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Entretien avec Simon Sutour, président de la Commission des affaires européennes au S&

Entretien avec Simon Sutour, président de la Commission des affaires européennes au S&

«Il faut consolider davantage les relations entre le Maroc et l’UE, en général, et avec la France, en particulier»

Simon Sutour, le président de la Commission des affaires européennes au Sénat français, a conduit du 2 au 4 septembre, une délégation officielle de trois membres de sa commission au Maroc. L’objectif est d’échanger avec les responsables marocaines sur les relations qu’entretient le Maroc avec l’UE.

Simon Sutour, président de la Commission des affaires européennes au Sénat français

L’idée est de faire le point sur cette question dont les résultats seront contenus dans un rapport de la commission. Ce dernier sera présenté au Sénat français en automne prochain. La thématique générale autour de laquelle sera établi le rapport s’articule autour des relations entre l’UE et la Rive-Sud de la Méditerranée. Selon le sénateur français, le cas du Maroc constituera le noyau dur de ce rapport, vu ses liens étroits avec l’UE, grâce au statut avancé dont il a bénéficié depuis 2008. Après 5 ans, le rapport dressera le constat. Outre le statut avancé, le rapport évoquera également l’Accord de libre-échange complet et approfondi entre le Royaume et l’UE. Après l’étape du Maroc, la délégation s’envolera vers la Tunisie pour le même objectif.

Le Matin : La Commission des affaires européennes du Sénat a chargé plusieurs de ses membres de présenter un rapport à l'automne prochain sur le statut avancé du Maroc auprès de l'Union européenne. Quel est le but de cette démarche ?

Simon Sutour : En tant que président de la Commission des affaires européennes du Sénat français, je conduis une délégation de trois personnes représentant les différentes sensibilités politiques au sein du Sénat. L’objectif de notre visite est de faire le point sur les relations entre l’Union européenne et le Maroc et évidemment les relations bilatérales entre la France et le Maroc, puisque la France reste un acteur majeur de l’UE. Cette visite s’inscrit dans le cadre de l’évaluation des relations entre l’UE et les pays de la Rive-Sud en général. J’ai souhaité associer des membres de la Commission des affaires européennes à l’examen des rapports entre les deux parties sous ses différents aspects : l’accord d’association, le statut avancé, politique de voisinage... Ainsi, nous avons commencé notre visite par Tanger, ville passerelle entre le Maroc et l’UE, où nous avons rencontré l’ancien wali de la ville ainsi que l’actuel maire. À Rabat, nous avons rencontré le Chef du gouvernement, le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération ainsi que d’autres hauts responsables.

De quoi allez-vous parler dans le rapport que vous compter présenter au Sénat ? avez-vous une idée préétablie ?

J’ai une idée préétablie, c’est qu’il faut consolider et renforcer davantage les relations entre le Maroc et l’UE, en général, et avec la France, en particulier. Le rapport sera présenté dans quelques semaines au Sénat. Il sera établi de manière collective par les membres composant cette délégation. Pour le contenu, il traitera les relations entre l’UE et les pays de la Rive-Sud. Après le Maroc, nous nous rendrons en Tunisie avec le même objectif et la même démarche. Dans cette lignée, j’aimerais souligner que la Tunisie reste beaucoup moins avancée que le Maroc dans ses relations avec l’UE. En tout cas, le noyau dur de notre rapport sera le Maroc et le contenu du rapport reflétera nos entretiens avec les responsables marocains, leurs points de vues…

Que faut-il faire pour relancer le statut avancé du Maroc auprès de l’UE et aller plus vite dans le sens de l’intégration progressive du Maroc dans le marché communautaire ?

Il faut sensibiliser l’ensemble des acteurs en vue de rendre les liens plus étroits. Pour ce faire, il y a la diplomatie officielle qui se pratique à travers nos ambassades et les rencontres aux plus hauts sommets des États, mais il y a aussi les relations parlementaires qu’il convient d’approfondir et de renforcer. D'ailleurs, j’ai insisté sur ce point lors de ma rencontre avec les responsables marocains à Tanger.

