Masen: Alerte sur l’endettement
Six ans après sa création, des résultats encore dans le rouge
Noor 1 devrait faire rentrer les premiers dividendes cette année
L’endettement frôle les 10 milliards de DH à fin 2015, en hausse de 141%!
En 2015, l’agence a réalisé de modestes performances commerciales: 6,7 millions de DH, en baisse de 11%. Ce chiffre devrait toutefois progresser en 2016 qui correspond à la première année d’entrée en opération de Noor 1, première centrale du programme solaire national (Ph. L’Economiste)
Dans le secteur marocain des énergies renouvelables, la Moroccan agency for sustainable energy (Masen) est devenue un mastodonte qui détient tout… et très peu à la fois. Et lorsqu’elle y arrivera, une bonne partie de ses ressources serviront au remboursement de ses dettes. Un scénario qui laisse une impression de déjà-vu chez les Etablissements et entreprises publics (EEP). A fin 2015, l’agence figure dans le top 3 des sociétés à capitaux publics ayant connu une aggravation de leur déficit. L’indicateur comptable est en effet passé de 75,6 millions de DH en 2014 à 347 millions de DH sur l’année prise en compte dans les documents du ministère des Finances relatifs au projet de loi de finances 2017.
Le résultat d’exploitation est également dans le rouge, avec un déficit de près de 460 millions de DH sur le même exercice. Devenue l’outil institutionnel central pour la mise en œuvre de la stratégie énergétique nationale, Masen cumule aussi un endettement forcé?- pour le financement de ses projets de production. Il faut noter, au passage, que la garantie de l’Etat sur laquelle s’adossent quasi-systématiquement ses levées de dettes privées, a souvent permis à l’agence de négocier des taux préférentiels avec ses principaux bailleurs. L’ardoise de l’agence totalise, à fin 2015 toujours, une dette de financement de 9,7 milliards de DH. Ce chiffre s’est accentué de 141% par rapport à 2014. Contacté par L’Economiste, le management de l’agence n’avait pas encore apporté de données explicatives à l’heure où nous mettions sous presse.
Une situation qui peut paraître «normale», au vu du facteur extrêmement capitalistique des initiatives lancées jusque-là par le Royaume pour concrétiser ses grandes ambitions dans le secteur des énergies vertes, en l’occurrence le solaire. C’est du moins ce que pensent les observateurs du secteur. A l’horizon 2030, l’objectif vise justement à porter la part des énergies renouvelables à hauteur de 35% dans la capacité de production électrique nationale. Ce qui correspondra à une capacité additionnelle de production de 10.000 MW (4.500 MW sur le solaire, 4.200 MW d’éolien et 1.300 MW d’hydro-électricité). Le transfert des actifs et des projets détenus par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) ou en cours de développement -suite à la réorganisation institutionnelle du secteur- est déjà enclenché.
Les deux entités ont jusqu’en 2021 pour boucler ce processus qui devrait évidemment élargir le périmètre de consolidation des actifs de l’agence. A fin 2015, ces actifs sont estimés à 12 milliards de DH, avec des fonds propres qui frôlent les 2 milliards. Masen gagne de l’argent à partir de ses participations (25%) dans les sociétés de projet créées pour chacune des centrales mises en service jusque-là, via sa filiale Masen Capital.
Par ailleurs, qui dit portefeuille important, dit efforts d’investissement soutenus. Pour le seul segment du solaire, ce sont 70 milliards de DH qui devront être trouvés pour réaliser les objectifs de 2.000 MW en 2020. Pour ce faire, l’agence ose les dernières nouveautés en la matière. Pour cette année, elle table sur un budget d’investissement prévisionnel dépassant de peu le milliard de dirhams. Ce montant ne prend toutefois pas en compte les investissements liés au développement des projets, financés essentiellement par les partenaires privés.
Face à ses nombreux chantiers, Masen mise sur la diversification de ses métiers en se projetant sur des créneaux et services porteurs, qui pourraient constituer des relais de croissance. C’est ce qui justifie, par exemple, son partenariat avec l’industriel français Alcen et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) dans la technologie thermo-solaire dite de Fresnel. Le montage retenu a permis la création d’une «société mère», détenue à 50% par Masen, autour des deux filiales, Alsolen et Alsolen Sup. L’agence se projette, à terme, sur un investissement de plus de 2 milliards de DH dans cette affaire, le développement à l’international, en Afrique plus particulièrement, étant parmi ses objectifs stratégiques.
De l’éco-friendly pour réinjecter du cash
Pour assouvir ses besoins en financement et soutenir son développement, Masen a réussi à lever un premier green bond d’1 milliard de DH dans des conditions qu’elle juge «optimales». Dans la liste des souscripteurs, l’on retrouve Al Barid Bank, Attijariwafa Bank, la Caisse marocaine des retraites et la Société centrale de réassurance. La garantie d’Etat est assujettie à l’opération, à l’instar des emprunts classiques. Les capitaux levés serviront à financer les projets de centrales photovoltaïques de Noor Laayoune et Noor Boujdour. L’opération permettra aussi de réinjecter du cash dans les fonds propres de l’agence.
Le 01 Février 2017
SOURCE WEB Par Article19
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