La gestion des zones humides doit prendre en considération l’élément humain qui doit être au service de ces écosystèmes
La gestion des zones humides doit prendre en considération l’élément humain qui doit, à son tour, être au service de ces écosystèmes, a souligné le Haut-commissaire aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification, Abdeladim Lhafi.
Les démarches entreprises par le HCEFLCD doivent être "au service de l’Homme, qui doit être, à son tour, au service de l’équilibre écologique", a affirmé M. Lhafi dans une interview accordée à la MAP à l'occasion de la journée mondiale des zones humides.
"La gestion de l’humain dans un cadre social, sociologique et également juridique est le défi principal dans la gestion des zones humides", a-t-il martelé, jugeant que "les solutions face aux différentes contraintes (concernant les zones humides, ndlr) ne sont pas uniquement techniques ou scientifiques". Dans ce sens, le Haut-commissariat intègre, dans sa stratégie de développement des zones humides, une démarche qui lui permet de travailler avec les populations pour qu’elles s’approprient les différents projets, a-t-il indiqué.
En sus, le développement des zones humides ne peut être réalisé qu’à travers une démarche participative, qui permet de tirer de la valeur ajoutée de ces écosystèmes à travers notamment les chaînes de valeur, a expliqué le haut-commissaire. La première chaîne de valeur est ce qu’on appelle "le bird watching", "c’est-à-dire qu’il y a maintenant toute une niche d’observateurs ornithologiques qui viennent pour regarder, à certaines périodes données, la migration des oiseaux", a-t-il précisé.
Cela constitue une "richesse importante", en permettant de générer des revenus au profit des populations locales, et fait ainsi "partie d’un écotourisme au sens large du terme", a-t-il ajouté. La deuxième chaîne de valeur est celle de la pêche continentale et l’aquaculture, a-t-il fait savoir, notant que le HCEFLCD a développé des partenariats, en encadrant les populations et en créant des coopératives de pêche artisanale, de transformation et de vente des produits de la pêche, permettant d’un côté de travailler dans un cadre contractuel, et d’un autre de soulager la pression sur les ressources naturelles, les populations se trouvant obligées de préserver les ressources leur procurant un revenu.
Le responsable a fait savoir que le développement de plusieurs chaînes de valeur autour des zones humides est une démarche qui vise à "construire une coresponsabilité" qui n’est pas uniquement de la sensibilisation, mais également de l’action, de la conservation et du développement. La planification territoriale est également un des enjeux majeurs du développement des zones humides, a-t-il poursuivi, affirmant que les phénomènes d’urbanisation avancée, de la littoralisation des côtes, de la "bétonisation" des espaces et l’assèchement des zones humides font que l’aménagement du territoire est au cœur du débat.
>>A lire la suite: L’environnement en 2017: Quand le Maroc joint l’acte à la parole
Le thème choisi cette année pour célébrer la journée mondiale des zones humides, à savoir "les zones humides pour un avenir urbain", est un thème d’une extrême actualité, toutes les grandes villes et métropoles à travers le monde intégrant les zones humides comme axe central du développement, a insisté le Haut-commissaire. Pour lui, l’extension des grandes agglomérations devrait se faire avec une forme de vision architecturale qui permet de se développer autour de ces zones humides et de les préserver.
Il a, à cette occasion, mis en exergue les rôles des zones humides dans la régulation des écosystèmes, le filtrage et la purification des eaux, l’alimentation de la nappe phréatique et l’amortissement de certains évènements extrêmes, notamment dans le cas des changements climatiques et des inondations. "Les zones humides permettent le maintien d’un équilibre écosystémique de manière générale, y compris l’aspect qualité de la vie, en humidifiant l’air, en maintenant les températures à des niveaux agréables et en abritant des algues constituant des réservoirs d’absorption de CO2", a expliqué M. Lhafi.
La journée mondiale des zones humides est, d’après le responsable, l’occasion d’évaluer le travail du Haut-commissariat et ses acquis en termes de préservation des zones humides, afin de situer le Maroc par rapport à la thématique globale choisie à l’échelle mondiale. A cet effet, il a rappelé que le HCEFLCD accorde, dans le cadre de sa stratégie de développement global 2015-2024, un intérêt particulier aux zones humides et compte inscrire 30 zones supplémentaires comme zones humides d’importance internationale.
Outre l’extension des villes, les zones humides font face à d’autres menaces, notamment les pratiques agricoles drainant les sols et la surexploitation, a-t-il déploré. A cette fin, le HCEFLCD a adopté des plans de révision et d’aménagement, ainsi que des stratégies pour préserver les zones humides naturelles (lacs, cours d’eau, étangs …), et les zones humides artificielles (barrages), a précisé M. Lhafi.
"Afin de préserver au mieux ces zones, il ne s’agit pas uniquement de déclarer une zone humide d’intérêt international, mais aussi de comprendre ce qu’elle recèle et ses fragilités pour prendre les mesures nécessaires de réhabilitation", a-t-il conclu.
Le 08 Janvier 2019
Source web Par Maroc-Diplomatique
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