La retraite moyenne à la CNSS est de 1.900 DH, la plus faible de tous les régimes de retraite au Maroc
Les trois quarts des 544.000 pensionnés de la CNSS perçoivent moins de 2.000 DH par mois. Parmi eux, les retraités touchent une pension moyenne de 1.933 DH, contre… 7.162 DH pour les retraités du public affiliés à la CMR. La faiblesse des salaires et le plafonnement de la base de cotisation à 6.000 DH expliquent la modicité des pensions.
Dans un précédent article, publié à l’occasion de la tenue du dernier conseil d’administration de la CNSS, Médias24 avait souligné la précarité de l’emploi salarié dans le secteur privé, caractérisé notamment par des salaires très bas et une discontinuité des déclarations.
Les données sur les retraités de la Caisse montrent, eux, une situation encore plus précaire, due, justement, en grande partie à la faiblesse des salaires, mais aussi au plafonnement de la base des cotisations à 6.000 DH, et donc de la pension à 4.200 DH.
La retraire moyenne à la CIMR est légèrement plus élevée
En 2017, la CNSS a servi 16,52 milliards de DH de prestations, en hausse de 6% par rapport à 2016, alors qu’elle a collecté 21,16 milliards de DH de cotisations, en progression de 4,8%. Les fonds de réserve s’établissent ainsi à 50 milliards de DH, en amélioration de 5%.
Sur ces prestations, 62,8% sont à long terme (pensions de retraite, pensions de réversion pour les survivants et pensions d’invalidité), 31,3% sont des allocations familiales et 5,5% sont des prestations à court terme (maladie, maternité…).
Le nombre de pensionnés a atteint 544.000 en 2017, en hausse de 4,6%. Le montant global des pensions s’établit pour sa part à 10,4 milliards de DH, en augmentation de 7,2%.
Ainsi, la pension moyenne, toutes catégories confondues, s’élève à 1.592 DH. Près de 75% des pensionnés perçoivent moins de 2.000 DH par mois.
La pension de retraite moyenne est de 1.933 DH (1.944 pour les hommes et 1.873 DH pour les femmes), celle des survivants est de 844 DH et la pension d’invalidité de 1.955 DH.
La pension de retraite moyenne à la CNSS est la plus faible du système de retraite au Maroc. Pour les retraités du privé ayant cotisé à la CIMR, la pension moyenne s’élève à 2.395 DH, ce qui reflète, là aussi, la faiblesse des salaires lors de la période de cotisation (le régime de la CIMR n’est pas plafonné).
Dans le public, les pensions de retraite sont beaucoup plus confortables : 5.008 DH au RCAR et… 7.162 DH à la CMR (régime des pensions civiles).
58% des nouveaux retraités touchent moins de 2.000 DH
Chez les nouveaux pensionnés en 2017 (40.505 personnes, en hausse de 1,85%), la pension est un peu plus élevée que dans le portefeuille, en raison de l’allongement de la durée de carrière des assurés et de la relative amélioration des salaires déclarés.
Mais les montants demeurent médiocres. 58% des nouveaux retraités, qui représentent 74% du total des pensionnés, touchent une pension inférieure à 2.000 DH.
Finalement, le taux de remplacement du dernier salaire ne dépasse pas 56% pour les retraités qui percevaient entre 1.000 DH et le SMIG (2.566 DH). Celui des retraités qui touchaient plus de 10.000 DH par mois se limite à 6%.
Malgré la modicité de ces prestations, le régime de retraite de la CNSS demeure menacé. Les fonds de réserve à long terme s’élèvent à 45 milliards de DH, l’équivalent de 4,33 années de pensions contre 4,36 années en 2016.
La vitesse de croissance des prestations (+7% par an en moyenne) est plus importante que celle des cotisations (6,4%). «Le taux de couverture des prestations LT par les cotisations mises en recouvrement est en diminution, fragilisant ainsi l’équilibre de cette branche, ce qui participe à œuvrer pour une réforme du régime des retraites géré par la CNSS», estime le management de la Caisse. Le premier déficit technique est attendu en 2024 et l’épuisement des réserves en 2040.
Certes, l’intégration attendue et progressive des indépendants (plus de 4 millions de personnes) permettra à la CNSS d’augmenter le montant des cotisations collectées. Mais une réforme du régime demeure nécessaire, non seulement pour garantir sa pérennité mais aussi pour améliorer le niveau des prestations, notamment pour les assurés percevant un salaire supérieur au plafond de cotisation actuel (6.000 DH).
La réforme du régime devient urgente
En août 2017, la Caisse a relancé un appel d’offres pour choisir un cabinet qui doit proposer des scénarios de réforme et en recommander un.
Ce processus est lancé alors que la réforme systémique du système de retraite au Maroc est au point mort. Seule la réforme paramétrique du régime civil des fonctionnaires (CMR) a été opérée, ce qui lui donne un sursis de quelques années.
Autant dire que le chemin est encore long pour pérenniser le système de retraite dans le secteur privé. Et encore, si le chantier aboutit, il ne pourra améliorer que faiblement les revenus des retraités qui resteront tributaires du niveau de leurs salaires durant la période de cotisation.
Le 18 juillet 2018
Source Web : Médias 24
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