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Patrimoine géologique et archéologique: Le pari du géotourisme

Patrimoine géologique et archéologique: Le pari du géotourisme

Tourisme à thème pour une mise en valeur économique et pérenne

Susciter l’intérêt des autochtones afin qu’ils protègnet eux-mêmes leur patrimoine

Pour l’heure, l’exploitation des sites se fait à vue...

Le circuit touristique de Ouarzazate à Zagora est très riche en sites géomorphologiques et géologiques exceptionnels qui peuvent jouer un rôle important pour instruire et expliquer au grand public l’histoire de notre planète et l’évolution régionale du climat.(Ici le site à stromatolithes d’Amane-n’Tourhart (à 25 kilomètres au sud de Ouarzazate)

Dans la Région de Drâa-Tafilalet, et en particulier au niveau de la vallée de Drâa, des formations géologiques d’un grand intérêt scientifique ont été répertoriées, dont la plus récente se trouve sur le territoire de Fezouata aux alentours de Zagora (voir carte page 4). Elle regorge aussi d’un patrimoine paléontologique et de sites rupestres exceptionnels et d’une rare beauté.

L’art rupestre est, de son côté, fortement présent, en particulier dans la province de Zagora, au niveau du site de Oued Foum Chenna et Aït Ouarzik. Une nouvelle découverte de site à peintures rupestres a été révélée en avril 2016 à Oum Laâchar à Zagora.

En plus de ces sites, plusieurs tumulis (sites funéraires composés de pierres et de roches agencées de manière caractéristique) sont répertoriés dans cette zone ainsi qu’au niveau d’Errachidia, témoignant de la présence humaine et de pratiques funéraires pré-islamiques. Dans la Région de Drâa-Tafilalet, le patrimoine géologique et archéologique constitue déjà une ressource économique pour la population vivant aux alentours de ces sites.

Le seul bémol, c’est l’exploitation de ce patrimoine sans vision à long terme et sans contrôle ni encadrement. «Préserver cette richesse est un devoir envers l’histoire et l’humanité. En faire une ressource économique pour des villages vivant aux alentours est une opportunité qui enclenchera d’autres retombées», annonce d’emblée Mohamed Beraaouz, du bureau d’étude GAIA Experts et auteur de la thèse doctorale «Les sites géologiques et archéologiques des provinces de Ouarzazate et Zagora: Inventaire et valorisation dans le cadre du géotourisme».

En effet, ce genre de sites, comme cela se fait dans plusieurs pays, peut constituer un levier économique important pour les zones avoisinantes, à travers un tourisme de niche. Un tourisme responsable et encadré avec l’impératif de la conservation et la protection des sites en question. En tant que zone touristique structurée et accessible, la Région de Drâa-Tafilalet dispose déjà de l’infrastructure nécessaire pour amorcer ce nouveau genre touristique.

A noter que la valorisation de ces sites ne passe pas nécessairement par la création ou la définition d’une aire protégée. Elle peut aussi être ouverte à un public averti, consciencieux de la protection des sites et constituant une source de revenu pour la population locale. La cible recherchée dans ce cas-ci peut être des groupes scolaires ou universitaires, des chercheurs, nationaux et internationaux, mais aussi des touristes intéréssés par l’histoire et la science.

Un des principaux thèmes de tourisme à développer dans ce territoire présaharien est celui de la préhistoire autour du patrimoine rupestre (gravures de Foum Chenna, d’Assif Ouigane, d’Ait Ouarzik...). En outre, le géotourisme permettra la mise en valeur des géosites géomorphologiques et géologiques.

Pour ce faire, il est possible de créer des circuits thématiques comme «A la recherche des ancêtres», «Effets des changements climatiques sur l’Afrique du Nord», «Sédentarisation et domestication chez les peuples du désert». Ces circuits peuvent se présenter sous forme de randonnée pédestre sur un ou plusieurs jours, ou bien à dos de dromadaire, à vélo, ou en véhicule tout terrain. Bien sûr, la formation des guides de randonnées pédestres avec interprétation géomorphologique et patrimoniale des paysages est nécessaire pour accompagner cette activité.

Un guide doit avoir un minimum d’informations pour connaître l’histoire, l’intérêt scientifique et didactique du site, mais surtout doit être sensibilisé à la conservation des éléments du site. Certains touristes peuvent prélever des éléments sur place pour le «souvenir» sans aucun souci s’ils ne sont pas responsabilisés.

Destiné à des visiteurs avisés et conscients de l’importance scientifique de ces sites, ce tourisme de niche amorcera une réelle prise de conscience de la part des autochtones de l’importance de leur patrimoine.  «Les habitants deviendraient eux-mêmes des surveillants de leur patrimoine lorsqu’ils verront une amélioration de leur vie quotidienne avec cette activité touristique», note Abioui.

A travers un tourisme de niche, responsable et durable et articulé autour de l’histoire de la terre et des peuples, ces sites gagneraient en notoriété et participeraient au rayonnement de la région. Le tourisme est de cet état de fait une locomotive économique non négligeable pour ce territoire et pour le désenclavement de ces zones qui n’ont pas eu la chance de faire partie des destinations touristiques phares du désert marocain. Mais en attendant, c’est le volet «préservation et conservation» qui devrait être pris avec davantage de sérieux.

    Réguler et mieux surveiller

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    Pour réguler l’activité des carrières dans une zone connue pour ses géosites, il est important d’inclure le paramètre scientifique dans les études d’impact précédant l’octroi des permis d’exploitation. En outre, la régulation du commerce des fossiles, mais aussi des pièces de l’art rupestre local, aussi minuscules soient-elles, doit être prise avec sérieux. Faut-il rappeler la récente affaire du squelette du dinosaure Zarafasaura oceanis, sorti illégalement du Maroc, et retrouvé dans la collection privée d’un collectionneur italien pour être mis en vente aux enchères en février de cette année. Une affaire qui illustre les actes de commerce illégal des pièces appartenant au patrimoine national, mais aussi la faiblesse des outils de protection et de surveillance.

Le 25 octobre 2018

Source Web : L’économiste

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