Tourisme: La future feuille de route, victime des divisions de la profession?
Les opérateurs attendent impatiemment la finalisation de la stratégie touristique pour les 5 prochaines années. Si les grands professionnels du secteur privé sont associés à sa conception, les dissensions entre leurs instances représentatives et leur manque de cohésion risquent de retarder sa validation par le ministère du Tourisme, voire même d’altérer son objectif de relancer ce secteur.
Depuis plusieurs années, il est de notoriété que la profession est divisée entre le clan de la CNT (Confédération nationale du tourisme) et celui de l’ANIT (Association nationale des investisseurs touristiques) qui se reprochent mutuellement de ne pas être assez représentatifs ou de manquer de vision pour augmenter la part du tourisme dans l’économie marocaine.
L’arrivée du ministre Mohamed Sajid qui a sollicité l’ensemble des opérateurs importants pour élaborer, avec son département, une nouvelle feuille de route censée relancer ce secteur stratégique n’a semble-t-il pas suffi à ramener le calme entre les antagonistes ou les égos de leurs représentants.
CNT-ANIT: Je t’aime, moi non plus
Ainsi, lors d’une réunion, vendredi 2 février, qui portait sur la présentation des propositions d’un comité des experts (dirigé par la CNT) aux membres du comité de pilotage (ANIT…), les réserves émises par ces derniers ont encore montré l’absence de consensus sur les priorités des acteurs présents.
Ces comités doivent en effet se mettre d’accord avant de soumettre leur rapport final au ministre, afin qu’il puisse inclure leurs propositions dans la feuille de route, censée être prête courant 2018.
Ces désaccords qui retardent la conception de la future stratégie pourraient aboutir, au cas où ils persisteraient, à une feuille de route au contenu entièrement dicté par le binôme à la tête du département du tourisme et par un éventuel cabinet privé (et sûrement étranger) de consulting.
Tout va bien dans le meilleur des mondes
Malgré notre insistance, l’ANIT n’a souhaité faire aucun commentaire sur l’existence d’un conflit avec la CNT. Le président de cette dernière, Abdellatif Kabbaj, a quant à lui nié «ces rumeurs faisant état de divisions» alors que tout le monde sait que lui et le président de l’ANIT ne se saluent même pas.
«Les divisions existent partout mais il suffit de les surmonter. La CNT et l’ANIT sont unies et ne forment qu’une seule équipe.
«Je ne veux pas en dire plus mais lorsque nos recommandations communes seront publiées dans une semaine, vous verrez que la collaboration est exemplaire entre le comité des experts et celui de pilotage», affirme Kabbaj qui précise qu’il ne rempilera pas à la tête de la CNT en mars prochain pour des raisons personnelles et pas pour «une prétendue inimitié» avec l’ANIT.
Moins affirmatif, le vice-président de la CNT, Fouzi Zemrani reconnaît l’existence de dissensions tout en assurant qu’elles n’impacteront pas l’élaboration de la feuille de route et que le secteur privé parlera d’une seule voix pour que ses propositions soit retenues par le ministre.
Des divergences surmontables qui ont fait perdre beaucoup de temps
«Nous allons finir par transcender nos divergences pour arriver à une solution qui profite au secteur du tourisme marocain. Les deux clans n’ont pas vraiment de vrais reproches, car il s’agit plus d’une bataille d’égo, d’un côté comme de l’autre, qui nous a fait perdre beaucoup de temps.
«Grâce au compromis auquel nous sommes arrivés, ils vont mettre l’intérêt du secteur au dessus de leurs intérêts personnels, car nous n’avons plus le droit de rester dans cette situation qui a trop duré.
Selon le vice-président, le problème a été évacué et contrairement à ce qui se dit, il ne se situait pas entre Jalil Banabbès Taarji (président de l’ANIT) et Abdellatif Kabbaj (président de la CNT).
«Il ne faut pas simplifier les choses, car que représentent-ils l’un et l’autre dans le microcosme du tourisme? Deux personnes ne vont pas prendre en otage les 5.000 entreprises qui travaillent dans ce secteur.
