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Frais d’inscriptions: #BienvenueEnFrance ou la stratégie d’une attractivité peu attractive

Frais d’inscriptions: #BienvenueEnFrance ou la stratégie d’une attractivité peu attractive

Il y a une année presque jour pour jour, le lundi 19 novembre 2018 exactement, lors des Rencontres universitaires de la francophonie, le Premier ministre français Edouard Philippe annonçait l’augmentation des frais d’inscription aux universités françaises.

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Cette nouvelle stratégie (#BienvenueEnFrance), s’inscrivait dans le cadre de la recherche de nouvelles ressources pour améliorer les conditions d’accueil des étudiants dont le nombre d’Etrangers à l’horizon 2027 devraient passer à 500 000. Elle visait également selon l’allocution de circonstance du Premier ministre français à renforcer l’attractivité de l’Université française sur la scène internationale.

Les frais d’inscriptions pour les étudiants étrangers extra-européens passaient ainsi de 170 à 2770 euros pour une licence, de 243 à 3770 euros pour un master et de 380 à 3 770 euros pour un doctorat. Une hausse pour le moins exorbitante en pourcentage car elle devenait de l’ordre d’environ 1600% pour la licence, 1500% pour le master et 1000% pour le doctorat.

Une année après qu’est-il advenu de ce (#BienvenueEnFrance) ? La France va-t-elle perdre ou gagner plus d’étudiants étrangers extra-européens ? Et qu’en est-il pour nous autres Marocains qui avec 40.000 étudiants lors de l’exercice passé, formions la première communauté estudiantine dans l’Hexagone ?

Retard au démarrage pour une stratégie qui se veut payante

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Dernièrement, mercredi 6 novembre 2019, le Premier ministre Edouard Philippe, lors des annonces consacrées à l’immigration, a reconnu que la décision prise une année auparavant n’a pas eu l’impact escompté malgré une hausse de 2% du nombre d’étudiants étrangers extracommunautaires venus en France à la rentrée 2019, tendance du reste, confirmée par Campus France.

Selon les statistiques officielles, la France a accueilli pour l’exercice courant quelque 1600 inscriptions de plus sachant pour cela qu’elle avait accueilli 83.082 étudiants en 2018, (3,4% par rapport à 2017). Pour ce qui est de l’attractivité des universités, force est de constater qu’elle a faibli selon Campus France.

La Primature n’en a d’ailleurs pas caché ses craintes en déclarant « un risque de décrochage ». Au classement des pays d’accueil la France a perdu une place au profit de l’Allemagne qui d’un demi-millier d’étudiants de plus, lui a chipé la quatrième place derrière les Etats-Unis, le Royaume Uni et l’Australie.

La montée en puissance des nouveaux pays d’accueil

D’autres nations aux dents longues lui font désormais concurrence comme la Chine, la Russie, l’Arabie saoudite, la Turquie (triple du nombre d’étudiants en cinq ans) et pourraient, de leur politique agressive pour attirer les étudiants étrangers, fort dépasser la France avant qu’elle n’atteigne son objectif 2027 qui reste toujours de mise selon Edouard Philippe.

Cette attractivité à la baisse des universités françaises s’expliquerait selon certains par la multiplication des droits d’inscription. Cette mesure qui avait soulevé un tollé général tant en France que dans les pays concernés, le Maroc en tête, n’a pas été suivie à la rentrée 2019 et seuls 10% des établissements universitaires (7 universités sur 73) avaient appliqué cette hausse.

Dans cette lancée, l’université de Lille, acculée par un syndicat estudiantin l’UNEF a, en ce début de mois, suspendu la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers, extra-européens et remboursera environ 650 étudiants qui s’en étaient acquittés. La direction a indiqué être dans l’attente de la décision du Conseil d’Etat.

La justice au secours de la cause estudiantine

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En effet, cette mesure est entre les mains de la justice. Selon LCI, des associations étudiantes ont attaqué l’arrêté du 19 avril 2019 fixant les nouveaux droits « différenciés », et dans l’attente d’une décision du Conseil d’Etat, le Conseil constitutionnel a confirmé mi-octobre le principe de gratuité de l’enseignement supérieur, validant simplement la possibilité de « droits d’inscription modiques » tenant compte « des capacités financières des étudiants ».

Par ailleurs et toujours dans cette perspective, la Cour des comptes dans son rapport de septembre a appelé l’exécutif à assouplir cette hausse pour rester compétitif sur la scène académique mondiale.

La réforme attirera à terme

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Le décor ainsi planté, Hespress FR s’est dirigé vers la Conseillère de Coopération et d’Action Culturelle et Directrice générale de l’Institut Français du Maroc, Clélia Chevrier Kola?ko pour quelques éclaircissements à cela. A la question sur l’accueil fait à cette nouvelle stratégie au niveau des Universités, elle nous a déclaré :

« Cette année ne nous permet pas encore de mesurer le réel impact de la mise en place des frais différenciés. L’annonce ayant été faite tardivement, de nombreuses universités n’avaient pas les outils nécessaires à la mise en œuvre de ces nouveaux tarifs, ou souhaitaient d’abord en étudier l’impact. Elles ont ainsi utilisé toutes les possibilités d’exonération que la loi leur permettait ».

Clélia Chevrier Kola?ko se rangeait à l’évidence du terrain pour ainsi dire (l’application par 10% des établissements universitaires de la hausse) et au regard des chiffres il n’y avait donc pas de visibilité quant à l’impact. Pour ce qui est du nombre des inscriptions d’étudiants marocains en France pour l’exercice 2019/29, la Directrice générale précise que «cette année, le nombre d’admissions dans les établissements d’enseignement supérieur est resté relativement stable, avec une légère baisse. Nous avons également noté une amélioration du niveau des candidatures des étudiants marocains qui pourrait être liée à la réforme ».

Pouvait-on alors craindre pour la francophonie, au regard des universités de Turquie, d’Espagne, de Grande Bretagne, d’Allemagne qui offrent des services à moindre coûts ?

« Malgré la hausse des frais d’inscription en France, les tarifs pratiqués restent très inférieurs à ceux de nombreux pays, en particulier à ceux de la Grande-Bretagne. Ces droits d’inscription restent en outre limités puisqu’ils représentent un tiers du coût réel de la formation, l’Etat français prenant en charge les deux autres tiers. La réforme ne se résume pas uniquement à la mise en place de tarifs différenciés. Elle vise à améliorer la qualité de l’accueil des étudiants étrangers par : la simplification des procédures pour l’obtention des visas et des titres de séjour, la mise en place de guichets uniques d’accueil des étudiants pour qu’ils puissent effectuer leurs démarches administratives facilement (titres de séjour, inscription à la sécurité sociale, recherche de logement, etc.) Cette réforme permettra donc à terme d’attirer plus d’étudiants étrangers en France, confortant ainsi la francophonie », souligne notre interlocutrice.

Les nouveaux eldorados

L’engouement pour les études en France est tel au Maroc, que les étudiants marocains en ont fait leur première destination. Il s’explique par la langue, la richesse, la proximité culturelles et surtout la qualité de l’enseignement, mais il a tendance à disparaître.

Les attirances sont désormais autres selon une étude de l’Unesco. Après la France, l’Allemagne, l’Ukraine, l’Italie, l’Espagne, la Turquie, la Grande-Bretagne et, tiens, même la Chine offrent de nouvelles perspectives à la jeunesse marocaine de s’ouvrir à d’autres horizons, la langue n’étant plus un facteur déterminant dans le choix des études.

Le 07/11/2019

Source web Par Hespress

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