Les Etats-Unis entrouvrent la porte aux embryons mêlant cellules humaines et animales
Le gouvernement américain pourrait bientôt débloquer des fonds pour financer la recherche associant des cellules souches humaines à des embryons animaux, une perspective qui soulève une multitude de questions éthiques et scientifiques.
Le nom lui-même rappelle les plus grandes histoires de la mythologie, aux accents de science-fiction: c'est par le mot "chimère" que l'on désigne ces embryons animaux hybrides, comportant des cellules souches humaines.
Ils ouvrent d'immenses perspectives médicales, depuis le traitement de maladies dégénératives jusqu'à la création d'organes destinés à des greffes... mais suscitent aussi des questions si profondes que les Instituts américains de santé (NIH), qui dépendent du ministère de la Santé, avaient placé il y a un an un moratoire sur ce type de travaux.
Après avoir consulté chercheurs, biologistes et spécialistes du bien-être des animaux, le NIH se propose de lever ce moratoire, ouvrant la porte au financement public de ce type de recherches.
Seraient alors autorisées les expériences "où des cellules humaines pourraient apporter soit une contribution substantielle soit une modification fonctionnelle substantielle au cerveau de l'animal", selon un communiqué publié jeudi.
Le NIH a ouvert une période de 30 jours pour que spécialistes et grand public soumettent leurs commentaires en ligne. Après cette période, l'organisme décidera ou pas de lever le moratoire.
Les rencontres conduites depuis un an "ont démontré que bien que créer des modèles chimériques comporte des défis importants, il existe un intérêt et un potentiel évident derrière l'idée de produire des modèles animaux avec des tissus humains ou des organes permettant d'étudier le développement humain, les pathologies et les greffes d'organes", explique le NIH dans sa demande de commentaires au public.
La recherche mêlant cellules humaines et animales n'est pas nouvelle. Depuis des décennies, les scientifiques greffent ainsi des tumeurs humaines sur des souris, et des valves cardiaques provenant de porcs sont fréquemment utilisées chez des patients.
Mais ce nouveau projet ne laisse personne indifférent.
"Imaginons que nous ayons des cochons dotés de cerveaux humains et qu'ils se demandent pourquoi on conduit des expériences sur eux. Ou que nous ayons des corps humains dotés de cerveaux animaux et que nous nous disions alors +et bien, ils ne sont pas vraiment humains, nous pouvons les soumettre à des expériences et y cultiver des organes", avance Stuart Newman, chercheur au New York Medical College.
Même si la proposition du NIH n'implique pas pour l'instant de travailler à la création d'animaux dotés de cerveaux humains complets, "nous n'avons pas de lois dans ce pays permettant de l'empêcher", proclame-t-il.
"J'envisage des scénarios extrêmes mais le simple fait de créer ces embryons chimériques était considéré comme un scénario extrême il y a encore 15 ou 20 ans", dit-il à l'AFP.
C'est justement il y a déjà près de 20 ans que Stuart Newman avait déposé une demande de brevet sur une chimère humaine-animale, non pas parce qu'il comptait en créer une mais parce qu'il voulait attirer l'attention sur ses dangers potentiels.
Il avait donc pris comme une victoire le rejet de sa demande par le bureau américain des brevets en 2005. Mais il craint désormais de ne pas avoir été entendu. "On s'habitue peu à peu aux choses".
Tout en reconnaissant les dangers potentiels, d'autres mettent en avant les immenses perspectives que ces travaux ouvriraient pour l'homme.
"En ce qui concerne la recherche sur la schizophrénie ou Alzheimer et la dépression, nous ne pouvons pas étudier les cellules du cerveau d'humains souffrant de ces maladies car nous ne pouvons pas ouvrir les cerveaux de personnes encore vivantes", remarque Robert Klitzman, directeur de programme sur la bioéthique de l'université de Columbia.
L'initiative du NIH est donc un "grand pas dans la bonne direction" recelant "l'immense potentiel d'aider des millions de personnes".
Mais il est essentiel que des spécialistes de l'éthique participent au comité de pilotage des NIH, estime-t-il également. "Nous ne voulons pas d'une souris ou d'un chimpanzé qui disposerait tout à coup de qualités de type humaines, car cela poserait des questions morales".
Le 12 Août 2016
SOURCE WEB Par Atlas Info
Les tags en relation
Les articles en relation
Plus de 32.000 décès liés à l’environnement en 2012 au Maroc
Selon un nouveau rapport de l'Organisation mondiale de la santé, 32.276 décès ont été provoqués au Maroc par des causes liées à l’environnement, e...
Assurance maladie obligatoire: Voici le mode d’emploi du tiers payant
Cette convention qui est conclue pour une durée de 4 ans prendra effet 60 jours après sa date de publication au Bulletin officiel. Celle-ci annule et remplace...
Froid extrême en Amérique du Nord: Trump se moque du réchauffement climatique
Le président américain Donald Trump a ironisé jeudi sur le réchauffement climatique, alors que le nord des Etats-Unis est balayé par une vague de froid ext...
Augmentez votre mémoire de 75% avec cette plante !
Le romarin entre dans la composition de nombreuses recettes et remèdes de grand-mère… Mais saviez-vous que cette plante permettait de stimuler et d’augmen...
Tinghir se dote d’un nouveau centre hospitalier provincial
Les travaux de construction d’un nouveau centre hospitalier provincial (CHP) ont été lancés ce vendredi 7 juillet à Tinghir. Un budget de 240 millions de ...
3 mythes sur les médias imprimés
À ceux qui se demandent si les guides et outils imprimés en tourisme sont à l’agonie, la réponse est non. Lors de la conférence de Travel and Tourism ...
Washington met fin aux avantages commerciaux de l'Inde
Les Etats-Unis vont mettre fin aux avantages commerciaux sur les importations en provenance d'Inde à partir de mercredi, a annoncé le président américai...
La position isolée de Donald Trump sur le climat divise le G7
La déclaration finale émise samedi au terme du sommet du Groupe des Sept (G7) a exprimé son soutien à l'Accord de Paris de 2015 sur le cha...
Aluminium dans les vaccins : le rapport qui dérange
Dans un rapport jamais rendu public depuis mars, des scientifiques pointent les risques induits par la présence d’aluminium dans les vaccins. Le passage �...
Climat: la Chine ratifie l'accord de Paris, les USA doivent suivre
Deux grands événements qui donnent un coup de pouce psychologique au processus de ratification de l'accord de Paris: la Chine a ratifié l'accord et l...
#Maroc_vaccination_covid19 : Le Maroc prépare déjà la campagne de vaccination contre la Covid-19
Le vaccin contre la Covid-19 en est encore à ses derniers essais que le ministère de la Santé prépare déjà la campagne nationale de vaccination. Le dépar...
Attention, du poison dans notre pain !
La communauté scientifique marocaine tire la sonnette d’alarme : l’apport du pain en sel dépasse toutes les normes ! Une étude a été réalisée en ce s...