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Tourisme : comment Fatim-Zahra Ammor compte faire durer l'embellie

Tourisme : comment Fatim-Zahra Ammor compte faire durer l'embellie

Un bon bilan malgré certains manques à gagner : le tourisme se porte bien au Maroc, selon Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire. La responsable qui prend manifestement à cœur le développement du secteur laisse entrevoir des perspectives encore plus encourageantes avec les effets attendus de la mise en œuvre de l’ambitieuse feuille de route du tourisme à l’horizon 2026.

«Le tourisme se porte bien au Maroc». Cette affirmation émane de Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, qui se réjouit des performances palpables enregistrées en cette première moitié de l’année et qui se traduisent par des indicateurs au vert. En effet, les chiffres de l’Observatoire du tourisme pour le mois de juin confirment l’évolution remarquable observée au niveau des arrivées aux postes frontières dont le nombre s’est établi à 6,5 millions durant les 6 premiers mois de 2023 (1,4 million de touristes en juin), en augmentation de 21% par rapport à la même période de 2019. L’effet de ces bons résultats s’est fait forcément sentir sur les recettes touristiques qui ont atteint 40,6 milliards de DH à fin mai 2023, contre 28,5 milliards pour la même période de 2019.

Le tourisme interne est une priorité

Le bilan positif enregistré à fin juin est de bon augure pour la mise en œuvre de la feuille de route du tourisme 2023-2026 qui apporte des réponses opérationnelles aux défis du secteur. Le plan d’attaque du ministère fait la part belle au tourisme interne en tant que l’une des principales cartes à jouer pour atteindre les objectifs tracés dans le cadre de cette feuille de route, à savoir atteindre 17,5 millions de touristes et 120 milliards de recettes en devises sur les trois prochaines années.

«Ce volet fait partie de nos priorités», assure Fatim-Zahra Ammor. «Bien que le tourisme interne représente une part de 42% des nuitées enregistrées, l’offre en hébergement n’est pas suffisamment importante pour répondre à la demande grandissante, surtout durant la saison estivale où la demande atteint des niveaux très élevés. Mais ce qui manque encore plus, c’est le produit adapté à cette demande», nous explique-t-elle lors d’un échange autour de la situation du tourisme au Maroc et de la vison du ministère pour le développement du secteur.

«C’est une problématique dont nous avons hérité. Cela fait une vingtaine d’années que nous renforçons nos capacités hôtelières, mais nous n’avons pas encore construit assez d’hébergements adaptés au tourisme familial comme les apparts-hôtels par exemple», déplore la ministre. Citant une étude récente, la responsable fait savoir que la demande sur la location d’appartements est celle qui augmente le plus dans le monde, et ce à un rythme accéléré, représentant une hausse 22% par rapport à 2019. «C’est une tendance qui est en train de s’installer dans la durée et nous travaillons aujourd’hui sur ce volet, dans le cadre de notre feuille de route, dans l’objectif d’augmenter la capacité en termes d’appartements», indique-t-elle.

Etablissements d'hébergement touristique : au moins 22 millions de nuitées qui échappent au circuit formel

Selon les estimations, on dénombre au moins 22 millions de nuitées qui échappent au circuit formel, sachant que seules 8 millions de nuitées sont répertoriées au niveau des établissements d’hébergement touristiques classés du pays. Un énorme manque à gagner ! «Nous n’allons rien inventer. L’offre est déjà disponible, tout ce qui reste à faire est de la structurer. Cela aurait pu être fait il y a plusieurs années déjà, puisque la loi n° 80.14 relative aux établissements touristiques et aux autres formes d’hébergement touristique a été adoptée il y a plus de 7 ans, mais son décret d’application s’est fait malheureusement attendre», regrette Fatim-Zahra Ammor.

En effet, le décret portant application de cette loi a été adopté il y a quelques semaines, en Conseil de gouvernement, et permettra de réglementer les autres formes d’hébergements tels que les apparts-hôtels, l’hébergement chez l’habitant, les Airbnb, les campings, les gîtes, les bivouacs… En parallèle, le ministère encourage les projets d’investissements qui prévoient la mise en place de résidences hôtelières adossées aux hôtels pour renforcer l’offre au bénéfice du tourisme familial, notamment intérieur.

Dans le même sillage, le tourisme rural bénéficie d’une attention particulière de la part du ministère en raison de l’augmentation de l’intérêt porté aux trésors de l’arrière-pays par les voyageurs, une tendance qui a émergé fortement à la suite de la pandémie. Pour cette filière, le ministère entend également renforcer l’offre en hébergements et en produits touristiques pour répondre à la demande croissante sur ce type de tourisme, d’une part, et d’encourager les voyages sur toute l’année,, d’autre part, que ce soit auprès des voyageurs nationaux qu’internationaux.

Le Camping n’est pas un sous-produit

Le ministère travaille également sur l’essor de l’offre camping qui est souvent considéré comme un sous-produit, ce qui est loin d’être le cas. En effet, et contrairement aux préjugés associés à ce type d’hébergement, les campings peuvent également être classés en 5 catégories en fonction de leur niveau de confort, de leurs prestations et de leurs équipements. «En France par exemple, pays où le pouvoir d’achat est largement supérieur au nôtre, 50% des voyages se font dans les campings», relève Fatim-Zahra Ammor. Tout ce qui manque selon elle, c’est d’appréhender le camping comme un vrai produit hôtelier.

