De plus en plus de travailleurs et d’entrepreneurs veulent quitter l’Allemagne
L’Allemagne a un problème : de plus en plus de personnes très performantes envisagent de quitter le pays.
Le taux d’émigration en Allemagne est déjà le troisième plus élevé des 38 principales nations industrielles – et les trois quarts de ceux qui partent sont titulaires d’un diplôme universitaire.
La semaine dernière, j’ai organisé un séminaire pour les entrepreneurs à Berlin. Ils venaient tous de différents secteurs de l’économie – l’un était un négociant en vin, l’autre un grand fabricant de jouets, un autre encore travaillait dans le secteur de l’énergie. J’ai demandé qui avait déjà sérieusement envisagé l’émigration. Ce qui m’a choqué, c’est que presque tous ont levé la main.
Quelques jours plus tard, j’ai organisé un autre événement intitulé « Plan B – Que faire si l’Allemagne va dans le mur ? ». Là encore, le public était essentiellement composé d’entrepreneurs.
Un agriculteur a déclaré : « Les politiciens n’ont aucune idée de ce qu’est l’agriculture et nous ennuient chaque jour avec de nouvelles réglementations toujours plus absurdes. J’en ai assez. Je m’en vais ! »
Bien entendu, tous ces entrepreneurs ne finiront pas par quitter le pays, d’autant plus que les politiciens utilisent tous les moyens à leur disposition pour leur compliquer la tâche. L’un de ces moyens est ce que l’on appelle la « taxe de sortie ».
Lorsque les entrepreneurs partent, ils sont traités comme s’ils avaient vendu leur entreprise ou leurs actions et le « bénéfice », qui en réalité n’existe pas, est taxé. Cette taxe de sortie a récemment été rendue encore plus stricte pour les Allemands qui s’installent dans d’autres pays de l’UE. En fait, il s’agit d’un « mur fiscal » destiné à empêcher les entrepreneurs de quitter l’Allemagne.
Mais ce serait une grave erreur de penser que beaucoup de ceux qui envisagent d’émigrer ne le feront pas un jour ou l’autre. Actuellement, 3,8 millions d’Allemands vivent hors d’Allemagne. Avec un taux d’émigration de 5,1 %, l’Allemagne se classe au troisième rang de l’OCDE, l’association des 38 principales nations industrielles du monde. Une autre étude de l’OCDE a conclu que l’Allemagne a la charge fiscale et sociale la plus élevée au monde. Il n’est donc pas surprenant que le salaire annuel net des émigrants augmente au cours de la première année passée à l’étranger malgré certains obstacles (compétences linguistiques, etc.).
Et ce sont surtout les personnes hautement qualifiées qui quittent l’Allemagne. Une étude de l’Institut fédéral de recherche démographique (BiB) a montré dès 2019 que l’émigrant allemand moyen a moins de quarante ans, qu’il a réussi professionnellement et qu’il est titulaire d’un diplôme universitaire. Près des trois quarts des émigrants ont un diplôme universitaire, ce qui contraste fortement avec ceux qui viennent en Allemagne, qui sont en grande majorité des personnes peu qualifiées, dont certaines veulent avant tout profiter des avantages du généreux système d’aide sociale allemand.
Selon l’étude mentionnée ci-dessus, environ 180 000 Allemands s’installent dans un autre pays chaque année. Selon l’étude « German Emigration and Remigration Panel », publiée par l’Institut fédéral en coopération avec des sociologues de l’université de Duisburg-Essen, une grande partie des émigrants quittent l’Allemagne pour des raisons professionnelles – et gagnent nettement plus dans leur nouveau pays. En moyenne, les salariés à temps plein gagnent environ 1200 euros de plus par mois qu’en Allemagne.
Mais les motivations financières ne sont pas les seules à jouer un rôle
De nombreuses personnes sont mécontentes de la situation politique en Allemagne et beaucoup sont également gênées par le niveau élevé d’envie à l’égard des personnes les plus prospères du pays. Presque chaque jour, les politiciens de gauche en Allemagne appellent les « hauts revenus » à « enfin contribuer ». Or, le fait est que le premier pour cent des plus hauts revenus en Allemagne paie déjà plus de 20 % de l’impôt sur le revenu.
Le seul endroit où l’envie des « riches » est plus forte qu’en Allemagne est la France, comme le montre une enquête représentative menée par Ipsos MORI dans 13 pays. Les données de cette enquête ont été utilisées pour calculer un coefficient d’envie sociale, qui décrit le rapport entre les personnes envieuses et non envieuses dans chaque pays. Plus le coefficient d’envie sociale est élevé, plus celle-ci est répandue dans un pays donné.
Coefficient d’envie sociale – Une comparaison internationale
Sources : Zitelmann, Allensbach, Ipsos MORI
La situation est encore plus dramatique pour les entreprises. L’Association allemande de l’automobile a récemment indiqué que plus d’un cinquième de ses membres délocalisaient à l’étranger. La plus grande entreprise chimique du monde, BASF, a récemment fait la Une des journaux pour avoir délocalisé une partie de sa production de l’Allemagne vers la Chine. La raison : trop de paperasserie et de réglementation en Allemagne et des coûts énergétiques trop élevés.
Les politiciens allemands attribuent ces coûts énergétiques élevés à la guerre en Ukraine. En réalité, les fabricants allemands payaient leur électricité environ 50 % plus cher que les entreprises américaines bien avant le début de la guerre. Au cours des douze derniers mois, la situation s’est encore aggravée, conséquence de l’échec total de la transition énergétique allemande, initiée par Angela Merkel et perpétuée aujourd’hui par le parti des Verts.
Le 26 Mars 2023
Source web par : contrepoints
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