«D’un côté, l’ANIT représente moins d’une dizaine d’investisseurs tandis que le président de la CNT est sur le départ. Quelles que soient les dissensions, nous n’avons pas le droit de pratiquer la politique de la terre brûlée», affirme Zemrani qui ne rempilera pas non plus à la CNT lors du renouvellement de ses instances en mars prochain.
Sans consensus, implosion du secteur
«La priorité de la fin de mon mandat est d’œuvrer à rapprocher les esprits. Ce n’est pas un abcès à crever mais plutôt une fièvre qu’il importe de faire baisser. Il n’y a plus de quoi s’exciter car, tous ensembles, nous avons fait une très belle feuille de route avec une analyse, un bilan, un diagnostic et des pistes pour aller de l’avant. Chacun doit donc simplement jouer sa partition», recommande notre interlocuteur qui pense que les propositions des opérateurs privés occuperont une bonne place dans la stratégie qui engagera l’avenir du tourisme pour les cinq prochaines années.
Pour conclure, Zemrani affirme que les antagonistes sont condamnés à trouver un consensus, sans quoi le secteur «implosera».
Le 13 février 2018
Source Web : Médias 24
Les tags en relation
Les articles en relation
Tourisme. Le nom du nouveau président de la CNT sera révélé le 19 juin
Lors du Conseil d’administration tenu le 30 mai dernier, la CNT est revenue sur les causes de la suspension des cinq fédérations et associations du secteur ...
Tourisme: Nouvelle tentative de relance pour Oued Fès
Le wali veut mobiliser les opérateurs Six lots de terrains pour des hôtels 3 et 4* MedZ appelée à revoir son offre de prix Le projet Oued Fès Golf...
Le tourisme après COVID-19 – Le CRT du Maroc Une locomotive pour une régionalisation avancée
Les présidents des conseils régionaux du tourisme (CRT) ont envoyé le 30 avril un rapport au ministre du Tourisme, du Transport et de l’Artisanat proposant...
Le Président de la CNT contredit le ministère du Tourisme
Dans une déclaration accordée à Tourisma Post, Abdelatif Kabbaj, Président de la Confédération Nationale du Tourisme, tient à mettre les points sur les i...
Une affluence record pour le Fitur 2016
La 36ème édition du Salon Fitur a démarré hier à Madrid. Lahcen Haddad, ministre du Tourisme y est présent ainsi qu’une importante délégation d’opé...
Vidéo. Tourisme: découvrez le new look de la médina de Fès, l'éternelle
Une foule de visiteurs s'agglutine à l'entrée d'une tannerie fraîchement rénovée à Fès: entre grands chantiers de restauration et multiplicat...
Embellie public-privé dans la croissance
Tout l’atteste : Le Maroc est sur une trajectoire de croissance touristique exceptionnelle avec une augmentation à fin Février de 17% par rapport à 2019. U...
Maroc : plus de 12 millions de touristes et presque 7 milliards d’euros de recettes
Le secteur du tourisme marocain a enregistré une nouvelle performance avec plus de 12 millions d’arrivées, soit une hausse de +8% et un million de visiteurs...
La lente décrépitude d’Essaouira
Depuis plusieurs années, la ville est au centre d’un projet destructeur favorisant la médiocrité et semant la confusion “Une visite Royale». Une dol�...
Pourquoi Thomas Cook a un avenir en Chine
Le groupe chinois Fosun, propriétaire du Club Med et actionnaire minoritaire de Thomas Cook, a annoncé vendredi l'acquisition de la marque Thomas Cook pou...
Que devient Lahcen Haddad ?
L’ancien ministre du Tourisme a quitté son fauteuil le mois dernier dés lors qu’il a gagné son siège au Parlement sous les couleurs de l’Istiqlal. Dep...
Message pour la Journée mondiale du tourisme 2017 Taleb Rifai, Secrétaire général, Organisation
Le tourisme est aujourd’hui le troisième plus gros secteur d’exportation dans le monde derrière la chimie et les carburants. Source d’espoir, de prospé...