Au sommet de l’OTAN, le réquisitoire déplacé, brutal et maladroit de Donald Trump
A Bruxelles, devant 27 dirigeants de pays membres de l’Alliance atlantique, le président américain a choisi de mettre l’accent sur ce qui divise plutôt que sur ce qui rassemble.
En visite officielle en Arabie saoudite, première étape de son périple, au début de la semaine, le président Donald Trump s’était déclaré soucieux de ne pas « faire la leçon » aux dirigeants du monde arabo-musulman. Le président américain ne s’est pas embarrassé de telles prévenances à l’égard de ses alliés européens, jeudi 25 mai, à Bruxelles. Devant 27 chefs d’Etat et de gouvernement de pays membres de l’OTAN qui l’écoutaient, debout, M. Trump, choisissant de mettre l’accent sur ce qui divise plutôt que sur ce qui rassemble, s’est livré à un réquisitoire déplacé, maladroit et contre-productif sur les niveaux de dépenses de défense.
Déplacé, parce que, au lendemain de l’attentat à Manchester, l’ambiance était solennelle et parce que les Européens venaient de faire une concession aux Etats-Unis en acceptant que l’OTAN s’implique davantage, en tant que telle, dans la lutte antiterroriste. Après avoir fait observer une minute de silence pour les victimes de Manchester, Donald Trump est immédiatement passé aux affaires de financement, auxquelles il a consacré l’essentiel de son discours, sur un ton comminatoire.
la suite après cette publicité
Maladroit, parce que les Européens, soumis déjà par M. Obama à ces reproches – justifiés – sur la faiblesse de leur contribution au partage du fardeau de l’Alliance atlantique, ont entrepris un réel effort pour augmenter ces dépenses. Ceux qui sont encore loin de consacrer 2 % de leur PIB au budget de défense se sont engagés à le faire d’ici à 2024. M. Trump est en droit de leur demander d’accélérer ce calendrier ; il eût été plus efficace de sa part de le faire, plutôt que de les sermonner comme des enfants.
Une unité cruciale
Contre-productif, enfin, parce que cette brutalité, verbale et physique, manifestée notamment par la manière dont le président américain a écarté de son chemin le premier ministre du Monténégro, n’est pas de nature à améliorer le climat entre Américains et Européens, dans un contexte où leur unité est pourtant cruciale.
Si M. Trump a longuement rappelé leurs devoirs aux Européens, il a par ailleurs ostensiblement omis de confirmer l’engagement des Etats-Unis à appliquer l’article 5 de la charte atlantique, pierre angulaire de l’Alliance, qui fonde l’obligation d’intervenir pour défendre tout allié attaqué. La seule fois où cet article a été appliqué, faut-il le rappeler à M. Trump, il l’a été par les Européens, qui se sont battus aux côtés des Américains en Afghanistan après les attaques du 11-Septembre.
Elu sur le slogan « America First », Donald Trump applique cette philosophie à sa diplomatie, y compris à l’égard de ceux qui sont supposés être ses amis. Ce ne doit pas être une surprise. Si une leçon positive peut être tirée de cette première tournée à l’étranger du président américain, sur fond de divergences transatlantiques persistantes et de chaos politique à Washington, c’est celle-ci : non seulement les Européens doivent prendre davantage en charge leur sécurité, mais ils doivent le faire ensemble, en construisant une défense européenne. Alliés, certes, mais autonomes.
Le 26 Mai 2017
SOURCE WEB Par Le Monde
Les tags en relation
Les articles en relation
Obama rappelle à Trump combien la question israélo-palestinienne peut être "explosive"
Le président américain Barack Obama s'est dit mercredi "profondément inquiet" face au conflit israélo-palestinien, lors de sa dernière conférence de p...
DIRECT. Conflit Ukraine - Russie : nouveau retrait russe, la menace d'une guerre persiste
UKRAINE. La Russie annonce, ce jeudi 17 février 2022, un nouveau retrait de ses troupes basées en Crimée. Mais la crainte d'une guerre en Ukraine persist...
Le visage du nouveau Maroc se dessine
Il est évident qu’un tournant stratégique a été amorcé depuis le 10 décembre 2020, lorsque Donald Trump a annoncé que les États-Unis reconnaissaient l...
Cessez-le-feu en Syrie : Erdogan remporte la mise aux dépens des Kurdes
La Turquie, qui a accepté jeudi de suspendre son offensive dans le nord-est de la Syrie et d'y mettre fin définitivement si les forces kurdes s'en ret...
Donald Trump : « L’Afrique doit être recolonisée »
Le président américain, Donald Trump insulte les africains. Il a fait comprendre que « l’Afrique doit être recolonisée ». « Les Africains sont des e...
L’Allemagne écarte tout rapprochement avec la position du Maroc sur le Sahara
La crise diplomatique entre le Maroc et l'Allemagne ne semble pas prête de se refermer. Berlin maintient sa position sur le Sahara, principal point d'a...
Trump va nommer David Malpass à la tête de la Banque mondiale (médias)
Le président américain Donald Trump envisage de nommer David Malpass, un critique de la Banque mondiale, à la tête de cette institution financière internat...
Etats Unis : nouveau tour de vis contre les immigrants
Une nouvelle mesure annoncée par l’administration Trump suscite l’inquiétude des immigrés aux Etas Unis. En effet, les autorités envisagent de restreind...
Vers un nouvel ordre mondial ?
La guerre continue de faire rage en Ukraine et les images qui nous parviennent du conflit interpellent à la fois notre humanité et notre mémoire tant les sim...
#MALAISE_MAROC_ALLEMAGNE: Rupture par Rabat de tout contact avec l’ambassade de Berlin: “Les rai
“Il n’y aura pas de contact tant que des réponses ne seront pas apportées sur différentes questions qui ont été posées”. Cette déclaration faite à...
Et si on commençait par se dire quelques vérités ?
En dépit de l’immensité de la tâche dont les discours du Trône et du 20 août ont chargé les élites dans la diversité de leurs sensibilités et (insens...
#MAROC #USA_TRUMP_BIDEN_TRANSITION: Trump accepte la transition vers une présidence Biden
Donald Trump a finalement donné lundi soir son feu vert au processus de transfert du pouvoir à Joe Biden, qui avait commencé, sans l'attendre, à dessine...