TSGJB BANNER

Les enjeux phares de la convention de prêt signée avec Finéa selon le Directeur de l’AFD

Les enjeux phares de la convention de prêt signée avec Finéa selon le Directeur de l’AFD

Faciliter l’accès des entreprises au financement et produire un effet de levier sur d’autres financements… est au coeur de la stratégie de l’Agence Française de Développement.

Mihoub Mezouaghi, Directeur de l’Agence Française de Développement au Maroc revient sur les faits saillants ayant empreint l’activité de l’AFD au Maroc au cours des derniers jours.

Une période marquée aussi par la visite de Rémy Rioux, Directeur Général du Groupe Agence Française de Développement.

EcoActu : Cette semaine a été particulièrement riche en événements pour l’Agence Française de développement au Maroc. A commencer par la signature avec Finéa, d’une convention de prêt de 1,2 Md de DH. Dans quel cadre s’inscrit cette signature et est-ce en ligne avec la nouvelle politique stratégique de l’Agence dans le monde et au Maroc ?

Mihoub Mezouaghi : Ce programme est d’abord au cœur du débat sur la transition du modèle de développement du Maroc, en mettant ici l’accent sur l’impact du développement du tissu entreprenarial sur la création d’emplois. Il s’inscrit plus globalement dans le cadre de notre partenariat stratégique avec la Caisse de Dépôt et Gestion pour mobiliser des ressources financières et techniques pour le financement du développement durable.

Il s’agit plus précisément d’une ligne de crédit auprès de la filiale du Groupe CDG, Finéa, au bénéfice de très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) pour accompagner leur projets d’investissement. Ce programme appuie également Finéa dans le renforcement de son offre de services d’accompagnement et de conseil aux entreprises.

En effet, nous intervenons de cette manière dans de nombreux pays à travers le monde. L’idée centrale reste toujours de faciliter l’accès des entreprises au financement et de produire un effet de levier sur d’autres financements, et cela dans le sens de l’atteinte de l’un ou de plusieurs Objectifs de Développement Durable.

Quels sont les indicateurs auxquels êtes-vous sensible pour accorder un prêt ou un soutien financier à un projet ?

L’Agence intervient dans près de 120 pays, et apprend beaucoup de la diversité des situations nationales et des complexités sociales.  Nous sommes avant tout à l’écoute de la demande exprimée par nos partenaires, qu’il s’agisse de l’Etat, des collectivités locales, des opérateurs publics et privés mais aussi des acteurs de la société civile. Dans chacun des cas, nous examinons la pertinence et la faisabilité des projets ou programmes, et de leur adéquation à la fois aux priorités stratégiques de nos partenaires et celles de la politique de développement et de coopération internationale de la France.

Plus globalement, tout ceci repose sur une conviction partagée : dans un contexte de fragmentation sociale et de vulnérabilité écologique, nous devons tous engager une transition vers un modèle de développement bas carbone, plus résilient et plus inclusif. La visite au Maroc de Rémy Rioux, Directeur Général du Groupe Agence Française de Développement, a été l’occasion de confirmer un fort alignement stratégique et opérationnel avec nos partenaires marocains.

Aussi, l’AFD avec ses partenaires a-t-elle inauguré un projet inédit, celui d’un terrain de Basketball à Zenata, dans le cadre du partenariat pluriannuel NBA-AFD. Comment pareil projet accélérera-t-il l’inclusion sociale, l’un des objectifs phares de l’AFD au Maroc ?

En effet, nous avons concrétisé le premier projet de notre partenariat panafricain avec la NBA. Ce partenariat vise à développer un programme d’éducation citoyenne par le sport dans 6 pays (Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Kenya, Maroc, Nigéria, Sénégal) pour renforcer le lien social dans les territoires les plus vulnérables.

Au Maroc, ce programme a d’abord été lancé dans l’éco-cité de Zenata, qui a déjà bénéficié de financements de l’Agence française de développement, mais aussi de la Banque Européenne d’Investissement et de l’Union Européenne. L’enjeu de cette nouvelle ville est aussi celui de la résorption des quartiers précaires. En nous appuyant sur le pilotage de la Société d’Aménagement de Zenata, et sur l’expertise pédagogique des ONG locales et sportive de la NBA, l’enjeu est d’exercer, par le sport, un effet de levier sur l’apprentissage de valeurs citoyennes, d’ouverture et d’engagement, tout en accompagnant la formation d’espaces de mixité sociale afin de faciliter l’inclusion toutes les populations du territoire. Enfin, la référence internationale de la NBA stimulera l’émulation autour de ce même objectif et accompagnera la détection de jeunes talents. Deux autres projets seront lancés au Maroc d’ici 2021.

Le vendredi 28 juin, Rioux, Directeur général de l’Agence Française de développement  a présenté son livre « Réconciliations. Pour une politique de développement renouvelée » au Policy Center For The New South. Peut-on dire que les paradigmes du développement doivent évoluer ?

La lecture de l’ouvrage Rémy Rioux incite plutôt à répondre positivement à votre question. Pour le moins, pour trois raisons. D’abord, le dérèglement climatique nous expose, et plus encore les populations les plus pauvres, à un coût économique élevé. Le coût de l’inaction se traduirait par une dégradation de terres agricoles, une érosion du littoral, une montée du niveau de la mer ou encore une fréquence plus élevée des catastrophes naturelles. Ensuite, le creusement des inégalités se poursuit depuis les années 1980 et expose de nombreux pays à des tensions sociales. Sans un investissement dans le renforcement du lien social, les perspectives de stabilité politique mais aussi de croissance économique auront tendance à se réduire significativement. Enfin, le monde demain sera africain, chacun a bien à l’esprit le poids de la population africaine au sein de la population mondiale ou encore l’émergence de mégapoles sur le continent au cours de ce siècle. Là encore, une rupture s’impose : les solutions à une question de développement sont dès à présent et seront demain plus encore au Sud comme au Nord de l’Hémisphère. Et donc l’Afrique inventera très certainement de nouveaux modes d’accès aux services publics, des modes d’usage du numérique ou encore des modes de gouvernance autour par exemple de la gestion d’une ressource naturelle. Nous apprendrons sans doute beaucoup des expérimentations du continent au cours des prochaines décennies.

L’ouvrage propose en ce sens une révision de la politique de développement pour mieux prendre en compte ce moment de bascule vers un nouveau paradigme de développement. Ce paradigme pourrait être celui d’une introversion des sociétés moins allantes à la coopération et au multilatéralisme. Mais ce paradigme pourrait aussi être celui de davantage de solidarité, d’ouverture et de réconciliations pour relever les grands défis (climat, inégalités, justice, mobilités…) auxquels nous sommes tous exposés. Et c’est sans doute la plus grande leçon de ce début du siècle, tous les pays au Nord comme au Sud doivent engager une transition de leur modèle de développement et que ce sentier suppose alors d’inventer de nouvelles coalitions d’acteurs pour y parvenir.

Le 02/07/2019

Source web Par Yabiladi

Les tags en relation

 

Les articles en relation