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Maroc vs Coronavirus

Maroc vs Coronavirus

Le Royaume a annoncé vendredi soir la fermeture jusqu’à nouvel ordre de tous les établissements scolaires à partir de lundi, entre autres mesures phares sanitaire, sociale, économique, pour éviter la propagation massive du Covid-19, dont 28 cas ont été recensés sur le territoire national (dimanche à midi), parmi lesquels le ministre de l'Equipement, du Transport, de la Logistique et de l'Eau, Abdelkader Amara.

« Il a été procédé à la mise en place d’un comité de pilotage comprenant plusieurs intervenants et chargé de l’examen permanent de l’évolution de la situation épidémiologique au niveau national, régional et international », a assuré, samedi soir à Rabat, le chef du gouvernement, Saâd Dine El Otmani, qui, rappelons-le, a présidé le 12 mars courant, un conseil de gouvernement auquel a assisté Abdelkader Amara juste après son retour d’un déplacement officiel en Hongrie. En conséquence, l’ensemble des personnes présentes ont-elles été testées ?

L’annonce du test positif d’Abdelkader Amara est intervenue quelques minutes après l’allocution télévisée du chef du gouvernement au cours de laquelle il a tenté de rassurer les citoyens marocains sur la situation épidémiologique du pays. « Même si on est face à une pandémie grave, la situation dans le Royaume est maîtrisée, puisqu’on est encore à la première phase du plan de veille et qu’il n’y a pas d’épicentre de l’épidémie au Maroc du moment que la majorité des cas enregistrés sont des personnes provenant de l’étranger », a-t-il rappelé tout en les exhortant à respecter les nouvelles mesures préventives entrées en vigueur afin, dit-il, «d’éviter l’aggravation de la situation ». Libé fait le point sur les mesures en question.

La fermeture jusqu’à nouvel ordre de tous les établissements scolaires 

Vendredi soir, on pouvait entendre la joie de certains enfants célébrant l’annonce de la fermeture des établissements scolaires. Justement, cette mesure censée éviter la propagation du Coronavirus risque de souffrir de l’incompréhension des citoyens marocains et par conséquent s’apparenterait à verser de l’eau dans du sable. Pour preuve, la pression subie par les transports en commun dès samedi. De nombreuses personnes ont cru bon de voyager comme si elles étaient en vacances, or « la fermeture des écoles n’est en aucun cas synonyme de villégiature », a assuré le chef du gouvernement samedi soir. En effet, l’idée est d’éviter la propagation du virus comme c’est le cas dans plusieurs pays à travers la planète. Du coup, El Otmani a appelé le peuple marocain à éviter les voyages et les déplacements dans des lieux susceptibles de favoriser la propagation du Coronavirus. Dans ce sens, le gouvernement a décidé d’interdire les rassemblements publics de plus de 50 personnes dans tout le Royaume, sauf pour les entreprises et de toute évidence pour les transports publics. 

Ainsi, les vacances de printemps n’ont pas été avancées. Bien au contraire. Un programme d’enseignement à distance a été concocté. « Des centaines d’enseignants ont été formés pour dispenser des cours à distance. Actuellement, 30 équipes constituées d’enseignants et d’inspecteurs se chargeront de cette nouvelle forme d’enseignement. Les activités de ces équipes commenceront dès lundi », a martelé le chef du gouvernement dans son  allocution télévisée, samedi soir.

Mais cette solution de repli comporte plusieurs zones d’ombre. D’abord, pour suivre des cours à distance, il faut posséder un ordinateur et une connexion internet. Or, selon l’enquête annuelle sur les indicateurs des TIC publiée par l’ANRT, 38% des Marocains n’ont pas accès à Internet et 40% sont dépourvus d’ordinateur.

Sur ce point, le gouvernement a garanti la diffusion de cours de soutien scolaire quotidiens sur la télé. Chaque jour, plus d'une heure et demie y sera consacrée sur la chaîne nationale Arrabiâa. Dans ce cas, comment être sûr que les élèves suivront ledit programme assidument pendant que les parents seront absents ? Des parents qui, au passage, auront également à régler un autre problème, celui de la garde des enfants.

