Délimitations des espaces maritimes de la façade atlantique : Voici pourquoi l’enjeu est important pour le Maroc

Le Maroc et l’Espagne comptent réactiver le groupe de travail sur la délimitation des espaces maritimes de la façade atlantique, comme précisé dans la déclaration conjointe adoptée au terme des discussions approfondies entre Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez. De quoi s’agit-il exactement et quels sont les enjeux stratégiques afférents à cette délimitation.
La coopération économique entre le Maroc et l’Espagne semble très prometteuse dans cette phase de normalisation rendue possible par la décision espagnole de soutenir le Plan d'autonomie proposé par Rabat. Les espaces maritimes doivent devenir des atouts et non des obstacles à cette coopération. Pour y arriver, la transparence dans les négociations et le respect mutuel doivent être la norme, comme stipulé dans la Déclaration conjointe adoptée au terme des discussions approfondies entre Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez.
Délimitation des espaces maritimes dans la façade atlantique : vers la réalisation d’avancées concrètes
Le Maroc et l'Espagne comptent réactiver le groupe de travail sur la délimitation des espaces maritimes de la façade atlantique, comme précisé dans leur déclaration conjointe. L’objectif de ce groupe de travail étant «de réaliser des avancées concrètes».
«Ce groupe de travail a été créé en 2001 et sa première réunion a eu lieu en 2005. En 2020, et pour rappel, le Maroc avait promulgué les lois établissant sa souveraineté sur l'ensemble de son domaine maritime», indique au «Matin» le professeur de relations internationales au Collège de sécurité et d’études globales de l'Université américaine des Émirats arabes unis (AUE) à Dubaï, Mohamed Badine El Yattioui.
«Le chevauchement des zones maritimes doit être résolu conformément au droit international. Le chevauchement entre le plateau continental étendu des îles Canaries et celui du Maroc fait que ce dernier, comme tout signataire de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), peut effectuer l'expansion du plateau continental au-delà de 200 milles en suivant l'article 76 de ce texte international», nous explique M. Badine El Yattioui.
«Comme on le voit, entre l'Espagne et le Maroc, il existe de nombreuses variables qui rendent très difficile à analyser et à résoudre la question de l'espace maritime. Ce groupe de travail est donc plus que nécessaire. Le Maroc a une géographie unique et a un besoin de règles juridiques internationales stables et protectrices. Les différents projets sur la façade atlantique comme la construction du port de Dakhla font que le Royaume se doit de se doter d'instruments juridiques lui permettant de défendre ses intérêts», affirme le professeur des relations internationales.
«En 2007, le Maroc a ratifié la Convention de Montego Bay sur le droit de la mer. Le principe d´effectivité permet au Maroc de définir une Zone économique exclusive (ZEE) dans les eaux territoriales des Provinces du Sud. Largement usité par le droit international, il permettrait à l’Accord de pêche signé avec l’Union européenne d’y trouver un terrain d’application. Le Maroc bénéficie, en vertu de la Convention de Montego Bay, en tant qu’État côtier, du droit d’exploration et d’exploitation des ressources non biologiques (minérales et énergétiques) du sol et du sous-sol des espaces maritimes sous sa juridiction. Et ce dans la ZEE comme dans le plateau continental», nous explique toujours le professeur Badine El Yattioui, précisant que «la question économique et les enjeux sécuritaires sont liés et constituent un élément majeur pour la souveraineté marocaine. Le Royaume considérant que son développement économique dépend de la sécurisation de ses côtes, notamment atlantiques. De plus, son “identité stratégique” fait qu’il a besoin d’avoir le plein exercice de sa souveraineté sur ses côtes atlantiques».
Et de rappeler que «l’origine de ce différend entre les deux pays daterait du Décret royal espagnol de 1978, instituant une ZEE au large des côtes canariennes tout en qualifiant ces îles d’“archipel”». Toutefois, souligne le professeur, «le droit international ne permet pas de désigner cet ensemble comme un archipel qui est identifié comme un ensemble d’îles qui forment un tout géographique, économique et politique ou qui sont historiquement considérées comme tel».
«Le Maroc tient donc à ce que la délimitation soit opérée sur la base d'un accord mutuel dans le cadre du respect de la Convention des Nations unies sur la mer», dit M. Badine El Yattioui.
Le 12/04/2022
Source web par : le matin
Les tags en relation
Les articles en relation

Tourisme au Maroc : record de 7,2 millions d’arrivées en 2025
Le Maroc a franchi un nouveau cap touristique avec 7,2 millions d’arrivées enregistrées entre janvier et mai 2025, selon le ministère du Tourisme. Ce chiff...

Sommet UA-UE: la présence du roi à Abidjan isole le Polisario en Afrique
La présence du roi à Abidjan, porteuse de plusieurs messages, a complètement brouillé les cartes des ennemis du royaume et de son intégrité territoriale. ...

Maroc : tourisme et inclusion via le Mondial 2030
Le Maroc se prépare à faire de la Coupe du Monde 2030 bien plus qu’un événement sportif. Selon Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocain...

Maroc : le roi Mohammed VI positif au Covid, sous forme asymptomatique
Le médecin personnel du souverain a indiqué avoir prescrit quelques jours de repos. Le roi du Maroc Mohammed VI a contracté le Covid-19, sous une forme as...

Diplomatie Le Gouvernement marocain décide de suspendre tout contact avec les institutions europée
Tout contact est suspendu à l'exception des échanges au sujet du recours relatif à l'accord agricole. Le Conseil du gouvernement a écouté un exp...

Le gardien du patrimoine marocain s’en va
Science, littérature, religion : ancien conseiller royal, Abbès Jirari a, pour le moins, eu plusieurs cordes à son arc. Avec son décès, c’est une des plu...

Un record de près de 12 milliards de DH d’investissements privés approuvés
La Commission nationale des investissements, tenue le 24 mai à Rabat, sous la présidence du Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a retenu, entre autres, six...

#Maroc_Abdellatif_Jouahri : Jouahri appelle à une action diplomatique pour contrer les restrictions
Le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a tenu à saluer l’élan de solidarité dont a fait preuve la diaspora marocaine durant la pandémie du Covid-...

Le Maroc : Modèle de dialogue interculturel et de coexistence
La quatrième édition du Leaders Ftour Talk, tenue lundi soir à Rabat, a mis en lumière le rôle central du Maroc en tant que sentinelle des civilisations et...

Afrique : Les réélections de Muhammadu Buhari et Macky Sall, une aubaine pour le Maroc
Cette semaine, le Maroc a vu deux de ses alliés africains rempilés pour des seconds mandats à la tête de leurs pays respectifs. Les élections, dès le prem...

Réforme des Institutions pour les Marocains Résidant à l'Étranger : Un Nouveau Cadre de Gestion
À l’occasion du 49? anniversaire de la Marche verte, le roi Mohammed VI a annoncé une réforme stratégique dans la gestion des affaires des Marocains rési...

Abdelouafi Laftit supervise les préparatifs d'Agadir pour la Coupe du Monde 2030
Le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a présidé mercredi une réunion au siège de la Wilaya de la région Souss-Massa pour examiner l'état...