«Nous voulons travailler sur cette offre qui est d’abord une offre plus durable. Et nous voulons travailler sur l’ensemble des catégories. Nous sommes à l’œuvre avec des opérateurs de renommée mondiale spécialisés dans ce type de produits», annonce la ministre. «Notre vision est de développer davantage de produits de qualité qui soient accessibles aux Marocains, mais aussi aux étrangers qui ne souhaitent pas dépenser tout leur argent dans les hôtels», ajoute-t-elle. Elle cite à titre d’exemple un projet en cours de développement au niveau du parc d’Oulmès en collaboration avec la société Huttopia, un holding regroupant des entreprises spécialisées dans la conception, l'aménagement et l'exploitation de campings nature et de villages forestiers. «C’est un produit destiné aux familles à des prix raisonnables et qui s’inscrit en plus dans une approche écologique», insiste la responsable.

Fatim-Zahra Ammor : Notre objectif est de faire de l’ISITT une école d’excellence

La ministre du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor, a également tenu à mettre en avant le rôle-clé de ce volet érigé en pilier de la feuille de route, lequel permettra de rehausser le niveau de qualité des services. «Nous avons dédié un gros budget à la formation. Nous avons d’ailleurs signé une convention avec la Confédération nationale du tourisme (CNT) pour mettre en place des formations adaptées aux besoins du marché et pour accompagner les objectifs de notre feuille de route, notamment la formation du middle management où il y a grand manque aujourd’hui», rappelle la responsable. «Nous travaillons également sur le développement de l'Institut supérieur international du tourisme de Tanger (ISITT), un établissement d’un très bon niveau qui forme d’excellents cadres. Malheureusement, ces derniers sont souvent dérobés par d’autres secteurs et d’autres pays», regrette Fatim-Zahra Ammor. «Notre objectif aujourd’hui est de faire de l’ISITT une école d’excellence et d’encourager les professionnels du secteur à ne pas lésiner sur les moyens pour retenir ces talents», affirme la ministre.

Le ministère du Tourisme signera des contrats avec les régions "probablement avant fin 2023"

L’approche régionale a été privilégiée dans la conception du plan du ministère pour le développement du tourisme national. Un plan conçu en concertation avec une centaine de professionnels du secteur si bien qu’il s’agit aujourd’hui d’une feuille de route co-construite ayant pris en compte l’ensemble des problématiques soulevées lors des consultations, tient à préciser Fatim-Zahra Ammor. «Nous avons décidé de concentrer les efforts sur 9 filières, avec des vocations prioritaires bien définies et réfléchies pour chaque destination/région», signale-t-elle. «Dans notre feuille de route, nous avons tenu à attribuer une vocation touristique à chaque région, car, par le passé, nous voulions tout faire partout et au final nous ne faisions rien nulle part !», s’indigne la responsable. «Aujourd’hui, nous sous sommes disciplinés pour prendre parfois des décisions “douloureuses”». Par exemple, nous avons décidé de concentrer le balnéaire sur la région de Souss-Massa et la région du Nord. Cela veut-il dire que Casablanca-Settat ou Rabat-Salé-Kénitra ne sont pas des régions balnéaires ? Non, cela veut dire que l’on va concentrer les efforts sur cette filière dans les deux premières régions pour constituer une masse critique et maximiser les résultats», explique-t-elle.

À noter que Casablanca-Settat a été dotée d’une vocation de tourisme d’affaires et de city-break, Dakhla-Oued Eddahab a été érigée en destination de sports nautiques, Drâa-Tafilalet a eu droit au tourisme du désert et Fès-Meknès au tourisme culturel. Quant à Béni Mellal-Khénifra, le choix s’est porté sur le tourisme de montagne, rural et vert.

La mise en œuvre de la feuille de route au niveau des régions devra se faire en harmonie avec les projets prévus dans le cadre des Programmes de développement régionaux (PDR) au titre de 2022-2027. «Dans le cadre de notre feuille de route, nous allons mettre en place des contrats-programmes avec les régions qui incluent les objectifs de la feuille de route et ceux de la région», déclare dans ce sens la ministre du Tourisme. «Les régions nous ont présenté leurs PDR et nous nous sommes assurés que ce qu’ils présentent est en ligne avec notre feuille de route. Une fois la mise en place des laboratoires d’impulsion terminée, nous prévoyons de signer des contrats avec l’ensemble des régions, probablement avant la fin de l’année en cours», annonce-t-elle.

Pour rappel, les laboratoires d’impulsion sont des groupes de travail réunissant des acteurs publics du secteur ainsi que les professionnels du privé qui vont travailler en synergie sur les différentes filières identifiées dans le cadre de la feuille de route, à commencer par les prérequis nécessaires pour qu’une filière puisse de développer.

«Le tourisme est un secteur transverse qui nécessite un travail en synergie avec différents départements pour pouvoir mettre en place un produit de qualité. C’est ce qui explique la mise en place d’une commission nationale interministérielle pour le secteur, présidée par le chef du gouvernement», tient à souligner la responsable. «D’ailleurs, c’est la première fois au Maroc que le tourisme est doté d’une telle commission ! Cela ne s’est jamais fait auparavant et c’est pour cela que nous n’arrivions pas à réaliser les objectifs fixés pour le secteur», poursuit-elle.

SOURCE WEB PAR : LEMATIN

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