Dons des pays du Golfe Ce qu’ils ont réellement décaissé
2,7 milliards de dollars débloqués à fin 2015
Le reste du Qatar et du Koweït en cours
L’effet baisse des recettes pétrolières aurait peu d’incidence
Dernière ligne droite pour le bouclage des dons des pays du Golfe. Les 5 milliards de dollars (49,6 milliards de DH) destinés à financer des projets de développement économique et social au Maroc devraient être décaissés entre 2012 et 2016. Dans cette opération de taille, où en est-on réellement? Selon nos informations, à fin 2015, les décaissements ont atteint 2,7 milliards de dollars, soit près de 54% de l’enveloppe globale, alors que 500 millions de dollars du Qatar et 450 millions du Koweït sont en cours de réalisation. Au rythme où vont les choses, « un petit glissement sur 2017 n’est pas à exclure. Surtout, avec la baisse du prix du pétrole sur le marché international, certains pays connaissent des difficultés. Le ministre des Finances relativise les choses. Pour Mohamed Boussaid, l’exécution est normale. Par rapport à d’autres pays bénéficiaires comme la Jordanie et le Bahreïn, le Maroc est de loin premier. Qu’importe, ces financements sont considérés comme de l’oxygène apporté au budget de l’Etat qui a permis d’accélérer la réalisation de plusieurs projets d’ordre social et d’infrastructures. Le gouvernement a inscrit 13 milliards de DH dans la loi de finances de 2016. En 2015, il a marqué 3,5 milliards de DH. Mais le top a été réalisé en 2014 avec pas moins de 13 milliards de DH. Par ailleurs, le choix des projets se fait également en fonction des priorités des fonds des pays du Golfe. Certains financent les infrastructures, d’autres le social. C’est ainsi qu’ils sont derrière la construction ou la rénovation des CHU de Rabat, Tanger et Agadir, la voie expresse d’Oujda Nador, le port de Safi, des écoles, le logement social,…
Sur ce total de 5 milliards de dollars, 4 pays ont décidé de contribuer chacun avec 1,250 milliard de dollars. Il s’agit de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, du Qatar et du Koweït. Ce geste concrétise la volonté d’inscrire la coopération avec le Maroc dans un cadre durable. Surtout qu’en 2012, le Maroc a été invité à rejoindre le Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui regroupe l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Qatar, le Bahreïn et Sultanat d'Oman. Rabat a fait preuve de prudence, en déclinant poliment l’offre, tout en rappelant son appartenance au Maghreb en construction et sa prédisposition à une coopération plus soutenue avec les pays du CCG.
Précisons qu’au niveau politique, cette opération n’a pas été de l’initiative du gouvernement de Abdelilah Benkirane mais du Souverain. C’est d’ailleurs au cours d’un voyage royal dans ces pays que l’opération a été montée.
Avant de recevoir les chèques, le Maroc doit se soumettre à des procédures rigoureuses. En fonction de l’exécution des projets, le Maroc présente les factures payées. Ces bailleurs de fonds auditent ces projets avant de passer à la caisse. En outre, ils ont la facilité de demander les pièces comptables justificatives. D’ailleurs, les Koweïtiens ont mandaté un bureau d’études à Rabat qui valide les décomptes, pièce par pièce. Il faut reconnaître que l’administration n’est pas habituée à ce modèle de gouvernance à la manière anglo-saxonne. Ce qui lui a d’ailleurs donné des sueurs froides. En tout cas, le ministère de l’Economie et des Finances a mis en place une structure dédiée. Renforcée par 5 inspecteurs des finances, elle est chargée de la gestion logistique de ces projets.
Impacts sur les finances extérieures
Dans le traitement de ces dons, le gouvernement a pris en compte la gestion des réserves de changes et les indicateurs macroéconomiques, particulièrement le déficit budgétaire. Il s’agit d’éviter que le déficit budgétaire ne soit réduit de manière artificielle, indique-t-on. D’ailleurs, le rapport de Bank Al-Maghrib avait évoqué une réduction du déficit en 2014, qui s’explique par d’importantes entrées des dons des pays du Conseil de coopération du Golfe qui avaient atteint 15 milliards de DH, soit 1,4% du PIB. Cela a eu d’autres impacts sur le plan des comptes extérieurs comme l’allégement du déficit commercial.
Le 27 Janvier 2016
SOURCE WEB Par L’économiste
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