Pour le chef du gouvernement, le programme mis en place comportera forcément une part d’échec. Car selon lui «aucun programme d’éducation dans le monde n’est parfait ». Pas faux, a fortiori celui sur lequel s’appuie le Maroc. D’autant qu’il exclut les personnes en situation de handicap. « Par quel miracle les déficients visuels pourront-ils suivre ces cours à distance ? », s’est interrogé l’un d’entre eux. La réponse d’El Otmani lors de son passage télévisé, pendant lequel le sort des personnes en situation de handicap n’a pas été évoqué, est la suivante : « Le gouvernement a aussi prévu des séances de soutien pour les élèves qui ne vont pas profiter de l’enseignement à distance juste après le retour en classe».

Le Maroc se barricade 

Des touristes et des Marocains résidant à l’étranger ont pris d’assaut les aéroports du Royaume sans pour autant réussir à  le quitter. Idem de l’autre côté de la Méditerranée où des Marocains n’ont pu rejoindre le Maroc. La cause ? La décision prise par le gouvernement marocain de fermer ses frontières et suspendre les liaisons aériennes et maritimes avec plusieurs pays d’Asie, d’Afrique et d’Europe.

Cette mesure n’a pas été du goût de tout le monde. Outre les Français qui ont demandé à leur président un rapatriement express en scandant « Macron un avion », et qui ont eu gain de cause, puisque des avions spéciaux sont partis dimanche du Maroc pour rapatrier les milliers de touristes, plusieurs Marocains sont bloqués dans des aéroports un peu partout en Europe. Ne sachant pas de quoi leur avenir sera fait alors que les vols sont annulés en cascade. Pour l’instant, l’Exécutif a décidé de rapatrier ses ressortissants résidant en Algérie. Logiquement, cette mesure devrait se généraliser et s’appliquer à la diaspora marocaine de par le monde. Mais alors, des mises en quarantaine seront-elles appliquées comme ce fut le cas lors du rapatriement des ressortissants marocains de Chine ? Et si c’est le cas, le Maroc a-t-il intérêt à rapatrier des personnes susceptibles d’être positives au Coronavirus, sachant que « les 970 lits sont réservés aux cas qui seraient éventuellement infectés au coronavirus, et 250 lits dans les services de réanimation pour les cas graves » recensés par El Otmani, paraissent en l’état des choses, pour le moins, justes.

La flambée des prix

Dès l’annonce de la fermeture des établissements scolaires, la ruée vers les produits alimentaires dans les grandes surfaces a fait les choux gras de l’actualité. Un vent de panique qui a résulté sur des scènes désolantes et un manque de civisme incompatible avec le sang-froid et la solidarité qui devraient guider les citoyens marocains en ces temps où la situation sanitaire du pays est menacée. Dans ce cadre, le chef du gouvernement a indiqué que « l’offre est largement suffisante pour au moins les quatre prochains mois, assurant que des commissions spécialisées, instituées au niveau des différentes préfectures et provinces du Royaume, veillent au respect des règles du marché et à la lutte contre les spéculations».

En ce dimanche matin, cette prise de parole n’a malheureusement pas empêché la flambée des prix dans certains marchés de fruits et légumes en gros et encore moins les étals des supermarchés d’être dévalisés. Mais a contrario, à les entendre dans les rues, les Marocains se moquent du Coronavirus. Ils ne prennent pas encore la pleine mesure du danger qui les guette. Ce fut le cas au début de l’épidémie en Italie. Aujourd’hui, les Transalpins, gouvernement et citoyens, regrettent la légèreté avec laquelle ils ont fait face au COVID-19. Résultat, un pays en quarantaine où l’on y dénombre officiellement 1.441 victimes.

Le 13 Mars 2020

Source web Par Libération

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