d’ailleurs enregistré plus de 170 millions de clics sur nos campagnes online pour la seule période de janvier à avril 2012. Nous allons également nous concentrer sur le segment du MICE, à forte contribution notamment pour Marrakech, mais aussi sur le tourisme domestique, pour lequel un nouveau plan d’action assorti d’une nouvelle campagne est en cours de lancement. Il s’agira également de renforcer les partenariats de co-marketing avec les compagnies aériennes et les TO. - Il y a beaucoup d’attentes insatisfaites concernant l’Office. De quels moyens financiers dispose-t-il ? Y a-t-il une réforme en vue? - J’insiste sur l’expertise et le savoir-faire qu’a su développer l’ONMT depuis le début des années 2000. Son repositionnement et sa réorganisation se sont imposés avec la mutation qu’a connue l’industrie touristique dans notre pays. Ses moyens ont été considérablement renforcés, et les résultats de ces actions sont visibles. Il est prévu, dès l’an prochain, de revoir le positionnement de l’Office, pour mieux concentrer ses missions et les rendre cohérentes avec les orientations de la Vision 2020 en termes de régionalisation à travers les Agences de développement touristique. Tout comme il est prévu de renforcer la gouvernance à travers une plus grande implication du secteur privé, mais aussi de définir de nouvelles sources de revenus. - Où en est l’activité après 6 mois d’une année annoncée difficile? - Le 1er trimestre de l’année 2012 a effectivement connu un début mitigé en comparaison avec la même période en 2011. Le point positif reste l’image de la destination qui est préservée. Depuis avril, il y a quelques signes de timide reprise sur les marchés allemand, britannique et français. Nous sommes donc confiants, mais prudents et vigilants malgré ces tendances encourageantes. - La crise est installée dans les marchés traditionnels… Quelles alternatives pour le tourisme marocain? - Notre stratégie se concentre aussi bien sur nos marchés traditionnels, pour y consolider nos parts, mais aussi sur les marchés émergents qui offrent de grandes opportunités de croissance, tels que les pays d’Europe de l’Est, la Scandinavie, la Russie, la Pologne. Nous ouvrons d’ailleurs prochainement une délégation à Varsovie. Nous regardons aussi avec beaucoup d’intérêt les marchés du BRIC. - Si on devait se tourner vers d’autres marchés, lesquels seront prioritaires et avec quels moyens? - Pour nous, tous les marchés sont prioritaires. Mais je dirai que l’Allemagne constitue un bassin important puisque c’est le premier marché émetteur au niveau mondial tout comme le Royaume-Uni qui est un marché à haute valeur ajoutée. Et évidemment, la France reste notre partenaire privilégié. Bien entendu, il reste à solutionner l’équation de la desserte aérienne. Nous avons réussi pour cette année de bonnes négociations notamment au départ de l’Allemagne vers Marrakech, et nous continuons notre offensive auprès des TO et compagnies aériennes dans les autres marchés. - Justement les Allemands sont plutôt friands du produit balnéaire. Mais le plan Azur est un échec… - L’Etat intervient effectivement pour redynamiser les différentes stations, et aujourd’hui les stations de Taghazout et de Saïdia sont sur les rails. Pour les stations de Lixus et Mogador, nous sommes en train d’examiner avec les aménageurs développeurs les solutions les plus appropriées pour accélérer la réalisation des phases prévues contractuellement. Pour Oued Chbika, et comme vous le savez, Club Med, en partenariat avec la CDG et Orascom, va entamer les travaux de construction du 1er club de cette station. Quant à Plage Blanche, nous espérons y lancer les travaux d’ici 18 mois au plus tard. L’ANIT prône de son côté l’arrêt de tous les chantiers lancés pour se concentrer sur les stations Azur déjà initiées. Qu’en dites-vous? - Il n’est pas question d’arrêter quelque chantier que ce soit! La Vision 2020 continuera de porter avec force et conviction la dynamique d’investissement. Ce serait une erreur d’interrompre cette dynamique, car nous avons besoin d’une capacité litière suffisante pour obtenir la taille critique qui permettra à la destination d’atteindre un niveau de maturité, capable de l’immuniser contre les aléas conjoncturels, mais aussi la positionner parmi les 20 premières destinations mondiales. Nous n’arrêterons donc pas les investissements. Au contraire, nous redoublerons d’effort pour promouvoir notre industrie auprès des investisseurs, mais nous piloterons l’investissement selon les besoins des différents territoires et selon la valeur ajoutée spécifique à chaque projet. - Pourtant Marrakech souffre d’une pléthore de lits qui a son effet sur les taux d’occupation. Etes-vous pour le développement de la capacité dans cette ville ou la régulation? - Je suis pour le développement régulé de la capacité. Marrakech a en effet connu un énorme succès en matière d’investissement touristique, mais aujourd’hui pour Marrakech, j’en conviens, nous privilégions davantage les investissements à forte valeur ajoutée, et les investissements en animation, produits de niches pour valoriser l’arrière-pays, produits orientés MICE… Un plan spécifique pour Agadir Sans conteste, c’est Agadir qui souffre depuis le début de la crise dans le tourisme. Malgré l’embellie du mois d’avril, elle accuse des pertes de plus de 8%. Le ministère mène un diagnostic auprès des entreprises hôtelières en difficulté, pour évaluer l’impact direct de la crise sur leur activité et leur apporter l’accompagnement nécessaire, auprès des banques, organismes sociaux et le fisc. La tutelle va mener, en partenariat avec la Fédération de l’Industrie hôtelière, une opération de sensibilisation et de ciblage des opérateurs hôteliers pour les faire bénéficier du programme Renovotel dans sa nouvelle version. «Ceci permettra à ces entreprises d’améliorer leur qualité, leur positionnement et donc leur attractivité commerciale. D’ailleurs, l’ONMT s’engage à accompagner ces entreprises en termes de commercialisation dès qu’elles adhèrent au programme Renovotel», promet Haddad. SOURCE WEB par Badra BERRISSOULE