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L’«asphyxie» économique de Ceuta et Melilla permettra-t-elle au Maroc de les récupérer ?

L’«asphyxie» économique de Ceuta et Melilla permettra-t-elle au Maroc de les récupérer ?

Et si la récupération de Ceuta et Melilla passait par leur «asphyxie» économique ? Durant des décennies, le Maroc a multiplié les initiatives politiques pour réaliser son objectif, mais sans parvenir à convaincre les Espagnols de faire des concessions.

Les mesures économiques prises par le Maroc contre Ceuta et Melilla vont crescendo. Depuis le 1er août 2018, date de la fermeture de la frontière commerciale avec Melilla, jusqu’à aujourd’hui, le Maroc a en effet préféré frapper sur les économies locales, largement dépendantes du commerce avec Rabat.

Une stratégie qui éclipse, du moins officiellement, les sempiternelles revendications territoriales de la récupération des deux villes, marquant ainsi une rupture avec une politique observée depuis des décennies par le royaume. Retour sur les moments phares d’une époque et ses évolutions.

Durant les années 60 et 70, le roi Hassan II était convaincu que le retour des deux villes à la souveraineté marocaine était lié à la résolution de la question de Gibraltar. «Dès que les Espagnols obtiendront Gibraltar, immédiatement, automatiquement, nous obtiendrons Ceuta et Melilla. Aucune puissance ne pourra permettre que l’Espagne possède les deux clefs du même détroit», déclarait-il en novembre 1975.

Depuis 2002, les revendications de récupération sont de moins en moins audibles

Une position qui a connu une nette évolution au milieu des années 80. Les adhésions de l’Espagne à l’OTAN en 1982 et à la Communauté économique européenne (CEE) en 1986, où siégeait déjà le Royaume-Uni, a mis un terme à la doctrine de l’analogie de la solution. Place en 1987 à une nouvelle initiative de Hassan II destinée aux Espagnols, visant à mettre en place un comité mixte de réflexion composé d’experts des deux parties chargés de l’examen de l’avenir des deux villes. Une offre rééditée en mars 1994 mais qui n’a jamais reçu de réponse de la part de Madrid.

En 2002, le roi Mohammed VI avait remis en selle la même proposition lancée 13 ans auparavant par son père. Dans son discours du Trône de cette année, il avait déploré que l’idée de Hassan II de créer une «cellule de réflexion» avec le voisin ibérique pour discuter de la situation des Ceuta et Melilla, «n'ait pas trouvé, côté espagnol, d'oreille attentive», proposant de mettre en place, dans le cadre d'«une vision prospective et d'un dialogue franc» avec Madrid, des «projets de codéveloppement» dans les deux villes.

Mais depuis, les revendications territoriales sont de moins en moins audibles, à l’exception du sursaut de novembre 2007 suite à la visite de Juan Carlos à Ceuta et Melilla, réalisée alors que le Maroc commémorait le 32e anniversaire de la Marche verte. Une colère passagère marquée par le rappel de l’ambassadeur, Omar Azziman, pour consultations, et des communiquée de condamnation du déplacement royal émanant du Premier ministre, Abbas El Fassi, du ministère des Affaires étrangères et de partis politiques.

Reste à savoir si les nouvelles mesures économiques prises par le Maroc depuis le 1er août 2018 pourraient le rapprocher de son objectif de récupérer les deux villes. Certes, il est très tôt pour apporter une réponse précise à la question, mais nul ne peut ignorer leur efficacité en si peu de temps. Les mobilisations des partis politiques locaux et ibériques contre les décisions décrétées par Rabat en sont d’ailleurs les symptômes.

Le 03 Mas 2020

Source web Par Yabiladi

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