Crise du Golfe : le Qatar a-t-il été piégé par les Emirats arabes unis ?

L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, lors d'un réunion du Conseil de coopération du Golfe à Bahreïn en décembre 2016. (Crédits : Reuters/Hamad I Mohammed)
Abou Dabi aurait piraté les réseaux sociaux et des sites de Doha, selon les renseignements américains, pour attribuer de fausses déclarations à l'émir du Qatar faisant l'éloge de l'Iran. Problème, ces déclarations sont en partie à l'origine de la crise diplomatique entre le Qatar d'un côté, l'Arabie saoudite et ses alliés de l'autre.
Les Emirats arabes unis seraient à l'origine d'une cyberattaque visant les réseaux sociaux et les sites du gouvernement qatari fin mai, assurent plusieurs membres des renseignements américains interrogés par le Washington Post. Ces plateformes ont affiché de fausses déclarations attribuées à l'émir qatari, cheikh Tamin ben Hamad Khalifa Al-Thani, dans lesquelles il faisait l'éloge du Hamas et surtout de l'Iran, l'ennemi juré des pays du Golfe.
L'opération s'est déroulée le 24 mai, soit peu de temps après la tournée du président américain Donald Trump dans les pays du Golfe. A cette occasion, l'Arabie saoudite et ses alliés n'ont pas manqué de rappeler qu'ils considéraient l'Iran comme un "facteur de déstabilisation" dans la région en raison de son "interventionnisme" dans plusieurs pays notamment la Syrie, l'Irak et le Yémen. Dans son discours à Riyad le 21 mai, Donald Trump a fait part du même diagnostic, appelant "toutes les nations de conscience" à "travailler ensemble pour isoler l'Iran".
Abou Dabi dément
Citant ces fausses déclarations de l'émir du Qatar, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte ont interdit les médias qataris, puis imposé des sanctions diplomatiques dès le 5 juin. Doha a déjà averti ses voisins que ses plateformes avaient été piratées. Les Qataris ont d'ailleurs ouvert une enquête, toujours en cours, et n'ont pour l'instant désigné aucun coupable. De son côté, Abou Dabi réfute toute tentative de cyberattaque suite à l'article du Washington Post.
Ces révélations surviennent alors que, depuis plusieurs mois, des e-mails hackés de l'ambassadeur des Emirats arabes unis à Washington et publiés par l'organisation pro-qatari GlobalLeaks, démontraient la détermination d'Abou Dabi de rallier les Etats-Unis à sa cause dans sa querelle avec Doha.
Les négociations au point mort
Pour rappel, les quatre pays qui ont imposé des sanctions au Qatar, l'accusant de financer le terrorisme, ont exigé de Doha il y deux semaines qu'il remplisse 13 conditions "non négociables" pour sortir de la crise. Il s'agissait notamment de ne plus soutenir des groupes"terroristes" et de fermer la chaîne de télévision Al-Jazeera. Ces conditions ont été rejetées par Doha, estimant qu'elles sont une attaque à sa souveraineté.
Face à cet enlisement, des pays tiers tentent de jouer les intermédiaires entre les parties. Le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, a effectué la semaine passée une tournée de quatre jours dans la région, marquée par la signature d'un accord entre les Etats-Unis et le Qatar visant à empêcher le financement du terrorisme. Ce week-end, le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a effectué une courte tournée dans le Golfe. En visite à Doha samedi, il a appelé à une "désescalade rapide" dans cette crise "qui ne profite à personne".
Le 18 Juillet 2017
SOURCE WEB Par La Tribune
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