Séminaire à l’ONU sur l’autonomie territoriale comme moyen de règlement politique des conflits

Un séminaire international sur le thème «L’autonomie territoriale : moyen de règlement politique des conflits» a été organisé, lundi au siège des Nations unies à New York, par la Mission permanente du Maroc, avec la participation d’une pléiade d’experts, chercheurs et universitaires de renommée mondiale. Cette rencontre a ainsi été l’occasion de comparer l’initiative d’autonomie proposée par le Royaume du Maroc pour la région du Sahara avec d’autres expériences d’autonomie dans le monde comme moyens de règlement des conflits. Des experts internationaux venant de la Suisse, de l’Italie, du Canada et de l’Indonésie ont eu l’occasion de partager plusieurs exemples réussis d’autonomie dans le monde dans le cadre de conflits passés, et d’expliquer les raisons de l’échec de certains cas. La rencontre a également été marquée par la participation d’une cinquantaine de diplomates, dont plusieurs ambassadeurs à New York, des représentants du département des opérations de maintien de la paix de l’ONU, et des médias accrédités auprès des Nations unies. Le séminaire a été présidé par Marc Finaud, conseiller principal au think tank «Centre de politique de sécurité de Genève», qui a rappelé, à cette occasion, les dispositions de l’initiative marocaine pour l’autonomie de la région du Sahara, en mettant l’accent sur les caractéristiques qui la distinguent. M. Finaud a souligné, à cet égard, que l’initiative marocaine «répond aux appels réitérés par le Conseil de sécurité des Nations unies depuis 2004 aux parties et aux États de la région à continuer de coopérer pleinement avec l’ONU pour mettre fin à l’impasse actuelle et progresser vers une solution politique». Il a de même estimé que l’initiative marocaine d’autonomie vise à apporter «la promesse d’un avenir meilleur pour les populations de la région, mettre fin à la séparation et à l’exil et favoriser la réconciliation». «On le voit aisément, cette initiative offre une solution, que le Conseil de sécurité a (…) régulièrement qualifiée de sérieuse et crédible, à un conflit qui s’éternise depuis 1975», a-t-il dit. De son côté, Aikaterini Papagianni, du Centre pour le dialogue humanitaire à Genève et spécialiste des conflits internationaux, notamment au Libéria, en Libye, en Syrie, au Myanmar, en Ukraine, aux Philippines et au Yémen, a fait une analyse comparative de plusieurs plans d’autonomie dans le monde, en s’attardant, en particulier, sur les cas des îles Åland et de la Macédoine du Nord. Elle a précisé, à ce propos, qu’il n’existe «pas de modèle unique pour une situation donnée», en ce sens qu’«aucune conception institutionnelle n’est identique, ni deux modèles d’autonomie ne partagent exactement les mêmes ingrédients». Car, selon elle, «les arrangements en matière d’autonomie varient selon plusieurs dimensions, négociées avec les gouvernements centraux». Mme Papagianni a estimé que l’avantage de l’autonomie réside dans «sa flexibilité et les possibilités qu’elle offre – ce qui fait sa grande force –, proposant un nombre d’options créatives, allant de la dévolution de responsabilités minimales, aux niveaux du gouvernement local ou régional, ou au partage de pouvoirs importants à la région autonome».Pour sa part, le professeur Mawardi Ismaïl, ancien doyen de la Faculté de droit de l’Université de Darussalam-Banda Aceh, en Indonésie, a fait une comparaison entre les deux cas d’Aceh et du Timor-Leste. Dans son analyse, l’expert indonésien a expliqué «les raisons de l’échec de la résolution de conflit suivant une approche militaire», s’attardant sur «les pertes considérables que cette approche inflige tant en termes humain, qu’économique et matériel». Dans ce cadre, le professeur Mawardi a rappelé que la résolution du conflit au Timor oriental par une approche militaire a échoué, ajoutant que «même sa résolution par un référendum a provoqué la séparation du Timor oriental». Cette situation a constitué «une expérience amère pour l’Indonésie, sur la base de laquelle le gouvernement indonésien a rejeté les demandes d’organiser un référendum pour résoudre le conflit d’Aceh», a-t-il expliqué. À cet égard, l’expert indonésien a présenté les différentes raisons de la réussite de l’option de l’autonomie à Aceh, en Indonésie, dans la résolution de ce conflit après des décennies de guerre civile. De son côté, Miguel González Perez, professeur à l’Université de York à Toronto, au Canada, et spécialiste de l’Amérique latine, s’est étalé sur les différents systèmes d’autonomie et les méthodes d’autogouvernance, mis en place au Brésil, en Colombie, au Mexique, en Bolivie, au Nicaragua, en Équateur et au Panama, permettant aux populations autochtones locales de gérer leurs propres terres, ressources naturelles, développement économique et droits culturels. Il a indiqué que l’expérience de l’autogouvernance des populations autochtones au Mexique, en Équateur, au Panama et en Bolivie peut être considérée comme un modèle à suivre par d’autres régions ayant des populations indigènes. Thomas Benedikter, président de l’Académie européenne de Bolsano, en Italie, et expert de la question du Sud Tyrol-Haut Adige entre l’Italie et l’Autriche, ainsi que d’autres conflits dans plusieurs régions du monde, a fait une analyse comparative des expériences d’autonomie territoriale recueillies dans plus de 60 cas dans le monde en près de 100 ans.
Le 02 juillet 2019
Source web Par le matin
Les tags en relation
Les articles en relation

