ONEE : rien ne justifie la création des sociétés régionales multiservices (FNTE)
La réforme du secteur de l'électricité fait réagir le président de la Fédération nationale des travailleurs de l'énergie (FNTE) qui exprime son inquiétude quant aux négociations en cours sur la cession des activités de distribution d’eau et d’électricité. Mohammed Zeroual souligne l'importance de préserver l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) en tant que pilier du secteur de l'énergie au Maroc. «L'ONEE n'a pas besoin de faveurs, mais de moyens pour améliorer sa gestion». Selon le gouvernement, cette réforme est conçue pour assurer un cadre de gestion approprié permettant de garantir l'efficience des investissements publics, la complémentarité entre les circuits de distribution ainsi que la coordination entre les différents intervenants.
Les déclarations du ministre délégué chargé du Budget, Faouzi Lekjaâ, lors de la dernière réunion de la Commission des finances et du développement économique, n’ont pas laissé de marbre les dirigeants de la Fédération nationale des travailleurs de l'énergie. Ces derniers ont réagi en particulier aux propos tenus sur l'Office national de l'électricité et de l'eau potable et sa réforme. Mohammed Zeroual, président de la FNTE, a souligné que ces déclarations concernant la réforme du secteur de l'électricité ne reflétaient pas les convictions du ministre en charge, en se demandant quelles étaient les véritables motivations de la réforme en cours. Tout en soulignant l'importance de clarifier les intentions du gouvernement, il a affirmé que les déclarations faites par des responsables gouvernementaux ne peuvent être considérées comme représentatives de la position officielle du ministère, mais plutôt comme «le reflet des décisions politiques prises en coulisse». Selon lui, il est crucial que le gouvernement clarifie ses intentions et cesse d'«insulter l'intelligence des Marocains en leur présentant des discours contradictoires».
L'ONEE, une institution publique stratégique
Le responsable syndical a rappelé que lors des négociations avec les parties gouvernementales concernées, dont le ministère de l'Intérieur, il y a toujours eu une reconnaissance du rôle stratégique de l'Office. Mais Mohammed Zeroual estime que la réforme en cours se limite à la restructuration des tâches de distribution, et il est maintenant question de problèmes de production et de transport d'électricité. Selon lui, «il est injustifié de remettre en question systématiquement l'Office en tant qu'institution publique qui a toujours été une fierté nationale». À cet égard, le président de Fédération nationale des travailleurs de l'énergie a mis en avant les réalisations notables de l'Office dans le domaine de l'électrification nationale et son intervention réussie dans plusieurs pays africains. Il a souligné l'importance de préserver l'Office en tant qu'institution publique solide et efficace, plutôt que de le démanteler au profit des sociétés régionales multiservices. Selon lui, l'Office a joué un rôle essentiel dans le développement du secteur de l'énergie au Maroc et a contribué à l'amélioration de l'accès à l'eau potable dans de nombreuses régions du pays.
«L’ONEE n’a pas besoins de faveurs, mais de moyens»
Le président de Fédération a aussi critiqué le comportement «contradictoire» des responsables gouvernementaux et leur volonté de «d'insulter l'intelligence des Marocains». Il a ainsi exprimé son inquiétude quant aux négociations en cours sur la cession des activités de distribution de l'eau, de l'électricité et de l'assainissement liquide aux sociétés régionales multiservices. Il a souligné le manque de clarté quant à la nature de ces négociations et à l'étendue des tâches qui leur seront accordées. Pour lui, l'ONEE n'a pas besoin d'un soutien constant de l'État, mais plutôt de moyens pour améliorer sa gestion. Mohammed Zeroual estime donc que l'Office national de l'électricité et de l'eau potable n’a pas besoin de faveurs, mais d’outils et de moyens pour accomplir ses missions. Tout en critiquant «des pratiques inéquitables», notamment l'achat de combustibles à des prix supérieurs qui bénéficient au secteur privé, il a souligné l'importance d'un traitement équitable pour l'Office, au même titre que les autres acteurs du secteur de l'énergie. Dans le même cadre, il a mis en garde contre le projet de loi sur les sociétés régionales multiservices, soulignant qu'il ne s'agit pas d'une réforme, mais d'une cession d'activités qui pourrait avoir des répercussions graves. C’est pourquoi il a appelé à l'ouverture d'un dialogue transparent et inclusif sur l'avenir de l'Office, en impliquant toutes les parties concernées. «Les décisions prises concernant l'avenir de l'ONEE auront un impact considérable sur beaucoup de Marocains, et il est donc primordial de préserver cette institution en tant que pilier essentiel du secteur de l'énergie au Maroc», a-t-il plaidé.
Les sociétés régionales multiservices permettent de garantir l’efficience des investissements publics
Selon le gouvernement, le projet de loi n°83-21 relatif aux sociétés régionales multiservices est conçu pour assurer un cadre de gestion approprié permettant de garantir l’efficience des investissements publics, la complémentarité entre les circuits de distribution ainsi que la coordination entre les différents intervenants. Pour l’Exécutif, ce projet de loi est l'aboutissement de la réforme du système actuel de gestion des services publics de distribution d'électricité, d'eau potable et d'assainissement liquide, initiée le 29 juillet 2021 par la signature d'un mémorandum d'entente entre le ministère de l'Intérieur, le ministère de l'Économie et des finances, le ministère de l'Énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement, d'une part, et l'Office national de l'électricité et de l'eau potable, d'autre part. Pour le gouvernement, l'ONEE conservera pleinement ses missions «primordiales» durant cette étape, afin de promouvoir la gouvernance et d’accompagner la régionalisation avancée et la déconcentration. La nouvelle approche de gestion déléguée vise, selon le gouvernement, à répondre à l'ensemble des contraintes auxquelles fait face le secteur de la distribution de l'eau potable, de l'électricité et de l’assainissement liquide, qui empêchent de satisfaire efficacement les demandes croissantes sur ces services de base et de valoriser les potentialités pour les utiliser de manière optimale.
Le 24/05/2023
Source web par : lematin
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