Enseignants suspendus : le ministère serait prêt à lâcher du lest, les Coordinations s'impatientent
Le ministère de l’Education nationale met les bouchées doubles pour faire adopter le nouveau statut unifié dans les meilleurs délais. Mais la question enseignants suspendus constitue toujours un obstacle majeur à la validation finale de ce texte. Sur ce point, le département de Benmoussa serait prêt à jeter du lest. De leur côté, le Coordinations, appuyés par les syndicats, tiennent mordicus à la réintégration des enseignants sanctionnés avant d’enterrer la hache de guerre.
Une réunion décisive s’est tenue jeudi entre le ministre de l’Éducation nationale et les différents directeurs des Académies régionales afin d’examiner les meilleures pistes devant permettre l’adoption d’une nouvelle décision annulant la suspension temporaire des 530 enseignants, apprend-on d’une source proche du dossier, qui a préféré garder l’anonymat. D’après la même source, le ministère examinera les dossiers des enseignants suspendus au cas par cas, en se basant sur les rapports qui seront élaborés par les directeurs provinciaux et les directeurs des établissements scolaires.
Cette nouvelle démarche intervient au moment où le projet du statut unifié entame sa dernière ligne droite avant son adoption, puisque le texte a été soumis au secrétariat général du gouvernement et au ministère de la Réforme de l’administration pour qu’ils émettent leurs observations, avant de transmettre la version finale aux cinq centrales syndicales les plus représentatives pour qu’elles présentent leurs remarques finales. Le texte sera ensuite directement soumis au Conseil du gouvernement pour adoption.
Grèves des enseignants : Les syndicats attendent la version finale du statut unifié
«Nous attendons depuis le 9 janvier la version finale du statut unifié, mais le texte se trouve toujours au niveau du secrétariat général du gouvernement. L’information nous a été confirmée par le secrétaire général du ministère que nous avons contacté mercredi dernier. Ce responsable nous a indiqué que les secrétaires généraux des cinq syndicats seraient bientôt convoqués pour émettre leurs remarques sur la version finale. Il nous a annoncé par ailleurs que le ministère n’avait pas procédé à d’autres retenues sur salaires ni à d’autres suspensions et qu’il plancherait actuellement sur l’examen des suspensions déjà actées», souligne Abdellah Ghmimat, secrétaire général de la Fédération nationale de l’enseignement-orientation démocratique, dans une déclaration accordée au «Matin».
Les syndicats attendent donc que la version finale du texte leur soit soumise afin de vérifier si leurs propositions ont été intégrées. Cette étape intervient au moment où la crise dans le secteur de l’Éducation nationale commence à s’estomper, surtout après la décision des coordinations de suspendre leur mouvement de grève pour les deux prochaines semaines. Mais cette trêve demeure fragile et peut être rompue à tout moment par les Coordinations. Ces organisations, qui ont un poids non négligeable, peuvent en effet jouer les trouble-fête et saper à la dernière minute des mois de travail laborieux et de négociations ardues.
Les coordinations pourront jouer aux trouble-fête
Ce scénario est d’autant plus probable que la Coordination nationale du secteur de l’éducation vient d’annoncer qu’elle préparait de nouvelles marches régionales ce dimanche, notamment au niveau de Tanger et d’Al Hoceïma, parallèlement à l’organisation de sit-in nocturnes, selon les déclarations que nous avons obtenues auprès de Abdelouahab Sehimi, membre de la Coordination. Selon ce dernier, la Coordination serait prompte à reprendre les grèves si le ministère s’accrochait à sa décision relative aux suspensions ayant touché plus de 500 enseignants.
«La Coordination a procédé à la suspension temporaire des grèves en signe de bonne foi et pour accorder le temps nécessaire au processus de promulgation du statut unifié. Mais plusieurs indices nous poussent à croire que cette paix sera bientôt rompue et que nous reprendrons bientôt les grèves. Car le ministère n’a pas tenu ses engagements encore une fois, s’agissant notamment de l’adoption du statut unifié avant le 15 janvier et du versement des montants ponctionnés des salaires des grévistes par le ministère, sachant que cette revendication figurait en bonne place dans l’accord du 26 décembre dernier. Mais c’est l’annulation des suspensions des enseignants que le ministère s’entête à éviter qui risque de tout remettre en cause», met en garde Abdelouahab Sehimi, qui s’est interrogé par là même occasion sur le sort de plus d’un millier d’élèves dont les enseignants ont été suspendus. Autant dire que les dernières semaines de ce mois de janvier s’annoncent décisives pour l’avenir de l’année scolaire en cours !
Le PSU interagit avec les revendications des Coordinations
Cinq conditions ont été fixées par les Coordinations pour leur retour en classe et pour résoudre la crise qui dure depuis environ quatre mois. Ces conditions ont été intégrées dans «la Déclaration de Rabat pour résoudre la crise de l’éducation», lors d’une journée d’étude sur la «possibilité de résoudre la crise de l’éducation», organisée au Parlement par le Parti socialiste unifié (PSU) vendredi 12 janvier. Il s’agit notamment de l’annulation des décisions de suspension des 530 enseignants et le versement immédiat des retenus sur les salaires des grévistes. Le PSU, qui semble soutenir les Coordinations dans leur démarche, avait annoncé à travers son secrétaire général, Jamal Asri, que la suspension des enseignants est une décision qui n’a aucune base juridique ni constitutionnelle, notant que le ministère s’est basé dans sa décision sur l’article 73 du statut de la fonction publique qui évoque une faute grave qui porte atteinte au service public, alors que les enseignants ont été suspendus pour leur participation à la grève.
Le 19/01/2024
Source web par : lematin
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