Michel Serres : «Il faudrait trouver un avocat à la nature»
L’historien des sciences Michel Serres, 88 ans, accuse l’économie de détruire la planète. Serge Picard pour Le Parisien Week-End ...

Sahara: voici ce qu'il faut retenir de la première tournée régionale de De Mistura
L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara, Staffan de Mistura, vient de terminer sa première tournée dans la région. Il aura sûrem...

Agriculture: la place de l'Afrique et des femmes
Le Groupe OCP place de l'espoir dans les potentialités de l'Afrique, et en particulier celles des femmes africaines. C'était en tout cas la finali...

La Terre a perdu 60% de ses animaux sauvages en 44 ans
Mammifères, oiseaux, poissons... sous la pression de l'homme, la Terre a vu ses populations de vertébrés sauvages décliner de 60 % entre 1970 et 2014, a...

SAHARA MAROCAIN : LE polisario AFFIRME QUE LA RUSSIE EST POUR « L’AUTODÉTERMINATION DU PEUPLE
Après son échec flagrant, jeudi dernier, auprès du Conseil de Sécurité qui n’a point donné la moindre attention au briefing du polisario qui a tenté de...

Errachidia : participation du CRI Draa-Tafilalet à une rencontre internationale sur les ODD au Maro
Le Centre régionale d’Investissement Draa-Tafilalet a participé à une rencontre internationale sur les Objectifs du Développement Durable au Maroc, organi...

Le Maroc dénonce à Genève les manœuvres de l'Algérie au sujet du Sahara marocain
Le Maroc a dénoncé, mardi à Genève, les manœuvres de l'Algérie sur la question du Sahara marocain, affirmant que son discours a "perdu toute crédibil...

Les propos du pape François sur le nucléaire, une rupture ?
Alors qu’il était en déplacement à Nagasaki, au Japon, le pape François a fermement dénoncé dimanche 24 novembre la logique d’une dissuasion nucléair...

Sahara : une table ronde en mars et une nouvelle résolution du Conseil de sécurité fin avril
L’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations-Unies pour le Sahara, Horst Köhler, compte tenir prochainement une deuxième table ronde avec les pa...

En avant première du Sommet sur le Climat programmé à New York en septembre prochain, la secréta
Réunion de haut niveau au siège de l’ONU Les réalisations du Maroc en matière d’adaptation au changement climatique mises en avant à New York La ...

Le Commonwealth de la Dominique réaffirme son soutien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara lo
Le ministre des Affaires étrangères, du Commerce et de l'Énergie du Commonwealth de la Dominique, Vince Henderson, a réitéré, mardi à New York, la po...

Sahara occidental : Le Polisario déterre la carte de l’exploration minière
Samedi, le Front Polisario a annoncé la signature d’un accord avec une entreprise australienne visant l’exploration minière à l’est du mur des Sables. ...