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Portrait-robot des mineures mariées au Maroc

Portrait-robot des mineures mariées au Maroc

Âge, situation familiale, éducation, santé… le détail d’une étude du parquet

Le parquet met le phénomène du mariage des mineures à la loupe. Le ministère public a dévoilé une étude sur la question avec comme objectif de comprendre les causes à l’origine des mariages précoces au pays. Les détails.

Le mariage des mineures résiste encore. En dépit des efforts menés par les pouvoirs publics, les demandes des autorisations pour le mariage des mineures continuent et peuvent même s’inscrire dans un trend haussier au cours de certaines années. C’est ce qui ressort de l’étude réalisée par le parquet. Dans les détails, l’étude reflète par rapport aux chiffres enregistrés depuis 2004 une tendance à la hausse d’une année à l’autre. Selon la même source, le mariage des mineures a atteint son apogée en 2011, avec un total de 39.031 mariages, soit 11,99% du total des actes de mariage conclus la même année. Cependant, la courbe a suivi par la suite un trend baissier, le pourcentage le plus bas ayant été enregistré en 2019 avec 20.738 mariages sur un total de 275.477 actes conclus. Ainsi, les mineures représentaient 7,53%.

Les responsables du ministère public ont réalisé une étude de terrain pour découvrir les véritables raisons à l’origine du phénomène, en s’appuyant sur les données statistiques de terrain auprès des personnes directement impliquées, à savoir les mineures mariées. La région d’Azilal a été choisie pour la réalisation de cette étude de terrain, où 2.300 filles ont été interrogées. Il s’agit de personnes qui ont fait l’objet entre 2015 et 2018 d’autorisation pour mariage de mineures. L’étude a pris en compte notamment leurs conditions sociales et économiques, le milieu dans lequel elles ont grandi, l’éducation reçue, l’activité professionnelle et le statut social. Selon l’étude, l’âge de la mineure avant le mariage a connu une augmentation significative par rapport aux années précédentes.

Les filles âgées de dix-sept ans représentaient plus de 1.843 mineures sur les 2.300 incluses dans l’étude, en revanche un cas avait moins de 15 ans et 13 autres étaient âgées entre 15 et 16 ans tandis que 443 étaient âgées entre 16 ans et 17 ans. Concernant la situation professionnelle avant le mariage, l’analyse des données montre que la plupart d’entre elles exercent des professions ou des activités principalement liées à la vie quotidienne de la famille comme l’agriculture maraîchère, l’élevage de petits troupeaux ainsi que des activités artisanales, notamment le tissage, qui se pratique généralement à la maison. Concernant la profession des pères des mineures mariées, l’analyse des données montre que les agriculteurs sont en pole position à hauteur de 38,91%. La deuxième position est occupée par les maçons avec un pourcentage de 16,82% puis les ouvriers qui représentent 15,27%.

Quant aux mères des mariées, la majorité sont des femmes au foyer, des paysannes, des travailleuses domestiques. Par ailleurs, l’étude démontre que les familles nombreuses sont celles qui enregistrent le plus grand nombre de cas de mariages de mineures. Concernant le niveau scolaire, la plupart des filles interrogées étaient issues de familles analphabètes. Le pourcentage d’analphabétisme était de 72% pour les pères et 94% pour les mères. À travers les données détaillées relatives au taux de scolarisation des mineures, il apparaît clairement que celles privées de leur droit naturel et constitutionnel à l’éducation sont les plus exposées au mariage précoce. Pas moins de 99,63% de mineures interrogées dans le cadre de l’étude ont quitté prématurément les bancs de l’école ou, pire, n’y ont jamais mis les pieds.

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Les responsables du ministère public ont réalisé une étude de terrain pour découvrir les véritables raisons à l’origine du phénomène. (D.R)

Un plan d’action

Face à cette situation, les autorités judicaires qui se trouvent en première ligne dans la lutte veulent réagir, d’où la réalisation de cette étude. Dans sa présentation, El Hassan Daki, procureur général du Roi près la Cour de cassation, président du ministère public, a expliqué que cette étude s’inscrit dans le cadre de la vision stratégique et globale de protection de la famille en général, et la protection de l’enfance en particulier. La même source précise que l’étude en question envisage également de proposer un plan d’action pour l’avenir du travail judiciaire d’une part, ainsi que des recommandations pour aider et guider tous les professionnels et les intervenants qui s’intéressent au sujet.