D’après vous, quelle est la place de la diplomatie parlementaire dans le renforcement de ce mécanisme du statut avancé ?

Elle est indispensable et elle renforce l’action diplomatique traditionnelle, mais je crois dans que ce genre de processus, au-delà des accords signés, il y a les femmes et les hommes qui les animent et qui ont besoin de mieux se connaitre.

Depuis le statut avancé, beaucoup de choses se sont passées. Le Printemps arabe, la nouvelle Constitution 2011, des élections anticipées, ne pensez-vous pas que le Maroc est en droit d’exiger plus de l’UE en termes d’appui et d’accompagnement ?

Absolument, sous l’impulsion de Sa Majesté Mohammed VI, le Maroc a pris le devant à travers une série d’initiatives au niveau de ses institutions que nous apprécions en France et au sein des instances de l’UE. Et effectivement, cela doit permettre l’intensification de nos relations institutionnelles et économiques.

Le Maroc et l’UE ont signé un nouvel accord de pêche pour 4 ans. Mais cet accord doit être entériné par le Parlement européen. Ne risque-t-on pas de voir le scénario de l’année passée se reproduire ?
Nous sommes dans un fonctionnement démocratique. Il y a la Commission, le Conseil des ministres ainsi que le Parlement européen. Cela est le jeu normal de l’institution démocratique. Pour ce qui est de l’accord de pêche, le processus y afférent a démarré très mal, mais il s’est vite rétabli et il ne faut retenir que cela.

Quel sera le rôle des eurodéputés français dans ce dossier ?

Ils ne sont pas forcément tous sur la même position. Ils sont de différentes sensibilités et ils sont membres des groupes politiques européens. Mais globalement, je pense que l’ensemble des députés français, y compris les eurodéputés, est dans la même lignée que celle que je vous ai indiquée, à savoir, le renforcement des liens avec le Maroc.

Le Maroc et l'UE viennent d’engager des négociations portant sur un Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA). Où en est-on dans ce projet ?

Le projet est toujours en discussion. Il est aussi l’un des objets de notre visite, puisqu’il relève de la compétence de notre Commission.

Est-ce que le rapport parlera de ce point ?

Bien sûr. Nous allons prendre position là-dessus. A priori, nous sommes très favorables à ce nouveau pas qui fait, au bout du compte, que le Maroc aura un statut par rapport à l’UE, à la limite, meilleure que certains pays qui sont candidats à l’adhésion et qui risquent d’attendre très longtemps leur adhésion.

Beaucoup de pays ayant connu «le Printemps arabe» sont entrés dans une spirale d’instabilité. Le Maroc a visiblement pu gérer ce virage crucial de son histoire. Dans quelle mesure êtes-vous d’accord avec cette idée ?

Le Maroc a anticipé et il a traité le problème relativement à froid. Les autres pays n’avaient pas des dirigeants clairvoyants. Ils n’avaient pas des dirigeants souhaitant s’engager dans ce type de processus. Nous souhaitons que la Tunisie s’inscrive aussi dans ce type de dialectique avec l’UE et c’est ce que nous allons dire aux dirigeants et responsables tunisiens que nous allons rencontrer.

Comment qualifiez-vous les relations bilatérales entre la France et le Maroc ?

Les choses sont parfaites. Sa Majesté le Roi a été l’un des premiers Chefs d'État à être reçu par le Président français François Hollande. Le niveau des relations bilatérales est exceptionnel, il y a une volonté réciproque d’intensifier ces liens. La France est un pays parmi les 28 formant l’UE, nous nous entendons avec l’Allemagne, ce qui nous procure un poids considérable au sein de l’UE, et nous agissons dans le sens du renforcement des relations et je crois que la meilleure preuve est notre choix volontaire de venir et de revenir au Maroc pour échanger avec les responsables.

Publié le : 5 Septembre 2013 -

Source web Par  par Soumaya Bencherki, LE MATIN

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