La réalité est têtue. Le citoyen en sait quelque chose
Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes d’Akhannouch
Rien à faire. Le chef du gouvernement donne trop l’impression de croire dur comme fer que son cabinet, via sa formation politique, serait en mesure de se targuer d’avoir réalisé un bilan positif et accompli en une année ce qui n’a pas été achevé en dix ans (Sic). Notamment dans les secteurs sociaux. Pis, Aziz Akhannouch considère ce bilan comme un avant-goût de ce qui va suivre puisque le gouvernement et le parti majoritaire ont encore quatre ans devant eux.
Aveuglement
Intervenant lors du conseil ordinaire de son parti, tenu samedi dernier, le premier secrétaire du RNI a affirmé que son gouvernement a pu accomplir, au cours de son mandat, « l'activation du chantier relatif à la couverture sanitaire et la mise en place des bases d'une nouvelle offre de santé à même de répondre aux besoins nationaux », et de « donner au secteur toutes les ressources et incitations lui permettant de se hisser au niveau souhaité de manière à garantir l'égalité pour tous ainsi que des traitements de qualité ». Il a également évoqué « la feuille de route destinée à restaurer le respect de l'école publique et de la profession enseignante ».
Et qu’en est-il du bilan du gouvernement en matière de protection et d’élargissement de la classe moyenne, de réduction des disparités sociales et spatiales, de mobilisation du système éducatif pour placer le Maroc parmi les 60 meilleurs systèmes d’éducation au monde… ? Silence radio.
Akhannouch estime que son gouvernement s’est engagé dans une série de mesures visant à protéger le pouvoir d'achat des citoyens, à achever la dynamique des réformes structurelles, et à lancer une nouvelle génération de projets et d'engagements selon une méthodologie qui tient compte du niveau des attentes de nos concitoyens.
Le gouvernement a également pu, ajoute Akhannouch, "travailler sur une relance immédiate du marché du travail national pour contrer l'impact de la pandémie, en créant des programmes d'emploi innovants, en soutenant l'option entrepreneuriale chez les jeunes, et le pouvoir d'achat des citoyens, et en promulguant le pacte d'investissement».
Ne se rendant pas compte de son état, le SG du RNI a annoncé que l’Exécutif compte redoubler d’efforts pour mettre en œuvre ses différents engagements, en activant un ensemble de mesures et en les inscrivant dans la loi de Finances 2023, qui constituera le véritable point de départ pour la mise en œuvre du programme gouvernemental. Il a également indiqué que cette loi prévoyait des mesures pratiques pour consolider les fondements de l'Etat social en achevant le reste des étapes de ce chantier, parallèlement à l'opérationnalisation des mesures pratiques pour parvenir à la relance économique.
Et d’ajouter : « Les différents efforts du gouvernement devaient être orientés vers la réalisation des objectifs fixés par le programme gouvernemental, à un rythme soutenu et avec une vision claire, car il n'est plus acceptable aujourd'hui de perdre du temps politique ».
Sourdement
Des propos qui en disent long sur la gravité de l’état de notre chef du gouvernement qui ne se rappelle plus qu’il a fait et à plusieurs reprises, l’objet de campagnes sur les réseaux sociaux demandant son départ pour sa mauvaise gestion de la chose publique (hausse des prix des denrées de première nécessité, augmentation de ceux des carburants, obligation du pass vaccinal...). Sa gestion du secteur agricole en tant qu’ancien ministre de l’Agriculture et ses penchants libéraux ont également été pointés du doigt.
Le chef du gouvernement refuse, en effet, de voir la réalité de la montée du chômage, la cherté de vie, l’inflation, la dégradation du pouvoir d’achat, ... Il refuse de voir en face une réalité morose décrite par plusieurs rapports et études tirant la sonnette d’alarme sur la situation économique et sociale du pays. L’aggravation de cette situation n’est pas prise non plus en compte par le chef du gouvernement puisqu’il est optimiste quant à l’avenir alors que le HCP augure « d’une année 2023 qui se solderait par un retour de la croissance vers un sentier d’évolution moins soutenu comparativement à la période d’avant crise, avec des faibles gains sur les déséquilibres macroéconomiques et des risques de renforcement de la cherté de l’argent ».
L’incapacité du gouvernement à s’ouvrir sur l’opinion des autres a été également soulignée par plusieurs parlementaires de l’opposition qui ont noté que l’Exécutif fait peu de cas du rôle du Parlement en rejetant les propositions et initiatives de l'opposition. Ils observent également la domination du gouvernement et de sa majorité qui s’est fortement manifestée lors des élections des instances de la Chambre des représentants et celles des conseils des collectivités territoriales. Ils estiment que le gouvernement bafoue les droits de l'opposition, notamment celui d’exprimer ses opinions, ce qui était évident lors des débats sur la loi de Finances pour l'année 2022, où tous les amendements conjoints présentés par l'opposition ont été tout bonnement rejetés. Pis encore, cette hégémonie s'étendait jusqu'à l’interdiction à la presse et à l'opinion publique de suivre les travaux des commissions parlementaires, qui sont encore secrets, contrairement à ce qui se passait lors de la précédente législature. Alors que le règlement intérieur de la Chambre des représentants accorde au président de la commission le droit de lever le secret sur ses travaux, mais le président de ladite Chambre s’obstine et exige que les commissions permanentes se tiennent à huis clos. A méditer.
Le 13 Février 2023
Source web par : libération
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