Ils appellent à la grève mais souhaitent des négociations avec le département du Budget
Les médecins du secteur privé n’en démordent pas. Pour eux, le décret n°2.21.290 fixant les revenus forfaitaires sur la base desquels les cotisations à l’AMO et au régime de retraite seront calculées est «injuste». Ils appellent donc à sa révision à la baisse en arguant que d’autres professionnels libéraux bénéficient de taux de cotisations moins élevés. Mais tout en brandissant la menace d’une grève nationale en janvier prochain, ils appellent à l’ouverture un dialogue avec le département du Budget pour trouver un terrain d’entente. Ils estiment que l’Ordre des médecins doit être l’intermédiaire lors de ces négociations qui doivent se dérouler en leur présence.
Les syndicats regroupant les médecins du secteur privé, les cliniques privées, les médecins dentistes, les pharmaciens ainsi que les biologistes se mobilisent contre le décret n°2.21.290 fixant les revenus forfaitaires sur la base desquels les cotisations à l’AMO (assurance maladie obligatoire) et au régime de retraite seront calculées, adopté récemment par le gouvernement. Pour faire pression sur l’Exécutif, ces professionnels du secteur de la santé menacent de faire grève au cours du mois de janvier prochain. Ils annoncent que ce débrayage sera général sur le plan national dans les différents secteurs, à l’exception des services des urgences et de réanimation (NDLR : grève qui concerne le secteur privé de la santé et pas le public). Cette mise en garde a été faite lors d’une conférence de presse organisée mardi dernier.
Pour rappel, en ce qui concerne les cotisations à l’AMO, le revenu forfaitaire des médecins généralistes a été fixé à 4 fois la valeur du SMIG et celui des spécialistes à 5,5 fois le SMIG, alors que celui des pharmaciens a été arrêté à 3 fois le SMIG (voir l’article «Protection sociale : les médecins généralistes du secteur libéral refusent la base de calcul des cotisations sociales» sur le site www.lematin.ma). Cette base de calcul est rejetée par les syndicats des médecins, des pharmaciens et des biologistes qui demandent à ce que les taux des cotisations soient alignés sur ce qui est appliqué pour les autres professions indépendantes. Lors de la conférence de presse, Mohamed Hachem Tyal, vice-président de l’Association nationale des cliniques privées, a déploré le fait qu’«on croit à tort que les médecins sont riches». «Il faut mettre fin au fantasme du médecin richissime qu’il faut plumer à tout prix. On a l’impression qu’il a beaucoup d’argent et qu’il faut qu’il passe à la caisse». Tout en défendant le rôle des cliniques privées, Mohamed Hachem Tyal a affirmé que l’objectif des médecins est d’offrir des soins aux citoyens. «Le Maroc est l’un des pays les plus accessibles en matière de soins. Il faut savoir que dans certains pays, pour avoir un scanner, il faut attendre plus d’un mois, alors qu’au Maroc on peut l’avoir immédiatement. Dans les 400 cliniques privées, des milliers de vies sont sauvées chaque jour… Nous militons pour que le citoyen marocain ait la possibilité d’accéder aux soins à un hôpital public ou privé», soutient-il.
Pour sa part, le spécialiste de l’économie médicale Jaafar Haïkal a mis en avant des chiffres pour défendre les médecins du secteur privé et dénoncer «l’iniquité du taux de cotisation qui leur serait imposé». «Parmi les Marocains ayant une couverture médicale, 80% se dirigent vers le secteur privé pour bénéficier des soins. Aussi, pour chaque 100 dirhams dépensés pour la santé, 59,7 dirhams (soit 60%) sont supportés par le citoyen. En ce qui concerne le budget de la santé, il fait l’objet d’un taux d’exécution de l’ordre de 67%, c’est-à-dire que sur 22 milliards de dirhams, plus de 6 milliards dirhams ne sont pas exploités. Aussi, l’ANAM (Agence nationale de l’assurance maladie) a un excédent budgétaire de l’ordre de plus de 30 milliards de dirhams...», a-t-il expliqué. Il a appelé dans ce sens à ce que la logique des cotisations des médecins à l’AMO prenne en compte ce qu’il a appelé «le service vital social rendu» par ce corps.
Lors de la conférence de presse, les syndicats des médecins ont mis en avant d’autres arguments plaidant pour plus d’équité en termes de cotisations. En effet, en s’adressant aux représentants des médias, ils ont appelé à faire une comparaison. «Posez-vous la question qu’on se pose au sujet des hauts cadres de ce pays qui n’auront jamais à payer plus de 400 dirhams par mois. Parce que la cotisation à la CNOPS est plafonnée à 400 dirhams par mois. Il est inconcevable que quelqu’un qui touche entre 50.000 et 60.000 dirhams nets ne paye que 400 dirhams seulement. Comparez cette situation avec celle d’un médecin généraliste ou un spécialiste en grosses difficultés ou un dentiste qui démarre… c’est injuste», ont-ils défendu.
Pour toutes ces raisons, les syndicats du secteur de la santé appellent le département du Budget (estimant que le ministère de la Santé n’est plus l’interlocuteur approprié) à entamer avec l’Ordre des médecins des négociations pour trouver un terrain d’entente sur le taux de cotisation approprié. Ils estiment que l’Ordre des médecins doit être l’intermédiaire lors de ces négociations qui doivent se dérouler en leur présence, insistent-ils.
Le 09/12/2021
SOURCE WEB PAR Le Matin
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