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Nouveau modèle de développement: les partis politiques en panne d’idées

Nouveau modèle de développement: les partis politiques en panne d’idées

Aux partis politiques, il est reproché de se contenter de «verbiage» pour toute contribution au débat. Leurs propositions relèvent plus d’un programme électoral que d’un modèle de développement. Certains ont même voulu faire glisser ce débat sur le terrain des valeurs ou de la politique.

Les partis politiques, reçus les uns après les autres par la commission spéciale, ont-ils été capables de concevoir un nouveau modèle de développement? Il est permis d’en douter. On peut, en effet, trouver de tout dans les propositions qu’ils ont présentées à la commission de Benmoussa, sauf ce qui peut être considéré comme une réponse pragmatique à la question qui constitue l’épine dorsale de tout modèle de développement. A savoir, comment créer la richesse pour pouvoir ensuite la répartir de manière équitable entre régions et couches sociales.

C’est d’ailleurs le principal reproche qui a été fait aux partis politiques par tous ceux qui attendaient d’eux une réponse plus technocratique et moins politique à une problématique éminemment technique et qui n’est donc pas d’ordre politique. Ce n’est pas tout, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghrebia dans un dossier qu’il a consacré à ce sujet dans son édition du week-end des 25 et 26 janvier. Dans les coulisses de ces rencontres, il se dit que les partis politiques ont fait montre de carences encore plus graves. D’après le quotidien, ils ne font tout simplement pas la différence entre un programme électoral qui couvre un mandat de cinq années et un modèle de développement qui s’étende sur trente ans et même au-delà.

Et pour ne rien arranger, le PJD a ouvert grand la porte aux critiques en imposant la question des valeurs dans un débat sur le développement. Ce qui a suscité non seulement l’étonnement des membres de la commission Benmoussa, mais surtout la crainte que ce débat sur le développement ne soit dilué dans un océan de considérations identitaires qui ont souvent eu pour effet de compromettre les politiques publiques.

Dans le même ordre d’idées, poursuit le quotidien, le PPS, lui, a donné beaucoup, même trop d’importance au préalable politique dans sa vision du nouveau modèle de développement. Or, relève le quotidien, c’est justement le fait de donner au facteur politique une importance surdimensionnée qui a fait échoué, il y a sept ans, la tentative d’amélioration du modèle actuel, avant qu’on en soit arrivé aujourd’hui au stade où il faut le changer complètement.

Sur un autre volet, certaines voix se sont demandé comment une commission peut-elle se substituer aux partis dans l’une de leurs principales missions qu’est l’élaboration des politiques publiques. D’autres encore s’interrogent sur la place de la majorité gouvernementale dans ce débat et sur qui assumera la responsabilité de la mise en œuvre des résolutions de la commission Benmoussa.

Bien sûr, les partis ne se sont pas laissés faire. Le PJD reproche à ses critiques de se focaliser sur un seul aspect de sa proposition et de ne pas avoir tenu compte du reste. L’un des dirigeants du parti, cité par le quotidien, a d’ailleurs tenu à répondre à ceux qui reprochent aux partis de se limiter au «verbiage», précisant qu’un modèle de développement est «un cadre général qui définit les orientations générales et les choix stratégiques pour développer et gérer une situation donnée sur différents plans, économique, social, culturel environnemental…».

Quant au PPS, après avoir relevé l’importance de faire participer les partis politiques à ce débat, il a fait remarquer qu’en fin de compte, ce sont le gouvernement, le Parlement et les autres instances représentatives, démocratiquement élues et qui représentent la volonté populaire, qui seront amenés à mettre en œuvre les résolutions de la commission qui seront, sans nul doute, pertinentes. D’où l’impératif du facteur politique et institutionnel et de l’action partisane dans le nouveau modèle de développement.

Politologue, Abdelaziz Karaki, interrogé par le quotidien, n’est pas de cet avis. Il estime que le rôle des partis politiques tel que clairement défini par la loi organique 29-11, se limite à l’encadrement et à la formation des citoyens à la promotion de leur participation à la vie nationale et à la gestion des affaires publiques. Les partis concourent également, note le politologue, à l’expression de la volonté des électeurs et participent à l’exercice du pouvoir. En plus, tout le monde le sait, les partis manquent de centres de réflexion stratégiques capables de produire des stratégies, des programmes et des plans. C’est justement pour cela que l’Etat a décidé de revoir à la hausse le montant des aides qu’il leur accorde.

Par ailleurs, note-t-il, aucune délégation des partis reçus par la commission ne comprenait d’ingénieurs, d’experts et de spécialistes en sociologie, en économie ou en nouvelles technologies capables de répondre aux interrogations des membres de cette dernière.

Un autre académicien, Driss El Fina, professeur à l’INSEA, également interrogé par le quotidien, relève qu’à travers leurs présentations, il ressort que les partis politiques n’ont pas encore assimilé ce qu’est un modèle de développement et encore moins sa profondeur stratégique, notamment ce qui relève de la création de la richesse et sa répartition équitable. Les partis, conclut-il, n’arrivent pas à tourner la page qui s’étend de l’après indépendance et n’arrivent pas à renoncer à la politique politicienne.

Le 26/01/2020             

Source web Par Le 360

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