Fitur/Tourisme - Offensive sur le marché espagnol: Le Maroc doit revoir sa copie!
A 2 heures de l’Europe, le Maroc offre un produit authentique, une culture différente et une gastronomie de grand renom. C’est sur cette proximité que veulent miser les professionnels pour séduire davantage de touristes ibériques et les orienter vers les différentes destinations du Royaume (Ph. YSA)
Repenser la stratégie touristique sur le marché ibérique, développer de nouveaux accords avec les TO online et offline et capitaliser sur l’expérience espagnole pour booster les arrivées touristiques… Voilà en gros ce que demandent les professionnels du tourisme à Adil El Fakir, directeur de l’Office national marocain du tourisme (ONMT).
A la tête de cet établissement depuis plus d’un an, le nouveau patron est attendu sur son bilan d'étape, notamment au niveau du chantier de la digitalisation lancé tambour battant... mais «sans impact visible», estiment certains professionnels. Il est également interpellé sur la stratégie de communication et le budget de l'Office, particulièrement concernant le coût de la promotion par marché.
«Des chiffres obscurs, qui sont devenus, depuis sa nomination à la tête de cette entité, un véritable mystère…», commentent des opérateurs qui n’excluent pas l'idée de recourir à une commission d’enquête «parlementaire» pour lever le voile sur les dépenses budgétaires de l’Office. A ce titre, le rapport de la dernière commission d’enquête concernant l’Office contient quelque 70.000 documents «toujours confidentiels», d’après un député à la 2e Chambre.
Au Fitur 2020, des espoirs pour les professionnels mais aussi beaucoup de doléances. A commencer par la situation géographique du pavillon Maroc, qu'ils déplorent tous, car totalement excentrée et éloignée de ses voisins d'avant comme l’Egypte, Israël, les Emirats, ou encore la Turquie. Situé dans le hall 1, aux côtés d'autres pays d'Afrique, le pavillon marocain s'est retrouvé face à la porte sud, une issue principalement utilisée pour les départs massifs en métro ou taxis… en fin de journée.
Les arrivées au salon se font du côté de la porte nord, station d’arrivée pour tous les visiteurs de la «Feria». «Le stand Maroc est situé à l’extrémité du salon, avec les pays d’Afrique… et rares sont les TO étrangers qui sont venus nous voir dans cet «endroit exilé et trop exiguë»», regrette-t-on.
Notons que le pavillon Maroc occupe quelque 313 m2 et abrite une trentaine de co-exposants, des agents de voyages, TO, chaînes hôtelières, etc. Auparavant, le Maroc était voisin avec les pays à l’honneur, comme à côté de l’Inde pour la 38e édition (en 2018), et positionné au hall 6, un endroit très fréquenté.
Par ailleurs, l’ONMT n’a pas jugé nécessaire d’associer la presse à son délassement au Fitur, une première dans l’histoire de ce salon. Surtout si l’on sait qu’il s’agit d’un événement qui concerne le 2e plus important marché émetteur du Royaume (après la France). «Nous n’avions pas encore les budgets dédiés et nous avions décidé de confier cette tâche aux régions», explique El Fakir.
A ce titre, 10 régions participent à cette 40e édition. Mais hormis L’Economiste (convié par le CRT de Fès), aucun journaliste de la presse spécialisée ni des quotidiens nationaux n’a été invité à couvrir l’événement. Faut-il signaler que «l’Office n’a pas honoré ses engagements en matière de promotion et d’appui budgétaire destiné au CRT», déplore Yassir Jawhar, président délégué du CRT de Fès, arguant que «des prestataires attendent toujours leur décompte».
Autre remarque, la ministre de tutelle a encore brillé par son absence pour les 2 e fois consécutives après le salon de Londres. Absence inexpliquée par le DG de l’Office qui lui donne rendez-vous au «plus grand salon de tourisme au monde, celui de Berlin prévu le 3 mars». Ce serait l’occasion pour Nadia Fettah Alaoui de rencontrer les professionnels.
Mais l’on sait d’ores et déjà que la responsable gouvernementale a marqué son terrain au ministère «en instaurant une vraie culture du travail et du rendement». «Elle a chamboulé son ministère et exigé de ses collaborateurs de fournir le maximum d’eux-mêmes en vue de booster le secteur et faire émerger la marque Maroc», atteste une source qui préfère garder l’anonymat.
34 millions de DH pour promouvoir le Maroc en Espagne
Pour Mohamed Sofi, délégué de l’ONMT pour le marché espagnol, «les actions promotionnelles sur le marché ibérique seront ponctuelles et à fort impact». Ainsi, de nouvelles dessertes aériennes verront le jour avec l’Andalousie, Séville, les îles Baléares et Malaga. Celles-ci porteraient les rotations hebdomadaires entre le Maroc et l’Espagne à plus de 200 vols. «Nous travaillons aussi sur la promotion offline et online avec de nombreux TO, en plus des actions promotionnelles traditionnelles, éductours, voyages de presse… etc.». L’essentiel, selon Sofi, est d’atteindre les objectifs sur ce marché prioritaire qui «confirme son évolution annuelle». «Ce n’est d’ailleurs pas fortuit si nous avons reçu en 2018 plus de 2,5 millions de touristes ibériques, soit une progression de 6% par rapport à l’année précédente. Idem pour 2019», explique le délégué, ajoutant que «le Maroc est la première destination non européenne pour les touristes espagnols». Pour 2020, les tendances sont très positives. Les opérateurs restent optimistes et les déclarations des TO espagnols spécialistes du pays sont prometteuses. Certes, le budget dédié à l’accompagnement de ces derniers n’est pas encore connu. Mais l’on sait que l’Office a misé, en 2019, sur ce marché quelque 34 millions de DH. Le chiffre n’est donné qu’après une longue hésitation…
Le 24/01/2020
Source web Par l'économiste
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