Le président du parquet explique par ailleurs que l’étude diagnostique peut constituer un document de référence qui enrichit la législation, consacrant ainsi l’engagement du pays pour le respect des droits de l’enfant ainsi que son rôle en tant que partenaire international fiable. Pour sa part, Giovanna Barberis, représentante de l’Unicef Maroc, a expliqué que «cette étude nous démontre qu’en plus des dimensions juridiques et judiciaires, les déterminants soutenant le maintien de cette pratique sont multiples. Pour cela, il est nécessaire de conjuguer les efforts des différentes parties prenantes. Il faut soutenir les lois et les politiques visant à mettre fin au mariage des enfants. L’engagement du gouvernement à adopter une loi est en particulier nécessaire pour aider à réduire la pratique sociale de ce mariage.

Cependant la réforme législative à elle seule n’est pas suffisante et ne doit pas créer des effets pervers qui endommageraient d’une autre manière les droits de l’enfant. Il est nécessaire de la soutenir par d’autres mesures, surtout la promotion auprès des familles d’attitudes positives et des mesures qui donnent aux adolescentes les moyens de vivre pleinement leur vie». Et de conclure: «Aujourd’hui encore, le taux spécifique de scolarisation chez les filles en milieu rural âgées de 15-17 ans est à peine de 39,2%. Les politiques de l’éducation et de la protection sociale doivent prioriser les enfants les plus vulnérables. L’éducation, ainsi que les opportunités économiques sont des outils les plus puissants pour retarder l’âge auquel les filles se marient et soutient le changement des normes sociales. Elle permet à la fille de développer son potentiel et de renforcer ses compétences de vie, de diminuer son isolement social et économique et de multiplier l’accessibilité aux alternatives au mariage. Les politiques de protection sociale doivent tenir compte de cette dimension».

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La majorité des filles interrogées dans le cadre de l’étude du parquet était issue de familles analphabètes. (D.R)

Groupe de travail

CNDH. Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) avait annoncé la création d’un «groupe de travail sur la proposition de révision du Code de la famille», chargé d’engager une réflexion et un débat pluraliste entre les différentes compétences nationales, dans la perspective d’élaborer un mémorandum présentant une vision globale pour réformer le Code de la famille et en pallier les vides juridiques.

A travers la création de ce groupe, qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie du Conseil fondée sur l’effectivité des droits, le CNDH entend soulever les problématiques liées aux dispositions du Code de la famille, en adoptant une approche des questions familiales, des droits des femmes et des enfants. Il s’agit, également, de formuler des propositions à même de renforcer l’effectivité des droits en ce qui concerne le Code de la famille ainsi que des lois connexes, et d’assurer la réalisation de l’égalité et de la non-discrimination, précise un communiqué du CNDH.

Mettant en avant l’action soutenue du Conseil pour «faire avancer les droits des femmes et des filles», la présidente du CNDH, Amina Bouayach, a noté que «depuis 2019, nous avons organisé une campagne nationale pour abolir la disposition légale du mariage des mineures», ajoutant que le Conseil a également présenté son avis concernant la loi, la procédure pénale et la procédure civile liées aux droits des femmes et des filles, et exposé les éléments problématiques liés au Code de la famille lors de l’Assemblée générale d’octobre dernier.

Indicateurs

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Apogée

Le mariage des mineures a atteint son apogée en 2011, avec un total de 39.031 mariages, soit 11,99% du total des actes de mariage conclus la même année.

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Niveau scolaire

Pas moins de 99,63% mineures interrogées dans le cadre de l’étude ont quitté prématurément les bancs de l’école ou, pire, n’y ont jamais mis les pieds.

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Milieu

Concernant la profession des pères des mineures mariées, l’analyse des données montre que les agriculteurs sont en pole position à hauteur de 38,91%.

Le 28/08/2023

Source web par : Aujourd’hui Le Maroc

www.darinfiane.com    www.cans-akkanaitsidi.net    www.chez-lahcen-maroc.com

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